Merci, André Green, vous avez su être pour moi, au moment opportun, un interlocuteur, dans le transfert et au-delà, l’ « image du père », pas seulement celui de Totem et tabou, ou le père œdipien, mais cette fonction qui leur fait suite (comme le Surmoi culturel civilisé succède au Surmoi individuel), ce que Freud désigne dans Psychologie des masses et analyse du Moi (1921) quelque peu énigmatiquement, à propos de la figure du père idéal, comme le « sujet du Moi » (Subjeckt… das Ich), cet autre semblable lui aussi « sujet » dans son for intérieur – ce qui fait penser à E. Lévinas lorsque celui-ci évoque « ce visage singulier, unique, pourtant inconnu, que je croise, qui m’appelle et me constitue comme responsable de lui ».Involution ou évolution de la fonction paternelle ? Le goût du pathos dit « catastrophe d’une involution », la lâcheté d’un trop prompt compromis avec l’époque dit « évolution » ! Je cherche une ligne médiane. Comme les organisateurs de ce colloque, où une conjuration fraternelle d’égaux (dix minutes chacun), à l’ombre d’un père attentif, cherche, par des entrées plurielles, ce que seront les pères de demain, à l’écoute de nos analysants, les pères d’aujourd’hui. Lors d’une discussion avec M. Godelier (2005) sur l’exemple des Na, société tibéto-birmane de Chine où frères et sœurs élèvent ensemble les enfants, alors que les pères sont inconnus dans la parenté et dans la parentalité, j’en vins à lui opposer que le complexe d’Œdipe n’y était certes pas nucléaire, mais que l’on devait supposer que chacun « savait » qu’un enfant était issu d’une scène sexuelle élémentaire entre une femme et un homme, que tel enfant était issu de la rencontre de la mère avec cet homme singulier-là, même si les concepts de père et de géniteur n’existaient pas…