Ma réflexion a pris forme à partir des questions cliniques que je me suis posées à la suite de mon expérience avec des femmes qui sont venues à un travail analytique dans l’après-coup d’une intervention médicale causée par un cancer des organes sexuels féminins : soit ovaires, soit utérus.
La traversée de certaines maladies somatiques amène le sujet à une expérience de débordement psychique, provoquant un risque d’effondrement. Cette remarque nous rend attentifs aux mouvements psychiques mis en œuvre lorsque l’enveloppe corporelle se défait. Lorsque l’étrangeté du corps vient dévoiler l’intime.
À partir de mon expérience clinique avec des femmes ayant vécu une intervention médicale causée par un cancer des organes féminins, j’ajouterai à cette atteinte narcissique une autre forme d’atteinte. Tout se passe comme si les traitements lourds et parfois mutilants vécus par ces patientes les confrontaient à leur angoisse de mort mais aussi à des attaques sur leur identité sexuelle et leur fonctionnement sexuel. Une de mes patientes après avoir eu une hystérectomie me disait : « C’est fait. Ils m’ont tout retiré. Je n’ai plus rien à l’intérieur. » Comme si à cela venait s’ajouter une autre question pour elle : Suis-je encore une femme ? Comme si à la menace de mort s’ajoutaient des sentiments de confusion entre son identité subjective et sexuelle, menaçant ainsi son identité féminine.
Cette expérience clinique m’a amenée à penser que ces cancers par leur radicalité viennent questionner les assises narcissiques mais aussi le processus complexe qui est la construction de la sexualité féminine…