Pour qui visite l’appartement de Freud dans la Berggasse, ce qui frappe la mémoire, ce sont les articles féroces de la presse sur les murs, datant des décennies successives du début du xxe siècle.
La fragilité de la survie est là. Mais derrière cette façade de fragilité, il y a l’arrière-plan de la férocité chez ceux qui font pression sur le pouvoir pour obtenir l’interdit sur la psychanalyse. Parmi ceux-ci, l’un des plus redoutables est alors Wilhelm Schmidt.
Ce religieux aurait eu un privilège : l’accès au vestibule du pouvoir – celui du chancelier Dollfuss, qui mène une difficile et double politique. D’un côté, la répression du Parti social-démocrate en 1927 par Mgr Seipel est maintenue. De l’autre, sous son successeur Dollfuss, l’interdiction du Parti nazi est prononcée en 1933 ; et à nouveau éclate le conflit avec la social-démocratie en février 1934 ; puis la tentative manquée de putsch nazi culmine avec l’assassinat de Dollfuss, en juillet 1934.
Mais qui est Wilhelm Schmidt ? Il est l’initiateur d’une école d’anthropologie culturelle. Sa doctrine est celle des « aires culturelles », tracées comme des cercles concentriques dont le plus éloigné, le plus périphérique, est constitué par ce que nous appellerons les « extrémités du monde habité », soit : les Boshiman de Namibie ; les Pygmées du Congo ; les habitants des îles Andaman dans l’océan Indien, au sud de l’Inde ; les Aborigènes de l’Australie du Sud-Est, qui seraient les premiers venus dans la grande île e…