1En choisissant, comme support de notre projet collectif, une date, 1989, nous nous retournions sur l’histoire. En désignant le hors-champ de l’architecture officielle, et initialement l’entour des grands travaux français, nous nous en accommodions. L’histoire oblige à revenir cognitivement, à assurer un mouvement de conscience de tous ses faits dont nous prétendions un peu éviter les plus marquants. Nous ne débattrons pas ici de la valeur historienne des faits, qu’ils soient événements ou prétendus tels, mais de faits passés que le présent pourrait effacer s’il n’y revenait plus. Il s’agit donc de re-venir, re-garder à l’esprit des mouvements et moments qui, sans être monumentaux, n’en sont pas moins consistants.
2Ayant en tête une politique culturelle renforcée par la plus longue présidence de la Ve République, nous nous préparions à « tourner » autour, à contourner la détermination d’un président qui entendait convoquer l’histoire, vraisemblablement pour y persister comme personnage et certainement pour y imprimer le rôle de la France. Les hommes politiques sont pris par l’histoire, dont l’architecture est un bon argument. Peu soutenable en 1989 — la question écologique est un peu en suspens dans les années 1980, elle retrouvera son intensité un peu plus tard —, solide et s’inscrivant dans des territoires en changement, l’architecture dure, persiste, forcément plus qu’un mandat, même doublement de sept ans.
3Contribution à notre culture architecturale, ce volume de notre collection dit deux de ses enjeux fondamentaux : habiter et disposer, et surtout, pour ce faire, qu’il faut projeter et concevoir des lieux et des bâtiments. Il s’y dit aussi que cette commande-projection-conception est également une permanente négociation entre les acteurs, qu’ils soient commanditaires, prospecteurs, concepteurs et même de futurs usagers.
4L’architecture est une fameuse contribution aux formes urbaines, au besoin d’espaces de vie, aux conditions d’existence, en somme, aux dispositions publiques et privées. Possiblement artistique, l’architecture est une affaire politique. Celles et ceux qui convoitent l’histoire la commanditent, en sollicitent les dispositions, s’inquiètent de ses périphéries, voire de celles et ceux qui peinent à s’y loger.
5Pour les postiers, pour Paris, pour les banlieues, pour les gens, prospectant en Europe, se recherchant en Algérie, se mobilisant en Inde, l’architecture et ses architectes répondent au politique, sans doute, répondent du politique, s’y associant comme à Rezé, s’y compliquant, s’y proposant et s’y heurtant, par ailleurs. Dans les analyses qui suivent, cet ouvrage dit et redit les soins que nécessite toute action architecturale, qu’elle soit de commande, de conception et de réalisation.
6Pour cet ensemble, je remercie à nouveau ses contributeurs et particulièrement Sabri Bendimérad qui a su le coordonner, ainsi que notre établissement qui a soutenu le projet collectif de notre unité de recherche.