Nés la plupart du temps dans l’entre-deux-guerres, les mouvements nationalistes ont été encouragés par la Seconde Guerre mondiale. La débâcle française de la « drôle de guerre » les a stimulés, ainsi que le renforcement du principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, diffusé par les Américains après leur débarquement en Afrique du Nord et inscrit dans la charte de l’Atlantique, puis dans celle des Nations unies. La lutte pour la liberté, par ailleurs, a justifié le combat contre le nazisme, auquel les troupes coloniales ont participé, et certains territoires, occupés par l’ennemi allemand ou japonais, ont été coupés de la France. Dans ce contexte, en 1945, les revendications anticoloniales s’affirment, gagnent en audience et essaiment outre-mer.
Le 2 septembre 1945, le Viêt-minh proclame ainsi la République démocratique du Viêt-nam et, tandis que la guerre s’y installe, partout ailleurs des organisations combattant le statu quo colonial se forment, croissent et se multiplient : parti de l’Istiqlal marocain, Néo-Destour et Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) et Union démocratique du manifeste algérien (UDMA), Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM), Rassemblement démocratique africain (RDA), Union des populations camerounaises (UPC) …
Neuf ans après, alors que la guerre éteinte dans l’ancienne Indochine se rallume en Algérie, les populations colonisées se sont elles-mêmes soulevées dans le Nord-Constantinois, au Cameroun, à Madagascar, en Côte d’Ivoire, dans le Cap Bon tunisien et à Casablanca…