1 Constituant majeur de nos cellules et indispensable à toute forme de vie, l’eau nous accompagne dans nos gestes du quotidien (boisson, préparation des aliments, hygiène, nettoyage), dans nos activités de loisirs (piscines, baignades), de bien-être (thermoludisme), de santé (soins thermaux, dialyse), aussi bien que dans notre environnement professionnel (industriel, agricole, énergétique). Les ressources en eau sont en quantité limitée et leur qualité évolue parallèlement aux activités anthropiques. Les contaminations chimiques et/ou microbiologiques des eaux amènent à faire évoluer leurs techniques de traitement (aussi bien en termes de potabilisation des eaux naturelles que d’épuration des eaux usées), mais aussi à s’interroger sur notre rapport à l’eau. Après une présentation générale du cycle de l’eau et des ressources disponibles, ce chapitre se focalise sur les dangers microbiologiques et chimiques, et les risques associés pour deux types d’eau incontournables dans notre société : l’eau destinée à la consommation humaine (EDCH) et les eaux récréatives (eaux de baignades aménagées et eaux de piscines).
Objectifs du chapitre
- Connaître les dangers en lien avec les caractéristiques physico-chimiques et microbiologiques des eaux.
- Identifier les risques sanitaires liés à l’eau destinée à la consommation humaine (EDCH).
- Identifier les risques sanitaires liés aux eaux de loisirs (piscines, baignades aménagées).
- Comprendre les approches pour la gestion des risques sanitaires en lien avec les usages des eaux.
- Souligner les risques sanitaires associés aux comportements humains et à l’utilisation de nouveaux types d’eaux (réutilisation des eaux usées traitées, des eaux pluviales).
- Évoquer l’impact du changement climatique sur les ressources et le rapport à l’eau des citoyens.
24.1. Ressources et pollution des eaux
24.1.1. Cycle de l’eau
2 Sur Terre, l’eau est présente sous forme liquide au niveau des océans et des mers (eau de mer : 97 % du volume total), des cours d’eau, des lacs et des nappes souterraines (eau douce : 1 %), et aussi sous forme solide au niveau des glaciers et de la calotte polaire (glace : 2 %) ; l’ensemble constitue l’hydrosphère.
3 L’eau peut également se retrouver dans l’atmosphère sous forme gazeuse. Après évaporation, les eaux superficielles et essentiellement l’eau de mer alimentent le compartiment atmosphérique, puis reviennent à la surface terrestre via les précipitations (pluie, grêle, neige) ; la recharge des ressources en eaux douces continentales, souterraines et superficielles, se fait essentiellement par infiltration dans les sols et par ruissellement.
24.1.2. Pollution des ressources
4 Différentes formes de pollution affectent les ressources en eau. Elles peuvent être d’origine biologique, chimique, physique, radiologique ou thermique.
24.1.2.1. Pollution microbiologique des eaux
5 La pollution microbiologique des eaux est une problématique majeure. Les contaminants (bactéries, virus, parasites) sont très souvent d’origine fécale et proviennent de déjections animales et humaines ; la contamination est soit directe, soit via des eaux usées partiellement épurées avant leur rejet dans l’environnement. Les micro-organismes (opportunistes ou pathogènes) fréquemment retrouvés sont des bactéries entéropathogènes (Salmonella spp., Campylobacter spp., Shigella spp., Escherichia coli, Vibrio cholerae, etc.), des virus principalement du genre Enterovirus (poliovirus, coxsackievirus, echovirus), virus de l’hépatite A, coronavirus, rotavirus, calicivirus (norovirus, sapovirus). Ils sont à l’origine de gastro-entérites, d’hépatites ou de syndromes neuro-méningés. En général, les virus sont plus persistants dans le milieu et plus résistants aux traitements de désinfection que les bactéries. Des parasites peuvent aussi être retrouvés dans les eaux ; leurs kystes et oocytes sont aussi particulièrement résistants à certains agents désinfectants. Les parasites unicellulaires, tels que Giardia lamblia et Cryptosporidium parvum, ont été associés à plusieurs contaminations d’origine hydrique.
6 Les cyanobactéries (ou cyanophycées) se développent principalement en été, en présence de quantités importantes de nutriments, et selon les conditions, elles peuvent se multiplier rapidement. Ce phénomène, connu sous le terme d’efflorescence ou de bloom, est souvent à l’origine d’un changement de couleur du milieu aquatique, d’émanations d’odeurs nauséabondes et de la formation d’un film à la surface de l’eau. Certains de ces micro-organismes produisent des toxines, difficiles à éliminer, et qui peuvent être responsables d’intoxinations marquées par des effets hépatotoxiques et/ou neurotoxiques en cas d’ingestion.
24.1.2.2. Pollution chimique des eaux
7 La pollution chimique des eaux peut être d’origine géologique (pour l’arsenic, l’uranium, etc.) ou accidentelle (rejets accidentels), mais elle est le plus souvent diffuse et en lien avec une épuration inadaptée des eaux usées domestiques et industrielles.
24.1.2.3. Pollution thermique
8 La pollution thermique est la conséquence du déversement dans le milieu aquatique d’eaux de refroidissement, principalement lors de la production énergétique. L’élévation excessive de la température de l’eau fluviale, surtout en période de faible débit, peut modifier l’équilibre biologique des eaux et faciliter, par exemple, le développement d’amibes libres, pathogènes pour les baigneurs.
24.1.2.4. Pollution radioactive
9 La pollution radioactive peut être générée par des radionucléides émetteurs de rayonnement alpha (226Ra, 40K, 86Rn, 234 U, 238U), généralement d’origine naturelle, et éventuellement présents dans les eaux souterraines de zones géographiques déterminées (par exemple : zones granitiques pour le radon – 86Rn). Par ailleurs, les émetteurs bêta (3H, 12 wC, 137 Cs, 131I, 90 Sr) sont en général associés à des rejets liés aux activités humaines.
24.2. Expositions humaines et risques sanitaires d’origine hydrique
24.2.1. Voies et sources d’exposition
10 Les conditions de l’exposition humaine aux dangers d’origine hydrique dépendent des usages de l’eau. La voie d’exposition la plus fréquente est l’ingestion d’eau de boisson ou d’aliments contaminés. L’ingestion peut être involontaire lors de loisirs ou de sports aquatiques, ou lors d’activités professionnelles (traitement des eaux usées, épandage des boues résiduaires, entretien des égouts).
11 L’inhalation d’aérosols est surtout associée aux activités de loisirs (piscines, spas, baignades) ou de thermalisme, mais aussi au cadre domestique, hôtelier et hospitalier via les douches et à certains milieux professionnels mentionnés précédemment.
12 La voie cutanéo-muqueuse est aussi concernée, notamment pour les activités de loisirs (baignades, sports nautiques). Le contact de la muqueuse oculaire avec des amibes libres peut aussi survenir à la suite de lavage des lentilles cornéennes à l’eau du robinet (pratique déconseillée).
13 La voie très particulière constituée par l’accès parentéral (dialyse) a été associée à des intoxications historiques pour l’aluminium, plus récemment pour les chloramines et certaines cyanotoxines, ou des infections bactériennes (Pseudomonas spp., Aeromonas spp.).
24.2.2. Dangers hydriques et risques pour la santé humaine
24.2.2.1. Danger microbien
14 Le danger microbien est de loin le plus fréquent à l’échelle mondiale. Pour l’essentiel, il se manifeste à court terme et est d’origine fécale. Dans les pays développés, il survient le plus souvent dans des circonstances accidentelles, mais revêt un aspect permanent dans de nombreux pays en développement, principalement du fait de capacités limitées de potabilisation ou d’épuration appliquées aux eaux.
15 Dans les pays industrialisés, le risque hydrique microbien peut aussi être induit par les évolutions technologiques : des dispositifs techniques, de conception ou de maintenance insuffisants, peuvent favoriser la prolifération d’espèces hydriques potentiellement nocives (Legionella pneumophila, Flavobacterium spp., Pseudomonas spp.) (encadré 1).
16 Par exemple, en milieu domestique, en milieu urbain, dans les établissements de santé, dans les stations thermales, des dispositifs de chauffage ou de production d’eau chaude sanitaire (réglés à des températures inférieures à 40-45 °C) peuvent favoriser le développement excessif de Legionella spp., voire d’amibes libres. En milieu industriel, les tours aéroréfrigérantes sont régulièrement à l’origine de cas groupés de légionellose. Lors de contamination accidentelle des réseaux de distribution d’EDCH, une désinfection insuffisante peut favoriser les proliférations bactériennes (Escherichia coli), virales (Enterovirus, Norovirus), et parasitaires (Cryptosporidium spp., Giardia spp.) pouvant impacter un nombre considérable de consommateurs.
