Au cours des années 1980, la situation économique de la France ne s’améliore pas, le nombre des chômeurs ne cesse d’augmenter, les dépenses sociales continuent de croître et, suite aux divers plans de financement, le niveau des cotisations sociales augmente. L’interprétation de la crise de la Sécurité sociale va alors prendre de l’ampleur et souligner la dimension économique des problèmes. Autrefois pilier de la croissance économique, la Sécurité sociale semble devenir un frein à la croissance économique, en particulier du fait de son mode de financement, les cotisations sociales, dont le poids est censé grever la compétitivité des entreprises et empêcher l’embauche des salariés les moins qualifiés.
Dès lors, la baisse des « charges sociales » va devenir un objectif central des politiques d’emploi en France au cours des années 1990. Cette nouvelle perspective amène à transformer le mode de financement de la protection sociale. Ce changement sera très progressif. Il va d’abord passer par une remise en cause de la légitimité du financement par cotisations sociales, remise en cause véhiculée par les politiques de baisse des « charges sociales ». Celles-ci seront d’abord très ciblées avant de toucher l’ensemble des bas salaires. Ces politiques vont s’accompagner de l’introduction progressive de nouvelles ressources fiscales au sein du système de protection sociale, suffisamment faibles pour être acceptables. Entre 1993 (lancement d’une politique de baisse des « charges » de grande ampleur) et 1995 (lancement d’un programme de montée en puissance de l…