La critique de l'école est forte et constante en France, à la hauteur des espoirs mis par la société dans l'institution scolaire, considérée comme un instrument central de la lutte contre les inégalités sociales, et jouant un rôle sociopolitique majeur. Elle est aussi polyphonique, et n'est pas toujours loin de là, dans l'agenda social, centrée sur la question de la justice ; elle admet en effet bien d'autres thématiques, comme la laïcité, la violence ou les rythmes scolaires, au gré de l'agenda institutionnel et politique. Elle est également volontiers cacophonique : suivant les acteurs et les points de vue, on pourra argumenter aujourd'hui à la fois l'idée d'une baisse générale des compétences mais aussi d'une trop grande sévérité de leur évaluation ; celle d'un discrédit d'autorité mais aussi celle de l'obsolescence d'un modèle éducatif ou pédagogique trop vertical ou autoritaire.
Nous reviendrons d'abord sur cet ensemble parfois dissonant de critiques, en montrant qu'il est avant tout centré sur les fonctions d'instruction et de socialisation de l'école, avant de nous centrer sur un ensemble de critiques rendu aujourd'hui presque totalement aphone et qui témoigne de l'incapacité de relier la scolarisation à un projet de formation des individus. Cette conception, certes ancienne, voire antique, de l'éducation, puisque c'était celle de la Paideia grecque mais aussi du Bildungsroman, trouve également des échos chez Émile Durkheim lorsqu'il la définit comme l'acquisition de « l'ensemble des dispositions intellectuelles, morales, et affectives, requises par la société politique au sens larg…