Encadré 1. Exemples de risques microbiens
La gastro-entérite aiguë constitue le principal syndrome digestif associé à une infection par ingestion d’eau. Elle est associée aussi bien à des parasites (Giardia spp., Cryptosporidium spp.) qu’à des bactéries (Campylobacter spp., Salmonella spp., E. coli, Shigella spp.) ou des virus (norovirus, virus de l’hépatite A, Rotavirus) (Craun, 2012).
Parmi les agents pathogènes impliqués, Cryptosporidium spp. et Giardia spp. sont associés aux plus importantes épidémies documentées. Historiquement, lors de l’épidémie de cryptosporidiose survenue à Milwaukee (États-Unis) en 1993, 403 000 sujets ont été atteints, dont 4 400 hospitalisés et 50 décédés (Hoxie et al., 1997 ; MacKenzie et al., 1995). En Europe, deux épidémies majeures de cryptosporidiose sont survenues en Suède : la première en 2010 dans la ville d’Östersund entraînant près de 27 000 cas, ce qui en fait à ce jour l’épidémie d’origine hydrique la plus importante identifiée en Europe ; la deuxième a eu lieu en 2011 touchant environ 20 000 personnes dans la ville de Skellefteå (Guzman-Herrador et al., 2015). En France, sept épidémies d’origine hydrique liées à une infection par Cryptosporidium spp. ont été recensées depuis le début des années 2000 (Beaudeau et al., 2008 ; Pouey et al., 2021a, 2021b). Elles se caractérisent toutes par des taux d’attaque élevés. La contamination est d’origine animale dans la plupart des cas, et en amont de la ressource en eau ; elle survient souvent dans un contexte d’événements pluvieux et d’un traitement inadapté ou défaillant.
Légionelles
Les bactéries du genre Legionella sont ubiquistes. Elles se développent à des températures situées entre 25 et 55 °C. Ces bactéries résident naturellement dans de nombreux cours d’eau, lacs et sols, et peuvent prospérer dans les tuyaux, les réservoirs et autres composants des systèmes d’eau avec stagnation, peu ou pas de désinfectant et des températures chaudes. Les légionelles croissent à l’intérieur d’amibes libres qui colonisent les biofilms et leur confèrent une protection. Le biofilm s’avère aussi protecteur contre les agents désinfectants. Lorsque cette eau contaminée est aérosolisée, par exemple par des pommes de douche ou des installations de tours de refroidissement de l’eau (ITRE), les personnes à proximité peuvent être exposées (Rousseau et al., 2022). La légionellose est une maladie aiguë causée par des bactéries du genre Legionella, principalement par l’espèce Legionella pneumophila. Cette pathologie peut se présenter soit sous la forme d’une affection grippale appelée fièvre de Pontiac, soit sous la forme de légionellose, une forme de pneumonie dont les symptômes sont principalement fièvre, toux, essoufflement, douleurs musculaires, symptômes gastro-intestinaux et une altération possible de l’état mental (Rose et al., 2019). Les principaux facteurs de risque pour développer la maladie sont l’âge (plus de 50 ans), le genre masculin, le tabagisme, une consommation d’alcool élevée, le diabète et la présence d’une pathologie pulmonaire ou cardiaque. La létalité rapportée est très variable, de 3 à 80 % selon la situation, et généralement autour de 10 à 15 % (MSSSQ, 2015 ; Rose et al., 2019). En Europe (E-CDC, 2019) et aux États-Unis (Rose et al., 2019), l’incidence de la légionellose se situe autour de 2 à 3 cas pour 100 000 personnes. Elle semble en augmentation partout dans le monde et serait largement sous-estimée dans les pays industrialisés, le nombre réel de cas pouvant aller jusqu’à 8 ou 10 fois le nombre rapporté (Rose et al., 2019).
24.2.2.2. Danger chimique
17 Le danger chimique (éventuellement radioactif) peut se manifester à court terme dans des circonstances accidentelles, mais le plus souvent de façon différée (WHO, 2017). Dans de rares cas, le danger tient à un déficit de l’eau en certains éléments d’intérêt nutritionnel (iode, fluorures, magnésium). Mais dans la majorité des cas, il résulte d’une ingestion chronique de faibles doses de contaminants. Parmi les substances investiguées se trouvent aussi bien des composés inorganiques (fluorures, nitrates, etc.) qu’organiques (pesticides, perfluorés, sous-produits de désinfection, résidus de médicaments, etc.). Un état des connaissances concernant quelques substances chimiques est présenté dans l’encadré 2. Plus récemment, des recherches tentent d’évaluer le niveau de contamination et le risque sanitaire lié à des contaminants émergents comme les perturbateurs endocriniens, les nanoparticules et les microplastiques (WHO, 2022).
Encadré 2. Exemples de risques chimiques
Les procédés de désinfection inactivent les micro-organismes potentiellement pathogènes. Les désinfectants chlorés sont de puissants oxydants, qui peuvent réagir avec la matière organique naturelle, les contaminants anthropiques et les autres halogènes (bromure/iodure) pour former des sous-produits de désinfection (SPD) ; leur formation est également conditionnée par les autres constituants dissous, la température et le pH de l’eau (Kali et al., 2021).
Les trihalométhanes (THM) constituent le principal groupe des sous-produits de la chloration des eaux. Plus de 700 autres sous-produits de désinfection (Villanueva et al., 2014) ont été mis en évidence. Parmi les SPD aliphatiques se retrouvent les trihalométhanes (THM), les acides haloacétiques (AHA), les halocétones, les haloaldéhydes, et des SPD azotés tels les haloacétonitriles, les halonitrométhanes et les haloacétamides ; des SPD aromatiques (phénoliques et hétérocycliques) peuvent également être formés (Benson et al., 2017), ainsi que des chlorites, des chlorates et la N-Nitrosodiméthylamine (NDMA) (Richardson et al., 2007). Actuellement, ces SPD font l’objet de surveillance compte tenu de leurs effets sanitaires potentiels. Globalement, les THM et les AHA iodés sont à la fois plus génotoxiques et plus cancérigènes que leurs analogues bromés et chlorés (Richardson et al., 2007).
L’utilisation d’autres modes de désinfection que le chlore peut aussi être associée à la formation d’autres sous-produits qui peuvent avoir des effets sur la santé. Par exemple, l’utilisation d’ozone en présence de bromures conduit à la production de bromates et celle de dioxyde de chlore à celle de chlorites et de chlorates. La présence d’azote dans l’eau et/ou l’utilisation de chloramines comme désinfectant (autorisée au Québec), conduit à la formation de nitrosamines, dont la N-Nitrosodiméthylamine (NDMA), les halonitriles, les haloamines, et les halonitrométhanes.
Actuellement, les THM, AHA, chlorites, chlorates, et bromates sont réglementés au Canada et dans l’Union européenne. Les préoccupations sanitaires liées à la présence de SPD ne doivent cependant pas remettre en cause l’utilité des procédés de désinfection pour éliminer le risque microbien. Ces préoccupations doivent conduire à rechercher les traitements les plus performants possible pour éliminer au mieux les composés précurseurs en amont de l’utilisation des désinfectants.
Plomb
Le risque saturnin d’origine hydrique est connu depuis longtemps dans les régions où subsistent des canalisations en plomb ; une relation entre le plomb dans l’eau et la plombémie des populations exposées a été observée (Etchevers et al., 2015). Depuis le retrait du plomb dans l’essence, l’habitat est devenu une des principales sources d’exposition au plomb dans les pays développés (Lanphear et al., 2003). Cela laisse ainsi au plomb d’origine hydrique, ainsi que celui présent dans les poussières et les peintures, une part prépondérante dans l’exposition de la population générale, et des enfants en particulier (Etchevers et al., 2015), population la plus sensible.
Santé Canada dans ses recommandations pour la qualité de l’eau potable, ainsi que l’Union européenne dans sa directive eau potable (2020/2184) du 16 décembre 2020, ont abaissé le seuil maximal de plomb dans l’eau potable à 5 µg/L (Santé Canada, 2019). Le remplacement des canalisations et des soudures et alliages en plomb dans les réseaux d’aqueduc publics et privés pourrait aider au maintien de l’exposition au plomb au plus bas niveau possible.
Pesticides
Le terme « pesticide » désigne les molécules ou les préparations utilisées pour le contrôle ou l’élimination d’organismes indésirables, qu’il s’agisse de plantes, d’animaux, de champignons ou de bactéries.
