« Je lui dois beaucoup, sinon tout ». C’est ainsi, on le sait, que
Lacan, le 2 décembre 1975, répondait à Quine qui lui avait demandé ce
qu’il devait à Claude Lévi-Strauss.
Je reprendrai volontiers cette formule à mon compte, et à l’adresse
de Bernard Toboul. Je lui dois en particulier de m’avoir mis au travail
sur un thème à propos duquel je n’ai pas de compétence particulière, et
de m’avoir ainsi donné l’occasion autant de travailler que de m’inquiéter, ce qui, comme on peut en convenir aisément, est beaucoup.
Non seulement je n’ai pas de compétence particulière, mais d’autres, nombreux, en ont. En effet, le thème qu’il s’agit pour moi de
développer, les relations Lévi-Strauss – Freud et Lacan – Lévi-Strauss,
a fait déjà l’objet d’un nombre considérable de commentaires et
d’écrits ; et ce chapitre ne suffirait probablement pas à en donner la
liste. Méritent pourtant une mention particulière deux ouvrages qui
portent explicitement sur ce point même : Alain Delrieu d’abord, qui a
publié aux éditions Anthropos, en 1999, un volume justement intitulé
Lévi-Strauss lecteur de Lacan ; Marcos Zafiropoulos, ensuite, qui a
publié aux PUF, il y a exactement 5 ans, en octobre 2003, Lacan et
Lévi-Strauss ou le retour à Freud, 1951-1957.
Comment procéder alors, quel fil suivre, sachant que nos trois
auteurs de référence, Freud, Lévi-Strauss et Lacan, ont produit une
œuvre considérable et en perpétuel mouvement, qu’ils ne cessent de se
croiser, de se répondre, de s’accorder et de se contredire …