Le culte des ancêtres est perçu, durant les XVIIe-XVIIIe siècles, comme une forme de croyance superstitieuse par l’Église catholique, alors que les missionnaires jésuites les plus représentatifs tels que Matteo Ricci (en Chine) et Alexandre de Rhodes (au Vietnam) y accordaient une attention particulière. Le présent travail porte sur deux œuvres de ce dernier Histoire du royaume du Tonkin et Divers voyages et Missions. Notre étude consiste à faire des analyses, des synthèses et des comparaisons afin d’évaluer ces documents qui abordent le culte des ancêtres chez les Vietnamiens. Nous situerons ces ouvrages dans le contexte vietnamien de l’évangélisation aux XVIIe-XVIIIe siècles pour mieux appréhender les contributions du travail d’Alexandre de Rhodes et la valeur de ses œuvres.Premièrement, sur la complexité du culte des ancêtres : le culte des ancêtres constituait une pierre d’achoppement de taille pour l’Église catholique, l’empêchant de s’adapter aux religions et croyances existantes des sociétés locales qu’elle voulait évangéliser, y compris le Vietnam. La question était tellement compliquée qu’elle a donné lieu à de longs et orageux débats durant les XVIIe-XVIIIe siècles, attirant ainsi l’attention de dix papes. Le premier débat en la matière a eu lieu en Chine, d’où le nom de « Rituels chinois ».
Imbue de la théologie chrétienne, l’Église interdisait le culte des ancêtres, le qualifiant de superstitieux. Les Jésuites témoignaient pourtant de leur grande attention à la question de ce culte…