L’utilisation professionnelle et domestique, passée ou actuelle, des pesticides a engendré une contamination qui touche tous les compartiments environnementaux (eau, sol, air). Ceci entraîne une exposition continue et régulière de la population générale à de multiples pesticides.
Contrairement aux limites de qualité des substances chimiques qui sont généralement basées sur des considérations toxicologiques, la position réglementaire européenne avait pour objet de préserver les ressources en eau. Dès 1980, la limite de qualité pour chaque pesticide individuel a été fixée à 0,1 μg/L, sur la base des seuils de détection analytique de l’époque. En complément, une limite de 0,5 μg/L pour la somme des pesticides a été également appliquée. En 1998, la réglementation européenne a élargi ces obligations aux métabolites et aux produits de dégradation et de réaction pertinents, sans qu’à l’époque la notion de pertinence ne soit clairement précisée.
Au cours de la dernière décennie, les performances des méthodes d’analyse ont fortement évolué. Les substances actives et les métabolites étant recherchés à la fois en plus grand nombre et avec des seuils de quantification toujours plus bas, les situations de non-conformité aux limites de qualité dans l’eau sont devenues plus fréquentes, notamment pour certains métabolites très solubles et mal retenus par les traitements d’épuration classiques au charbon actif. Plusieurs pays ont alors mis en place des procédures pour identifier, parmi les métabolites de pesticides, ceux qui au regard de leur activité pesticide résiduelle, de leur potentiel de transformation dans les filières de traitement et des enjeux sanitaires associés à la consommation d’eau, devaient être considérés comme « pertinents » pour les EDCH et ceux considérés comme « non pertinents » (Anses, 2019a).
La valeur réglementaire de 0,1 µg n’ayant pas de fondement toxicologique, celle-ci ne permet pas d’évaluer ni de gérer une situation de non-conformité des eaux distribuées vis-à-vis des pesticides et de leurs métabolites au regard du risque sanitaire. Aussi, dans un cadre dérogatoire, lorsque des données toxicologiques spécifiques sont disponibles, des valeurs sanitaires maximales peuvent être mises en place, de manière limitée dans le temps, après consultation d’instances nationales dédiées. Les données concernant les métabolites sont plus fragmentaires, de sorte que l’évaluation des risques sanitaires liés à une exposition chronique à ces molécules reste difficile. En outre, les données de toxicité disponibles permettent surtout d’objectiver les effets aux pesticides pris individuellement et sont insuffisantes pour évaluer les effets d’expositions diffuses et simultanées à une multiplicité de produits (Jouzel et Dedieu, 2013). Cependant, il faut noter que la contribution de l’eau à l’exposition totale aux pesticides est de l’ordre de 5 % (Anses, 2013a, 2019a).
24.2.3. Gestion des ressources en eau et développement durable
18 À ce jour, la dégradation de la qualité des ressources en eau et les épisodes de stress hydrique observés dans de nombreux pays amènent à réfléchir sur le mode de gestion des eaux à l’échelle planétaire, dans un contexte de développement durable, mais aussi de développement socio-économique, de production énergétique, de production alimentaire et de croissance démographique.
19 Dans ce contexte, le 28 juillet 2010, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution intitulée « Le droit de l’homme à l’eau et à l’assainissement » (Objectif de développement durable n° 6), qui met en avant l’accès équitable à l’eau et à l’assainissement pour tous les individus. Cet engagement repose sur une gestion globale des ressources en eau, leur protection, afin de réduire la morbidité et la mortalité associées. Aujourd’hui, l’accès à l’eau potable pour tous se positionne comme un des axes forts associés à l’eau dans le programme de la Décennie internationale d’actions sur le thème « L’eau et le développement durable » (2018-2028) (Unesco, 2021).
24.3. Eaux destinées à la consommation humaine
20 Le niveau de qualité requis dépend de l’usage. L’eau distribuée par un réseau public doit être conforme à une réglementation nationale pour la consommation humaine, c’est-à-dire non seulement la boisson et les usages domestiques, mais également la fabrication, la transformation et la conservation de produits de l’industrie alimentaire ; elle répond de ce fait à des critères de qualité très élevés. L’EDCH est également désignée par les termes d’eau du robinet, d’eau distribuée ou d’eau potable. Les volumes consommés sont fonction de plusieurs facteurs socio-économiques et démographiques. En 2019, en France, la consommation domestique moyenne est de 147 litres par personne et par jour (soit environ 20 litres de moins qu’en 2004) ; après ajout des consommations non domestiques, la consommation moyenne quotidienne atteint 420 litres par personne et par jour (Sispea, 2019). Pour la même période, au Québec, la consommation quotidienne moyenne à des fins domestiques est estimée à 262 litres par personne et par jour, et au Canada, à 215 litres par personne et par jour (Statistique Canada, 2015). Dans les pays industrialisés, on considère classiquement que plus de 90 % de l’eau utilisée à la maison est dédiée à l’hygiène et au nettoyage, alors que le reste concerne l’alimentation (dont 1 % la boisson) (C.I.eau, 2016).
21 L’EDCH est obtenue à partir de ressources souterraines (nappes phréatiques) ou superficielles (rivières, lacs, réservoirs artificiels, mer). Les caractéristiques des eaux brutes sont très variables, mais remplissent rarement l’ensemble des normes de qualité de l’eau de consommation ; l’eau doit le plus souvent être traitée. Les eaux souterraines sont moins sensibles aux pollutions, contiennent moins de matières organiques, et sont généralement de meilleure qualité microbiologique en raison de la filtration naturelle exercée par les sols. Elles constituent les ressources privilégiées pour la production d’EDCH, leur traitement étant plus simple. Les eaux superficielles sont généralement de moindre qualité ; elles doivent donc subir différents traitements afin d’enlever les polluants chimiques et microbiologiques, et de devenir aptes à la consommation humaine. Une fois traitée, l’eau chemine jusqu’à plusieurs jours dans un réseau de canalisations au sein duquel peuvent survenir divers phénomènes chimiques (corrosion) ou microbiologiques (constitution de biofilm) susceptibles de dégrader sa qualité.
24.3.1. De la ressource à la distribution
24.3.1.1. Ressources souterraines et superficielles
22 Trois types de ressources sont utilisés : les eaux de surface (rivières, lacs, réservoirs artificiels), les eaux souterraines (nappes plus ou moins sous l’influence de l’eau de surface), et dans certains territoires, l’eau de mer après désalinisation ; ces ressources peuvent être utilisées séparément ou en mélange.
23 Parmi les eaux souterraines, les nappes phréatiques sont couramment utilisées après forage de puits. Cependant, l’eau qui les constitue ne traverse qu’une couche limitée de sol et la filtration peut être insuffisante pour éviter une contamination de la nappe. Les nappes alluvionnaires sont des eaux souterraines circulant parallèlement au lit des rivières, dans des alluvions sableuses ; elles peuvent fournir des quantités d’eau plus importantes, mais sont sujettes à des contaminations par les infiltrations superficielles et un traitement est toujours nécessaire. Les eaux karstiques constituent un cas particulier, l’eau s’infiltrant par des fissures ou des failles ; elles vont émerger, sans aucune filtration, sous forme de sources, avec des variations de débit importantes en période de pluie. Ces sources sont souvent abondantes, mais fréquemment contaminées microbiologiquement.
24 Les eaux de surface sont largement utilisées, notamment pour les agglomérations, car ce sont souvent les seules capables de fournir des quantités suffisantes en EDCH. Cependant, elles sont souvent contaminées par les eaux de ruissellement d’origine agricole et urbaine, ainsi que par les rejets d’eaux usées (domestiques, industrielles) insuffisamment épurées.
25 La protection du point de captage d’eau requiert une analyse des risques associés aux activités anthropiques sur l’aire d’alimentation, puis d’ériger des périmètres de protection. Dans le cas d’une source de surface, ces périmètres tiennent généralement compte du temps de parcours de l’eau superficielle vers le point de captage. Pour les eaux souterraines, l’identification de l’aire d’alimentation et des aires de protection requiert une étude hydrogéologique basée sur la modélisation du mouvement de l’eau dans l’aquifère vers le point de captage.
24.3.1.2. Traitements de potabilisation
26 La filière de traitement est plus ou moins complexe selon la qualité de l’eau brute. Si l’eau captée dans les nappes profondes peut parfois se contenter d’une simple désinfection, l’eau de surface doit toujours subir plusieurs étapes de traitement.
