« La pulsion créative peut être envisagée en elle-même ; bien entendu, elle est indispensable à l’artiste qui doit faire une œuvre d’art, mais elle est également présente en chacun de nous – bébé, enfant, adolescent, adulte ou vieillard – qui pose un regard sain sur tout ce qu’il voit ou qui fait volontairement quelque chose – qu’il s’agisse d’un barbouillage avec ses excréments ou de pleurs intentionnellement prolongés pour en savourer la musique. »D.W. Winnicott, Jeu et réalité. L’espace potentiel (1971)
Je voudrais inviter ici à considérer l’espace sonore comme un espace potentiel de créativité entre vie intérieure et réalité extérieure, dans lequel, s’il est suffisamment accueillant, l’enfant pourra poser sa trace sonore et entrer en relation avec celle de l’Autre.
Cet espace peut être imaginé comme un ensemble de strates qui se superposent.
L’environnement sonore public est de plus en plus pollué par des musiques de fond à vocation de remplissage et d’appel à consommer. Restaurants, magasins, parkings, ascenseurs diffusent en permanence un fond sonore. Le volume est trop faible s’il prenait l’envie à quelqu’un de l’écouter vraiment, mais suffisamment fort pour créer une première strate de décibels.
Malheureusement, il en est souvent de même dans les divers lieux d’accueil de l’enfant. On ne sait pas toujours très bien qui a choisi la musique, pire : une fois qu’elle est diffusée, plus personne ne pense à l’arrêter. L’enfant qui veut se faire entendre est obligé de s’exprimer à un niveau plus fort que la couche de musique de fond…