L’imagination est une fonction psycho-mentale de représentations imagées, à dominante visuelle, qui s’active à partir de la perception empirique, qui la reproduit ou la modifie, l’appauvrit ou l’enrichit, jusqu’à la remplacer dans la fiction, le rêve, le délire, etc., tout en mettant en jeu la plupart du temps les connexions logiques supérieures (langage, relations logico-grammaticales). Comme la perception et l’intellect, elle repose aussi sur les substrats biophysiques du cerveau qui en font une activité incarnée. Ceux-ci ont souvent été majorés (dans les thèses matérialistes antiques ou du début de la modernité) ou carrément oubliés ou niés (dans une tradition idéaliste ou spiritualiste). Néanmoins, sa conscience, son vécu émotionnel et affectif, ses effets psychiques, son efficience performative (réaliser l’image pour l’artiste), la dotent d’une consistance propre, d’une dynamique endogène, auto-poïétique, renvoyant à un plan psycho-cognitif irréductible. Cette tension entre plusieurs approches de l’imagination est source de problématiques conflictuelles dans l’histoire de la psychologie et de la philosophie occidentales.
Si l’imagination dérive de contenus externes, tout en elle est-il cependant d’origine adventice ? Si l’imagination se déploie comme monde psychique personnel, n’est-elle pas en même temps conditionnée ou contrainte ou influencée par des états du corps ? La problématique récurrente durant des siècles a consisté à déterminer la part d’autonomie et d’hétéronomie de l’imagination par rapport à ces instance…