27 Une filière de traitement d’eau destinée à la consommation humaine (figure 1) peut comporter plusieurs étapes (Degrémont SA, 2005) :
Un prétraitement physico-chimique
28 Le prétraitement consiste d’abord à séparer les matières les plus volumineuses (dégrillage, tamisage, débourrage, déshuilage), puis à effectuer une préoxydation afin d’oxyder les composés minéraux (fer, manganèse…) et les matières organiques, ce qui améliore l’étape ultérieure de clarification. Cette ultime étape permet également une réduction du goût, de la saveur et de la couleur de l’eau brute.
Une étape de clarification
29 Cette phase a pour objectif d’éliminer les particules en suspension, les colloïdes, une partie des substances organiques dissoutes et des micro-organismes. Au total, elle comporte les étapes de :
- coagulation-floculation, qui a pour objet d’accroître la cohésion des particules présentes dans l’eau et de former des amas plus volumineux (flocs), généralement sous l’action de sels d’alumine ou de fer et de polymères (ajoutés dans l’eau à traiter) ;
- décantation, qui permet l’élimination des flocs par sédimentation ;
- filtration, qui est effectuée le plus souvent sur des couches de matériaux granulaires (sable, anthracite) retenant les particules encore en suspension et les micro-organismes de plus grande taille (protozoaires).
Un traitement de finition (ou affinage)
31 Il s’agit classiquement d’une oxydation avancée ou d’une filtration sur charbon actif en grain (CAG) afin d’éliminer les composés organiques dissous encore présents. L’oxydation avancée permet également de réduire le goût et la couleur, et de contribuer à la désinfection de l’eau.
Une étape de désinfection finale
32 Les réactifs oxydants chlorés (principalement l’hypochlorite de sodium, le chlore gazeux ou le dioxyde de chlore) sont les plus utilisés en désinfection primaire, bien qu’ils puissent être à l’origine de la formation de sous-produits de désinfection (SPD) pour lesquels il y a des normes établies dans plusieurs réglementations nationales, comme les trihalométhanes et le chlorite/chlorate (encadré 2). La désinfection par l’ozone est plus puissante que celle par des agents chlorés ; elle peut aussi générer des SPD, tels que les bromates. Une désinfection par rayonnement ultraviolet (UV) peut être utilisée lorsque les eaux brutes sont susceptibles de contenir des parasites (notamment Cryptosporidium spp. ou Giardia spp.). L’utilisation des UV de manière isolée est également possible sur des eaux d’origine souterraine peu turbides, mais en raison de son absence de rémanence (comme pour l’ozone), ce dispositif est suivi de l’addition d’un réactif oxydant chloré à faible concentration en vue de maintenir la qualité microbiologique de l’eau dans le réseau de distribution. À titre d’exemple, les UV sont présents dans près de 15 % des filières de traitement au Québec.
Étapes classiques d’une filière de traitement de l’eau destinée à la consommation humaine
Étapes classiques d’une filière de traitement de l’eau destinée à la consommation humaine
33 Ces dernières années, du fait des évolutions du cadre réglementaire (ajout de paramètres tels que les bromates, chlorites, chlorates et acides haloacétiques) et des performances accrues des méthodes analytiques de contrôle (en particulier pour les métabolites de pesticides), la configuration des filières de traitement a tendance à évoluer. Il est ainsi observé un renforcement des phases permettant la rétention des contaminants, plutôt que celles basées sur leur destruction qui peut ne pas être totale et conduire à des produits de dégradation indésirables plus solubles. Par exemple, les filtres CAG situés en fin de filière laissent place à des injections de charbon actif en poudre positionnées plus en amont, couplées à divers procédés de séparation (filtration, décanteur à contact ou à lit de boue pulsé). Lors d’une ozonation, la dose et le temps de contact sont abaissés afin de minimiser l’apparition de sous-produits comme les bromates. Dans la même optique, les procédés membranaires (ultrafiltration, nanofiltration voire osmose inverse basse pression) sont de plus en plus utilisés.
34 Des traitements spécifiques (visant l’élimination d’éléments-traces métalliques, de nitrates, ou une décarbonatation…) peuvent se greffer sur la filière précédemment décrite en fonction des problématiques locales. Tous les procédés et produits de traitement doivent faire l’objet d’un agrément avant commercialisation et tous les matériaux au contact de l’eau doivent avoir fait l’objet d’une attestation de conformité sanitaire. De ce fait, pour la production d’eau potable, il n’existe pas de filière de traitement « type », chacune se définissant en fonction de la nature de l’eau brute à traiter, ainsi que de la variabilité saisonnière de sa qualité, du débit de production envisagé, du foncier disponible, du coût d’investissement et d’exploitation souhaité.
24.3.1.3. Distribution jusqu’au robinet
35 Depuis l’unité de traitement jusqu’au robinet de l’usager, l’eau circule dans des réservoirs et un réseau de canalisations qui doivent à la fois conserver la qualité de l’eau produite et la préserver de toute nouvelle contamination. Ce réseau doit également assurer la distribution en quantité et en pression suffisante à la fois aux étages d’habitation élevés et aux services d’incendies. En fonction des pays, le compteur d’eau (en France) ou le début du réseau interne du bâtiment (entrée de service à Québec) définit la limite entre le réseau public et le réseau privé, et donc la responsabilité de la personne en charge de la production et/ou de la distribution et celle des usagers.
36 Le linéaire du réseau d’eau potable français est d’environ 875 000 kilomètres. Jusque dans les années 1960, seuls la fonte grise et l’acier étaient utilisés dans les réseaux publics. À partir de cette date, la fonte ductile puis le polychlorure de vinyle (PVC) et les polyéthylènes (PE) les ont progressivement remplacés. La fonte grise étant sensible à la corrosion, des revêtements hydrocarbonés de nature variable (goudron, puis braie de houille et enfin produits bitumineux) ont été utilisés pour la protéger. L’intérieur des canalisations en fonte ductile est recouvert par du mortier de ciment. L’amiante-ciment est interdit depuis 1997 en France et a été peu utilisé, puisqu’il ne représente que 4 % du réseau contre 20 % pour la fonte grise et l’acier, et 24 % pour la fonte ductile. Les canalisations en PVC posées avant 1980 peuvent entraîner, sous certaines conditions, la présence de chlorure de vinyle dans l’eau. Les polyéthylènes ont surtout été utilisés pour remplacer les branchements (c’est-à-dire la partie située entre le réseau public et le réseau privé) souvent réalisés en plomb. Ils ne sont pas sensibles à la corrosion, mais peuvent être fragilisés par des phénomènes d’oxydation et de vieillissement amenant à des relargages de substances organiques ou l’altération organoleptique de l’eau.
37 À ces canalisations, il faut ajouter un grand nombre de vannes, de ventouses, de pompes, de systèmes de purge et de régulateurs de pression pour assurer la meilleure circulation possible de l’eau. Là encore, il n’existe pas de réseau type, sa conception dépendant à la fois de la topographie, de la distribution des habitations et des débits en jeu. Il est cependant important que le réseau puisse être maillé à l’échelon local et interconnecté à d’autres réseaux afin d’assurer la continuité de la distribution lors de ruptures ou d’opérations d’entretien.
38 L’eau est un milieu vivant : son transport peut s’accompagner de la multiplication de micro-organismes. L’interface entre l’eau et la canalisation constitue un point d’accumulation de matière organique et de fixation de micro-organismes propice à la formation d’un biofilm pouvant favoriser la survie, voire la prolifération de certains germes.
39 Ces aspects sont fonction à la fois du réseau (qualité des canalisations, temps de séjour, maintenance, entretien, purge) et de l’eau (température, présence de nutriments). Un contrôle strict d’une faible teneur en carbone organique assimilable (< 10 µg/L) ou d’un résiduel minimal de désinfectants oxydants chlorés doit être maintenu dans le réseau de distribution, afin d’obtenir un effet bactériostatique et ainsi de limiter le développement du biofilm et de la reviviscence bactérienne. Par ailleurs, le maintien d’un résiduel de chlore peut être utilisé afin de détecter une contamination accidentelle ou malveillante. Par contre, des conditions particulières de température et/ou de temps de séjour élevés peuvent aussi favoriser la formation continue de sous-produits de désinfection (SPD) (trihalométhanes principalement) tout au long du réseau. La maîtrise des paramètres hydrauliques est également importante ; certaines manœuvres (ouverture ou fermeture de vannes, coups de bélier, sollicitations incendie) peuvent favoriser la mobilisation de produits de corrosion ou de dépôts et se traduire par des pics de turbidité.
40 Le réseau intérieur des habitations était habituellement en plomb jusqu’au milieu du xxe siècle. Aujourd’hui, il est le plus souvent en cuivre, en polyéthylène ou en matériaux multicouches ; cependant, des installations en plomb peuvent toujours exister dans des habitats anciens. Cette partie du réseau est sous la responsabilité des propriétaires, dont la vigilance et le niveau d’information ne sont pas toujours satisfaisants. Des traitements (adoucissant, antitartre, anticorrosion) peuvent être ajoutés tant sur les eaux froides que sur les eaux chaudes sanitaires, et au final peuvent entraîner une dégradation de la qualité de l’eau s’ils ne sont pas utilisés correctement.
41 Les principaux risques d’origine hydrique associés au réseau intérieur sont liés à la dissolution de constituants renfermant du plomb et à la prolifération des légionelles dans les eaux chaudes (encadrés 1 et 2). Depuis quelques années, les consommateurs utilisent parfois des dispositifs de traitement individuel complémentaire, dans le but d’améliorer la qualité organoleptique de l’EDCH (élimination du goût de chlore en lien avec les chloramines), voire d’éliminer certains éléments indésirables (plomb, pesticides, etc.) et surtout de limiter la formation de tartre dans les canalisations (encadré 3).
Encadré 3. Traitement individuel de l’eau du robinet
L’adoucissement de l’eau des réseaux privés vise à éviter l’entartrage dû à la formation de carbonate de calcium essentiellement lorsque l’eau est chauffée. Le traitement mis en œuvre consiste le plus souvent en un échange ionique par résine cationique échangeuse d’ion. Ces procédés dits « conventionnels » sont disponibles depuis de nombreuses années et les résines utilisées doivent posséder une attestation de conformité sanitaire prouvant leur innocuité et leur efficacité. Cependant, ils doivent être régulièrement entretenus pour éviter toute prolifération bactérienne.
D’autres procédés de traitement antitartre (dits « non conventionnels », et reposant sur des procédés catalytiques, électrolytiques, magnétiques ou électromagnétiques et électriques) ne font pas l’objet de procédure spécifique d’autorisation pour leur mise sur le marché. De ce fait, peu de travaux sur leur innocuité sont publiés ; leur efficacité bien que réelle reste variable et fortement dépendante des caractéristiques de l’eau et de l’installation intérieure (Anses, 2019b).
Les filtres sur robinets ou les carafes filtrantes (ou pichets filtrants) utilisent généralement des cartouches en plastique contenant un ou plusieurs médias filtrants, comme du charbon actif en grain, parfois traité aux sels d’argent (pour l’élimination du goût et des micropolluants de l’eau), ou des résines échangeuses de cations (calcium), voire échangeuse d’anions (nitrates). Les revendications d’efficacité des cartouches filtrantes sont rarement vérifiées par des essais normalisés. Bien que les données actuelles ne permettent pas de démontrer un risque pour la santé du consommateur, des relargages de différents contaminants dans l’eau de boisson, un abaissement du pH, voire une altération de la qualité microbiologique de l’eau ont pu être observés. Il est donc impératif de respecter les précautions d’usage, notamment le remplacement régulier des cartouches.
24.3.2. Surveillance sanitaire
24.3.2.1. Recommandations de l’OMS
42 L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit une valeur guide sanitaire comme la concentration d’une substance dans l’eau qui ne présente pas de risque considéré comme inacceptable pour une personne qui consommerait cette eau toute sa vie. Elle est le plus souvent calculée à partir de scénarios d’exposition fixant le poids corporel (60/10/5 kg pour respectivement un adulte, enfant, nourrisson) et la consommation d’eau (2/1/0,75 litres pour respectivement un adulte, enfant et nourrisson), et en allouant 20 % (par défaut) de la dose journalière tolérable (DJT) à l’eau de boisson (WHO, 2017).
24.3.2.2. Suivi de la qualité
43 Le suivi de la qualité de l’eau comprend dans certains pays, un contrôle sanitaire exercé par l’autorité sanitaire, et la surveillance que doit mettre en place le traiteur d’eau.
44 En France, le contrôle sanitaire repose sur la visite régulière des installations et sur la réalisation d’un programme de prélèvements soumis à analyses dans des laboratoires agréés. L’ampleur du programme de contrôle sanitaire est liée à l’importance de la population desservie, mais aussi à la qualité habituelle de l’eau et au degré de sûreté des installations. Parallèlement, la surveillance mise en place par les distributeurs doit s’inscrire dans un plan de gestion de la sécurité sanitaire de l’eau (PGSSE) correspondant au « Water Safety Plan » (WSP) prôné par l’OMS. Cette approche de gestion préventive des risques vise à garantir de manière constante la sécurité sanitaire de l’approvisionnement d’EDCH en identifiant les dangers et vulnérabilités, en mettant en œuvre les actions qui concourent à la maîtrise des risques identifiés et en évaluant régulièrement l’efficacité de ces actions. Le plan permet notamment de définir, pour chaque point de contrôle clé, le paramètre ou la caractéristique à suivre, la fréquence de suivi et la limite critique au-delà de laquelle une action immédiate est attendue pour ne pas compromettre la qualité de l’eau. Cette approche peut être appliquée à tous les types et à toutes les tailles de systèmes d’approvisionnement en eau. L’approche PGSSE est de plus en plus largement appliquée sur tous les continents (Tsitsifli et Tsoukalas, 2021). Elle est maintenant incluse dans certaines réglementations, comme dans la directive européenne 2020/2184 du 16 décembre 2020, qui préconise une évaluation des risques pour l’ensemble du système d’approvisionnement d’ici 2029.
45 Au Québec, une approche similaire au PGSSE est instituée pour les sources d’eau potable avec le règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection. Ce règlement impose au responsable d’un captage d’eau qui alimente plus de 500 personnes de réaliser une évaluation des risques liés aux activités anthropiques et aux menaces au niveau de la source d’eau potable, avec une mise à jour tous les cinq ans. Il est complémentaire au règlement sur la qualité de l’eau potable qui contient des obligations de traitabilité de l’eau en usine, des normes sur de nombreux paramètres de la qualité de l’eau traitée et distribuée, des obligations de surveillance et de suivi de la qualité de l’eau potable, ainsi que des prescriptions sur les compétences des opérateurs des usines de traitement.
46 La surveillance des paramètres chimiques repose sur une analyse spécifique de molécules ciblées, de par leurs effets sanitaires et/ou leur impact sur le réseau de distribution d’eau (encadré 2). Par contre, la surveillance du risque microbiologique, qui reste de nos jours le plus grave et le plus fréquent, repose principalement sur une approche indirecte. Comme il serait irréaliste d’essayer de détecter tous les agents pathogènes connus susceptibles de contaminer l’eau potable, la surveillance microbiologique s’appuie sur la détection d’indicateurs microbiens de pollution fécale (habituellement Escherichia coli et les entérocoques intestinaux). Leur détection indique une probable contamination fécale (humaine ou animale) et la présence possible d’agents pathogènes. Cependant, tous les agents microbiens pathogènes ou opportunistes ne sont pas d’origine fécale et ces indicateurs sont généralement plus sensibles à l’ozone ou au chlore que certains agents pathogènes, notamment les parasites (encadré 1). Certains pays intègrent d’ailleurs la recherche systématique des parasites Cryptosporidium spp. et Giardia spp. dans la surveillance. La directive européenne n° 2020/2184 impose également le suivi des coliphages comme indicateur de performance des filières de traitement dans l’abattement des virus. Le règlement québécois exige aussi une surveillance de cet indicateur dans les eaux brutes souterraines dans certaines situations.
47 Depuis plusieurs années, l’utilisation de capteurs en ligne en eau brute (pour le suivi de turbidité, absorbance UV, température, conductivité, pH, oxygène dissous, chlorophylle-a), en usine de traitement (suivi de turbidité, absorbance UV, pH, compteur de particules, chlore résiduel) et dans les réseaux de distribution (suivi de chlore résiduel, pression, débit) s’est généralisée. Ceci a conduit à la génération de données toujours plus importantes, et à la création d’outils pour les analyser et les interpréter. Des modèles prédictifs basés sur ces données sont actuellement développés pour permettre d’accompagner et d’anticiper les changements de qualité de l’eau au niveau de la prise d’eau brute, suite à des épisodes de fortes pluies par exemple, et peuvent se révéler utiles comme outils d’aide à la décision pour les opérateurs d’usines afin d’anticiper les ajustements de traitements nécessaires (coagulation-floculation, ozonation, désinfection par le chlore). Ces différentes méthodes (basées sur des arbres de décision, réseaux de neurones artificiels, apprentissage automatique, ou systèmes d’inférence adaptatifs) utilisent l’expérience et les données historiques pour améliorer les performances ou faire des prédictions. Pour assurer ces différents besoins de surveillance et de modélisation, il est aussi nécessaire d’utiliser des données fiables, validées et structurées dans des bases de données pérennes. Ces approches innovantes sont proposées pour la surveillance des épidémies. Deux exemples concrets d’utilisation des données de surveillance de l’eau afin de suivre l’épidémiologie des maladies sont détaillés dans les encadrés 4 et 5.
