Il n’est pas de bon ton aujourd’hui de soulever la question de la nature de l’homme. Non pas qu’on ait trouvé la réponse mais plutôt parce qu’on l’a radicalement écartée. Foucault (1966) lui a fait un sort dans la conclusion de son ouvrage Les Mots et les choses. Partageant l’irritation ambiante, il a rangé cette question au magasin des accessoires et des problématiques désuètes.
C’est en partie l’effet des connaissances acquises. Nous savons les continuités évolutives qui nous rattachent aux lignées animales, nous savons la similitude des processus génétiques ou hormonaux qui nous relient aux autres espèces ; surtout, nous ne nous imaginons plus être créés à part selon la volonté ou le désir d’une divinité qui nous aurait faits à son image.
Être homme, c’est donc, aujourd’hui, se situer seulement dans l’ordre des vivants, rattaché à lui par toutes nos fibres et seulement distinct par certains caractères énonçables, comme la station redressée ou la taille du cerveau. Même si nous sommes d’une plus grande complexité, nous n’aurions pas de nature particulière.
C’est sur de telles prémisses que sont actuellement envisagés et analysés les fondements de notre existence : la naissance, la parenté et le développement de l’enfant. De ce fait, il est loisible à chacun d’affirmer ce que bon lui semble car toutes les opinions sont bonnes ; il leur suffit de paraître vraisemblables, de plaire et d’être acceptées puisqu’il n’y aurait ni nature ni raison d’être particulières de l’homme…