La folie ordinaire, qu’elle soit celle des femmes ou celle des hommes, échappe souvent au dispositif divan-fauteuil pour mieux se révéler dans les conduites sociales ou dans les consultations médicales, tant des généralistes que des spécialistes. Prise dans les labyrinthes tortueux d’énoncés paradoxaux, la folie ordinaire avance à bas bruit dans des réalités manifestes ou fantasmatiques qui, tout en coexistant, se combinent de façon parfois périlleuse mais « tenue », tant qu’elles ne s’ignorent pas radicalement les unes et les autres et mènent alors aux risques dommageables de rupture ou d’implosion. La psychopathologie de la vie quotidienne est ainsi parsemée de moments potentiellement disruptifs dont les charges pulsionnelles restent contenues et récupérées dans l’économie globale qui garde son équilibre, sans que le point de bascule dans la pathologie avérée soit atteint. C’est dans ces aléas de la vie que les voies d’expression de leur résolution peuvent venir emprunter les frayages du corps. De quel corps s’agit-il ? Comment jouent liaison et déliaison au sexuel ? Que penser de l’inclination féminine à porter les avatars de la psychosexualité sur la scène corporelle ? Le modèle de la conversion suffit-il à rendre compte des (micro) pathologies de la vie ordinaire féminine ?
« Il y a une grande différence entre l’homme et la femme », disait un vieux professeur de philosophie qui ajoutait : « C’est déjà vrai dans le cas de l’homme mais, c’est encore plus vrai dans le cas de la femme…