Les disciplines qui traitent de l’humain, comme objet de science,
assoient leur objectivité sur le collectif. La psychanalyse n’étant pas invitée à leur concert, on lui concède, pour ce qui concerne le sujet, d’être à
son affaire. Pourtant, la lecture de Freud en dissuade. Le sujet n’appartient pas à son vocabulaire. Les jeux introspectifs et intersubjectifs sont
laissés aux psychologies de toutes sortes, suspectées, selon la formule de
Georges Canguilhem, de ne quitter la Faculté que pour se rendre complaisantes à la Police. L’inconscient freudien serait-il sans sujet, et, en
conséquence, la psychanalyse relèverait-elle des sciences humaines ?
La seconde moitié du XXe siècle ne pouvait se passer d’accorder au
sujet toute sa place. La philosophie existentialiste, de Heidegger à
Sartre, s’est voulue à la hauteur de cette exigence. La psychanalyse
penchait, alors, vers une version banale qui égalait le moi au sujet du
sens commun, celui que la critique philosophique avait depuis
Descartes déniaisé de ses certitudes, alors que le XXe siècle, exsangue,
constatait, dans ses ruines, la nocivité de ses entreprises.
Il s’imposait à la raison, comme un défi relevé par Lacan, d’oser la
thèse d’un sujet – de – l’inconscient. Défi à l’objectivisme scientiste,
aux philosophies de la conscience, pire encore, au bon sens que l’on ne
dérange pas impunément dans le site même de son assise.
Maintes fois, Lacan accordera que le sujet, comme inconscient, est
une contradiction in adject…