Présenter le catholicisme intransigeant et le catholicisme libéral revient à aborder deux réponses au processus de sécularisation – multiforme et complexe puisqu’il touche selon des temporalités variées les institutions, les savoirs ou les comportements. Trois remarques préalables s’imposent à propos du débat qui naît de la confrontation de ces deux sensibilités au siècle :
– il n’affecte pas, du moins directement, le catholicisme tel qu’il est vécu par le plus grand nombre : il mobilise d’abord les élites catholiques, laïques et cléricales ;
– ce débat n’est pas spécifiquement français, mais il y a bien une spécificité française qui le colore singulièrement dans un pays marqué, au début de la période, par la Révolution et, à la fin de cette période, par l’affirmation de la laïcité ;
– les dénominations « catholiques libéraux » et « intransigeants » sont rarement revendiquées par les acteurs. De plus, si elles correspondent bien à des sensibilités différentes, il faut signaler d’entrée qu’il existe entre elles une solidarité, un commerce et, surtout, des nuances au sein de chacune d’elles.
On les présentera d’abord successivement. Cette présentation, assez classique, devra dans un second temps être précisée par une approche plus dialectique.
On peut considérer que l’intransigeance catholique naît officiellement avec le retentissement du Syllabus de 1864, catalogue d’erreurs qui accompagne l’encyclique Quanta cura, dont il faut retenir la dernière et célèbre proposition condamnée : « Le Pontife Romain peut et doit se réconcilier et transiger avec le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne »…