Comme les musiciens d’un orchestre, il est nécessaire pour les enfants de s’accorder sur un même tempo pour jouer ensemble. Cet accordage, qui paraît évident pour des enfants tout-venant, est le fruit d’un développement intrapsychique et interpersonnel, dont les processus peuvent être impactés par le handicap.
Psychologues cliniciennes en camsp, et pour l’une de nous en crèche, et ayant toutes les deux participé à la recherche epil, nous proposons ici une réflexion sur la temporalité des interactions entre enfants lorsque le handicap est présent, que ce soit en lieu d’inclusion ou en centre de soins.
Après avoir abordé la construction de l’organisation temporelle du bébé, nous évoquerons le développement des interactions entre jeunes enfants, avant de nous centrer sur la temporalité des interactions sociales chez les jeunes enfants en situation de handicap, sous un angle théorique puis clinique.
La perception du temps est une construction psychique qui ne peut se développer que dans la relation à l’autre, « à la fois à partir d’une continuité dans le déroulement des expériences et des interactions, mais également à partir de la perception d’une discontinuité et de changements ou de microruptures » (Coster, Wolfs et Courtois, 2007, p. 53).
Cette construction prend sa source dans la période anté-natale, durant laquelle le fœtus est baigné par les bruits corporels rythmiques du corps de sa mère, qui sont eux-mêmes en lien avec l’état émotionnel de celle-ci : le battement du cœur, la pulsation du sang dans les veines, le rythme cadencé de la respiration et les borborygmes intestinaux…