Encadré 4. Utilisation des données médico-administratives pour la surveillance des épidémies
- les données de remboursements des médicaments de l’Assurance maladie ;
- les informations relatives aux liens entre les contours des communes et ceux des unités de distribution d’eau.
Encadré 5. Utilisation de paramètres microbiologiques dans les eaux usées comme indicateurs de suivi épidémiologique
À l’occasion de la pandémie de Covid-19, plusieurs études ont démontré que les données sur la présence du SARS-CoV-2 dans les eaux usées, lorsqu’elles sont utilisées parallèlement à d’autres indicateurs épidémiologiques, peuvent être utiles pour décrire les tendances de la circulation du virus (Patey et al., 2021). Par exemple, les concentrations de SARS-CoV-2 dans les eaux usées sont, la majorité du temps, corrélées avec les données des tests virologiques sur les prélèvements cliniques.
Le suivi du SARS-CoV-2 dans les eaux usées peut aussi constituer un outil de surveillance sanitaire car cette approche pourrait fournir des signaux précoces de la présence de la maladie dans une population, et aussi détecter l’apparition de variants préoccupants connus. Un autre avantage d’un tel outil est d’apporter un signal indépendant de celui du dépistage clinique pour lequel les efforts, les objectifs et l’adhésion des populations sont variables dans le temps et l’espace. De même, cette approche prend en considération autant les personnes asymptomatiques que symptomatiques (Patey et al., 2021). Pour autant, cet outil ne permet pas actuellement d’estimer de façon fiable un nombre de cas d’infection dans la population et de localiser précisément les cas.
24.4. Eaux récréatives
48 Différents types de dangers sont associés aux eaux récréatives. Classiquement, on distingue les dangers physiques (noyades, blessures…), les dangers en lien avec le milieu extérieur (insolation, coup de soleil, hydrocution…), les dangers liés à la qualité de l’eau (micro-organismes, substances chimiques) et ceux liés aux organismes aquatiques potentiellement dangereux (organismes vecteurs, piqueurs, venimeux) (WHO, 2003, 2006). L’exposition du baigneur aux dangers microbiologiques et chimiques peut se faire par voie orale (ingestion), par inhalation (gouttelettes, aérosols) et par contact direct avec la peau ou les muqueuses.
49 De nombreux micro-organismes peuvent se retrouver dans les eaux récréatives. Lors de la surveillance sanitaire de ces eaux, et afin de garantir la sécurité sanitaire du baigneur, il est impossible d’effectuer leur recherche exhaustive ; ainsi seuls des germes indicateurs de contamination fécale (Escherichia coli et entérocoques intestinaux) sont investigués en première intention, car ils sont représentatifs de la présence d’autres germes d’origine fécale potentiellement pathogènes pour l’homme. Lors de dépassement des valeurs limites et/ou lors d’épisodes épidémiques, des recherches icblées de germes pathogènes peuvent être effectuées. Les dangers chimiques pris en compte sont liés au type d’eau (eau douce, eau de mer), à son origine, à son (éventuel) traitement et/ou aux baigneurs présents. Selon le lieu et les activités récréatives (baignades, sports aquatiques, etc.), la qualité microbiologique et chimique de l’eau diffère, ainsi que les dangers présents et les risques sanitaires pour le baigneur.
24.4.1. Baignades aménagées en milieu naturel
24.4.1.1. Définition et spécificités des eaux de baignades aménagées
50 Au niveau européen, les eaux de baignades en milieu naturel sont définies dans la directive n° 2006/7/CE du Parlement européen et du Conseil du 15 février 2006 concernant la gestion de la qualité des eaux de baignades comme « les eaux de surface dans lesquelles un grand nombre de baigneurs est attendu et où la baignade n’est pas interdite ou déconseillée de manière permanente ». Des paramètres microbiologiques (Escherichia coli et entérocoques intestinaux, soit les germes indicateurs de contamination fécale et potentiellement de la présence de pathogènes), des paramètres physico-chimiques (pH, transparence, couleur) et un contrôle visuel (détection de résidus goudronneux, de verre, de plastiques, de caoutchouc) sont utilisés pour le contrôle de la qualité des eaux. Ils peuvent être complétés par des paramètres permettant d’évaluer une vulnérabilité connue du site de baignade ou d’un risque spécifique suspecté en lien avec l’environnement immédiat (cyanobactéries, macro-algues, phytoplancton marin…).
51 Le contrôle sanitaire s’applique sur les eaux de baignades aménagées en milieu naturel dans la zone de fréquentation maximale des baigneurs ou dans la zone présentant le plus grand risque de pollution. Ce contrôle effectué par les autorités sanitaires est à distinguer de la surveillance sanitaire des eaux de baignades réalisée par la personne (publique ou privée) responsable du site de baignade.
52 Les eaux des baignades aménagées peuvent être touchées par des pollutions d’une part diffuses ou ponctuelles, et d’autre part chroniques ou accidentelles, mettant en jeu des dangers d’origine aussi bien microbienne que chimique. Parmi les principales causes de ces pollutions, on peut mentionner des rejets d’assainissement collectifs ou individuels à proximité du lieu de baignade, des pollutions variées associées au bassin versant (pratiques agricoles à proximité), des pollutions liées aux baigneurs, aux animaux ou aux équipements touristiques dans la zone (camping, base nautique…), des pollutions liées à des pratiques anthropiques irrespectueuses de l’environnement (vidanges sauvages, déversements accidentels de substances chimiques, etc.) (Afsset, 2009).
24.4.1.2. Effets sur la santé
53 Les principales études recensant les pathologies consécutives aux eaux de baignade en milieu naturel résultent de surveillances systématiques, basées sur des germes indicateurs de risque fécal, et ont été réalisées aux États-Unis et au Canada. Des pathologies gastro-intestinales, cutanées et respiratoires sont décrites. Entre 1971 et 2000, plus de 259 épidémies liées à des eaux récréatives sont rapportées (Craun et al., 2005) ; 37,5 % sont associées à des dangers bactériens, 37,5 % à des dangers parasitaires, et 7 % à des dangers viraux. Les symptômes apparaissent généralement après l’ingestion d’eau contaminée. Selon les études, les enfants, les personnes âgées, immunodéprimées et/ou présentant une pathologie chronique apparaissent comme des populations à risque.
54 Bien que moins fréquemment étudié, un risque de pathologies respiratoires majoré après baignade – en eau douce ou en eau de mer – a été souligné dans une revue systématique et une méta-analyse (Mannocci et al., 2016). De plus, lors d’une autre méta-analyse, Leonard et al. (2018) identifient un risque plus important de pathologies diarrhéiques et de pathologies auriculaires après des bains en eau de mer. Dans la majorité des études analysées, les symptômes observés ne sont pas reliés spécifiquement à un micro-organisme. Souvent, la qualité de l’eau de baignades est définie à partir des germes indicateurs de contamination fécale (paramètres réglementaires), et parfois seule la temporalité de l’exposition aux eaux de baignades est prise en cause.
24.4.1.3. Surveillance des eaux de baignades
55 Depuis de nombreuses années, la gestion des risques sanitaires liés aux eaux de baignades se fait principalement à partir des résultats d’analyses recherchant les germes indicateurs de contamination fécale (E. coli et entérocoques intestinaux), qui présentent parfois des défaillances en termes de prédiction d’un risque sanitaire pour le baigneur (Tiwari et al., 2021). Les résultats des analyses d’eaux effectuées sont affichés sur les sites mêmes de la baignade, et sont largement diffusés via les sites des autorités sanitaires, sous forme de bulletins d’analyse ou sous forme de messages codifiés (Santé Canada, 2012 ; ARS Hauts-de-France, 2022). Le gestionnaire de la baignade est responsable des conditions de sécurité et d’hygiène dans lesquelles est pratiqué le loisir. Pour évaluer la qualité de l’eau et pour aviser les baigneurs en temps réel, il peut s’aider de tests utilisant des méthodes de détection enzymatiques pour les principaux dangers microbiens. En France, le maire de la commune (et dans certains cas le préfet) peut interdire la baignade en cas de contamination avérée des eaux de la baignade aménagée et/ou si un risque sanitaire est identifié.
