De toutes les colonies françaises, l'Algérie fut, avec l'AOF, celle qui fournit le plus de ressources matérielles et humaines à la France engagée dans la « Grande Guerre ». Au Maghreb, c'est à l'Algérie que fut demandé l'effort le plus important ; elle qui fournit la majeure partie des capitaux, la plus grande partie des denrées importées (vin, tabac, blés…), près des deux tiers des hommes pour le front, et 80 % des travailleurs d'usine.
De 1914 à 1918, les commissions d'achat de l'intendance militaire recoururent aux réquisitions ou eurent le quasi-monopole de l'achat des denrées – céréales, vin, tabac, moutons – à des conditions avantageuses : l'Algérie contribua à nourrir la France à bon compte. Du fait de la guerre, les produits miniers et autres pondéreux eurent la portion congrue : la crise des transports maritimes en entrava l'exportation.
Les prélèvements raréfièrent la main-d'œuvre, la production baissa en raison des sécheresses de printemps. La récolte catastrophique de 1917, au paroxysme des réquisitions des denrées vivrières, entraîna la famine de 1917-1918 dans le centre-est du pays. Celle de 1920, plus effroyable encore, fit plusieurs dizaines de milliers de victimes. La céréaliculture fut irrémédiablement touchée, l'élevage se dégrada rapidement. Seuls le tabac et, surtout, le vin, dont les prix augmentèrent substantiellement, s'en tirèrent bien. La guerre de 1914-1918 vit le boom du vin, désormais moteur dans la vie économique de l'Algérie.
Dans le contexte de crise des relations maritimes qui raréfia les produits fabriqués importés, il se trouva à la Chambre de commerce d'Alger des responsables économiques pour préconiser l'industrialisation de l'Algérie – un vaste programme fut élaboré dans ce sens par le rapport Laboubée de 1917. Les rares créations, entreprises par quelques capitalistes français, sombrèrent toutefois dès la fin du contexte exceptionnel de guerre, notamment des hauts fourneaux édifiés à Bône (Annaba) qui furent démontés dès la fin du conflit…