La première conceptualisation du Double est faite par Otto Rank dans son livre Le Double paru en 1924, mais élaboré dans les années 1914-1915. Il y analyse la thématique du Double dans les œuvres littéraires et cinématographiques; c’est le film l’Etudiant de Prague de H.H. Ewer qui l’incite à travailler ce thème dans différents aspects tels le sosie, le jumeau, l’ombre, le reflet, l’âme, le diable...
Rank, par sa culture particulièrement vaste, va montrer l’universalité du Double de par son lien avec la mort. Il y voit de tout temps une élaboration défensive contre la destruction dont le Moi est menacé, comme un «démenti énergique de la puissance de la mort».
Par les multiples figures du «Doppelgänger» (celui qui marche à côté), l’homme tente d’éloigner le spectre de la mort.
Freud reprend la notion de Double au moment où il élabore certains concepts-clés de la théorie analytique, tels le narcissisme, l’identification primaire, la répétition et la pulsion de mort.
Il voit dans le Double l’illustration d’une étape cruciale de la séparation d’avec la mère, et de l’organisation du narcissisme chez l’enfant. Il met en évidence l’ambivalence fondamentale du ouble, en tant que défense contre l’anéantissement et en tant que son contraire, une présentification de l’imminence de la mort.
À la suite de Freud, plusieurs avancées conceptuelles sur le développement psychique de l’enfant (Wallon, Klein), sur l’importance de l’identification à l’image spéculaire (Lacan), sur l’espace et les objets transitionnels (Winnicott), amèneront un éclairage supplémentaire sur le Double…