56 Des campagnes d’information du public sur la qualité des eaux de baignade de sites naturels sont instaurées, afin de protéger la santé des baigneurs et de les rendre à même de prendre des décisions éclairées vis-à-vis des risques sanitaires potentiels. Actuellement, une conduite responsable de la part des baigneurs est attendue, ainsi que le respect des conseils pratiques diffusés par les autorités sanitaires chaque saison estivale, incitant à :
- se baigner préférentiellement dans les zones dont la qualité de l’eau est surveillée régulièrement et confirmée par les autorités sanitaires ;
- éviter de se baigner après des épisodes de précipitations importantes ou d’apparition d’efflorescences de cyanobactéries ou de pollutions (microbiologique ou chimique) récentes du site ;
- ne pas se baigner dans les zones connues pour être infectées par des larves de parasites (cercaires) ;
- ne pas se baigner en milieu naturel si problèmes de santé (immunodéprimés…), si plaies ouvertes ;
- ne pas avaler d’eau pendant la baignade ;
- prendre une douche/se rincer avec de l’eau propre après le bain.
58 Parallèlement les résultats de surveillance des autorités sanitaires peuvent servir à l’établissement de modèles prédictifs du risque sanitaire pour le baigneur. Ainsi, en s’appuyant sur les données collectées par l’US-EPA (niveaux de contamination microbiologique des eaux et données épidémiologiques), Wymer et al. (2013) sont parmi les premiers à proposer un modèle permettant de définir un niveau de risque de gastro-entérite associé spécifiquement aux eaux de baignades (Wymer et al., 2013). En 2021, dans une revue systématique de la littérature, Heasley et collaborateurs soulignent l’intérêt des modèles prédictifs comme supports d’alerte des baigneurs sur les risques liés à la qualité des eaux récréatives (Heasley et al., 2021). Afin d’améliorer ces modèles, il est nécessaire de renforcer la déclaration de tout épisode clinique post-baignade en milieu naturel, afin d’intégrer ces données dans les méthodes par apprentissage automatique (machine learning). Les changements climatiques actuels, favorisant l’eutrophisation des cours d’eau, les proliférations microbiennes et les efflorescences de cyanobactéries, peuvent accentuer la dégradation de la qualité des eaux de baignades (Young et al., 2022). Pouvoir anticiper et alerter le baigneur constitue un des challenges auxquels les autorités sanitaires vont devoir répondre.
59 Dans les années à venir, cette approche préventive va se renforcer. En effet, en 2021, l’OMS a revu ses lignes directrices relatives aux eaux récréatives et a formulé des recommandations visant à instaurer une approche par plan de gestion. Elle propose en particulier de fixer des objectifs nationaux fondés sur la santé, d’effectuer une surveillance et une évaluation des risques sanitaires, de mettre en place des systèmes de surveillance et de contrôle des risques, et de fournir des conseils opportuns aux baigneurs en lien avec la sécurité de l’eau (WHO, 2021).
24.4.2. Piscines
24.4.2.1. Définition et typologie
60 Le terme « piscine » désigne à la fois l’établissement et les bassins de natation ou de cure qui équipent cet établissement. Réglementairement, au Québec (MELFP, 2017) et en France (décret n° 2021-656 du 26 mai 2021), une piscine est « un bassin artificiel, étanche, dans lequel se pratiquent des activités aquatiques et dont l’eau est filtrée, désinfectée, renouvelée et recyclée, ainsi que tous les équipements nécessaires à son fonctionnement ». Ces caractéristiques concernent tous les bassins, y compris les pédiluves et pataugeoires. Les piscines se distinguent en fonction de :
- la nature de l’eau d’alimentation (eau du réseau public, eau de mer, eaux thermales, eau prélevée dans le milieu naturel) ;
- l’usage de la piscine (familial, privé, public) ;
- la localisation du bassin (environnement intérieur, extérieur ou mixte) ;
- des activités pratiquées (sport, loisirs, thermalisme, etc.) ;
- et des températures appliquées aux eaux de ces bassins.
62 Ces différentes typologies impliquent des risques variables, de nature microbiologique et chimique avec des voies d’exposition par ingestion, par inhalation ou par contact cutanéo-muqueux, voire de nature physique (glissades, noyades).
63 Les réglementations québécoises et françaises précisent les limites de qualité microbiologique, chimique et physique de l’eau que doivent respecter les gestionnaires d’établissements. Elles indiquent également les fréquences d’analyses de ces paramètres, qui sont dépendantes du taux de fréquentation des bassins ; l’absence de limites de qualité fixées pour les paramètres chimiques dans l’air dans les établissements avec des bassins couverts est à souligner.
24.4.2.2. Origines des dangers
64 Les principaux risques sanitaires sont liés à la présence de dangers microbiens ou chimiques dans l’eau des bassins, l’air et les surfaces. Quelle que soit la ressource en eau utilisée pour alimenter les piscines, elle doit respecter des critères de qualité microbiologique ou chimique précisés dans la réglementation de chaque pays. Les dangers microbiens ou chimiques présents dans les piscines sont donc majoritairement liés aux baigneurs, aux produits de traitement ou tout autre élément environnant (cas des piscines extérieures), et aussi aux mauvaises conditions de traitement ou de nettoyage appliquées dans les établissements (WHO, 2006).
65 La principale origine des contaminations est très majoritairement liée à l’hygiène des baigneurs. En cas de non-respect des règles d’hygiène basiques (douche savonnée avant d’entrer dans les bassins, passage par les pédiluves, port de vêtements de bain propres), le baigneur peut être à la source de contaminations microbiennes, et aussi introduire dans l’eau de nombreux précurseurs qui vont réagir avec le désinfectant utilisé dans les bassins et former des SPD (Manasfi et al., 2017).
66 Parmi ces précurseurs, on distingue ceux relevant de la pollution particulaire (plus ou moins retenue sur le média filtrant utilisé dans la filière de traitement) et ceux relevant de la pollution dissoute. La fraction particulaire inclut les micro-organismes (virus, bactéries, protozoaires), les particules anthropogéniques (squames, cheveux) et les constituants de produits de soin personnels (anti-UV des crèmes solaires, etc.). La fraction dissoute correspond aux composés organiques apportés d’une part, par les baigneurs (fluides biologiques corporels comme l’urée et la sueur, les produits de soins personnels comme les cosmétiques et les crèmes solaires), et d’autre part, les composés utilisés dans le traitement de l’eau de piscine (algicides). La sueur (0,08 à 1,62 L.h-1 par baigneur) et l’urine (30 à 70 mL par baigneur) sont les principales sources de pollution dissoute. Elles contribuent en moyenne à 0,5 g de carbone organique dissous et 120 mg d’azote total par baigneur (sans douche préalable), mais restent dépendantes de certains paramètres (sexe, âge, exercices physiques) ; elles varient donc selon le public fréquentant le bassin (Manasfi et al., 2017).
67 Une fois libérés dans l’eau, ces précurseurs vont réagir avec le désinfectant utilisé dans les bassins tels que le chlore ou le brome (interdit en France dans les piscines publiques) et leurs dérivés, mais aussi l’ozone, ou encore les UV parfois utilisés dans des dispositifs spécifiques appelés chloraminateurs et visant à éliminer les chloramines formées dans l’eau. Les SPD formés sont de même nature que ceux observés dans les EDCH, mais, la plupart du temps, à des concentrations beaucoup plus élevées. Les haloamines (chloramines et bromamines) sont les composés les plus représentés, suivis par les trihalométhanes (THM), les acides haloacétiques (AHA), les haloacétaldéhydes, et les haloacétonitriles (HAN). Certains de ces SPD sont volatils et présentent donc un danger non seulement par contact cutané et par ingestion, mais également par inhalation de trichloramine (NCl3), chloroforme (CHCl3), bromoforme (CHBr3), hydrate de chloral (ou hydrate de bromal formé dans des eaux riches en bromure ou traitées au brome), chlorure (ou bromure) de cyanogène (CNCl, CNBr). D’autres composés, moins étudiés, ont été retrouvés dans les eaux de piscine, à des teneurs moindres que les familles précitées, mais il a été démontré expérimentalement que leur présence est corrélée à une augmentation de la cytotoxicité et de la génotoxicité des eaux ; il s’agit des halonitrométhanes (dont le trichloronitrométhane ou chloropicrine), de nitrosamines (dont la NDMA) et des halobenzoquinones (Manasfi et al., 2017).
24.4.2.3. Filières de traitement
68 La filière classique de traitement d’une eau de piscine comprend un système de recirculation de l’eau du bassin (par goulottes ou skimmers, écumoires, drains de fond), un bac tampon (ou bac d’équilibre) dans lequel vont pouvoir être ajoutés différents réactifs chimiques (ajusteur de pH, d’alcalinité), ainsi qu’un dispositif d’ajout d’eau neuve, un système automatique d’ajout de coagulants (sels d’aluminium ou de fer), un système de traitement comprenant une filtration et une désinfection, des traitements chimiques complémentaires, des traitements éventuels pour éliminer certains sous-produits de désinfection (comme les systèmes UV de déchloramination, ou un système de stripage pour éliminer les composés volatils par aération) et un dispositif de vidange des rejets quotidiens et périodiques du bassin (figure 2).
69 Le renouvellement de l’eau (ou apport d’eau neuve), qui vise à l’origine à compenser les pertes d’eau liées aux plongeons des baigneurs ou à l’évaporation, permet de diluer une partie des contaminations apportées par les baigneurs. Le taux de renouvellement est réglementé et doit être réalisé quotidiennement à raison d’au moins 30 litres d’eau non recyclée par baigneur ayant fréquenté l’établissement. Le taux de recyclage de l’eau (eau ayant circulé à travers la filière de traitement de la piscine) est fonction du type de bassin (usage, surface, profondeur) et du nombre de baigneurs fréquentant les bassins. En France, la vidange complète des bassins est obligatoire tous les 12 mois, alors qu’au Québec la vidange obligatoire n’est requise que pour les pataugeoires et les pédiluves (respectivement, 1 fois par semaine et 1 fois par jour).
Filière de traitement des eaux de piscine
Filière de traitement des eaux de piscine
70 L’étape de filtration est l’étape prépondérante pour éliminer les précurseurs et SPD eux-mêmes. La filtration sur sable, combinée au charbon actif en grains et précédée d’une étape de coagulation, surpasse d’autres types de combinaison de traitements comme la micro- et l’ultrafiltration sur membrane, la filtration sur sable combinée à un traitement UV, la filtration sur charbon actif en poudre suivie d’une filtration sur sable ou traitement UV (Skibinski et al., 2019). Toutefois ce procédé ne permet pas d’éliminer correctement les composés volatils (trichloramine) et devrait donc être combiné à une étape de stripage pour ce type de composés.
71 Le traitement de l’air, qui vise essentiellement à assurer son réchauffement et sa déshumidification, peut également contribuer à la dilution des SPD volatils. Ce traitement de l’air est assuré par une centrale de traitement permettant de mettre l’air en mouvement dans le réseau aéraulique et de le traiter sous différents aspects hygrothermiques (chauffage, refroidissement, humidification) et sanitaires (filtration).
24.4.2.4. Effets sur la santé
72 Les pathologies les plus fréquemment rencontrées après bain en piscine sont des infections cutanées, de type mycoses, dermatoses virales ou bactériennes et verrues plantaires. Viennent ensuite les otites, angines, rhinites, conjonctivites, puis les gastro-entérites et les pneumopathies. Enfin, exceptionnellement, des cas de méningites et des hépatites virales ont été rapportés (Anses, 2012 ; Santé Canada, 2012).
73 Le risque de contamination microbien est plus important dans les bains à remous du fait de la promiscuité entre baigneurs, de la température et de la génération de bioaérosols pouvant être inhalés. La température plus élevée rend également difficile la maîtrise de la dose de désinfectant dans les limites réglementaires. L’occurrence des pathologies associées aux spas est beaucoup plus élevée que celle observée dans les bassins de natation. Par exemple, Legionella pneumophila est impliquée dans de nombreux cas de fièvre de Pontiac et de légionellose développée à la suite de l’utilisation de bains à remous. De nombreux cas de folliculite ont aussi été liés à la fréquentation de bains à remous dans lesquels Pseudomonas aeruginosa avait été détecté, tandis que des pneumopathies ont été corrélées à la présence de mycobactéries non tuberculeuses (MNT), bactéries résistantes aux concentrations en chlore appliquées dans les bains à remous et capables d’être aéroportées à l’intérieur d’aérosols (Anses, 2013b).
74 Plusieurs études épidémiologiques ont étudié l’impact de l’exposition aux sous-produits de désinfection (SPD) des populations fréquentant régulièrement les piscines (maîtres-nageurs, nageurs de compétition, enfants dont les « bébés nageurs »). Ces études montrent une augmentation de la prévalence de l’asthme, des bronchites, de l’eczéma (Anses, 2012), fréquemment associée à la présence de trichloramine (Villanueva et al., 2015). L’inhalation et/ou l’ingestion de THM lors de la fréquentation de piscines a également été mise en évidence par mesure de la quantité de THM exhalés avant et après baignade en piscine (Font-Ribera et al., 2016). L’augmentation du risque de cancer de la vessie pour les personnes fréquentant les piscines a été mise en évidence dans deux études (Villanueva et al., 2007 ; Panyakapo et al., 2008) qui ont relié ce risque accru à l’exposition aux THM durant la baignade, la nage et la douche.
24.5. Perspectives
75 À l’échelle mondiale, les changements climatiques peuvent avoir un effet direct et indirect sur les activités anthropiques en lien avec l’utilisation d’eaux et peuvent potentiellement menacer l’ensemble de la chaîne du système d’approvisionnement en eau (Delpla et Rodriguez, 2019).
76 Selon la littérature récente, les fortes précipitations et les sécheresses extrêmes sont les événements climatiques ayant le plus d’impacts sur la qualité et la sécurité de l’eau potable. Ces modifications rapides de la qualité de l’eau posent de nombreux défis pour le traitement de l’eau. Par ailleurs, les combinaisons d’événements extrêmes peuvent complexifier encore plus la gestion des systèmes d’approvisionnement en eau, voir nécessiter un redimensionnement des installations de traitement de l’eau. Les changements de température et de précipitations provoquent également une hausse de la fréquence, de la durée et de l’intensité des feux de forêt (Ball et al., 2021). Les eaux de ruissellement des zones incendiées entraînent ensuite des apports considérables de sédiments, de matière organique (MO), d’azote et de phosphore dans les eaux naturelles ; ces variations peuvent perdurer pendant plusieurs mois (Emelko et al., 2011 ; Johnston et Maher, 2022). En outre, les concentrations élevées de nutriments, dont le phosphore, combinées à des températures élevées, peuvent créer des conditions propices à la prolifération d’algues et de cyanobactéries (Hunter, 2003).
77 Les feux de forêt peuvent également libérer des polluants atmosphériques, tels que les métaux et les métalloïdes, qui vont contaminer les eaux de surface suite à des précipitations (Khan et al., 2015).
78 Par ailleurs, l’augmentation prévue des cycles de gel/dégel dans les climats nordiques froids constitue un autre type de combinaison d’événements climatiques qui peut compromettre l’approvisionnement en eau potable par la pollution due aux sels de déglaçage, ou encore par une augmentation des bris de canalisations.
79 Enfin, les infrastructures de traitement et de distribution sont particulièrement vulnérables aux événements extrêmes en général (tempêtes, inondations, froid extrême) qui peuvent conduire à des pannes d’alimentation électrique, des perturbations des systèmes de communication et de surveillance, et secondairement compromettre la sécurité de l’approvisionnement en eau potable. Ces événements peuvent aussi causer la fermeture de la prise d’eau et l’interruption du service de distribution à la population (Khan et al., 2015).
80 Il est aussi nécessaire de prendre en considération les aspects de disponibilité des ressources en eau, dans un contexte où celle-ci va devenir plus aléatoire et incertaine. Cela peut aussi affecter la qualité de l’eau disponible (par exemple, salinité, concentration des contaminants). Des stratégies d’économie émergent et comprennent la réduction des fuites dans les réseaux de distribution, l’éducation et la sensibilisation associées au gaspillage de l’eau, ou le recours à de « nouvelles eaux » telles que les eaux pluviales ou les eaux usées traitées (MDDELCC, 2018). La pratique de l’utilisation des eaux pluviales est maintenant autorisée en France pour les usages qui ne nécessitent pas d’eau potable, c’est-à-dire l’arrosage, le lavage des sols ou des voitures, les toilettes et, après traitement in situ, le lavage du linge ; cette pratique nécessite un doublement du réseau d’eau dans les habitations. Par ailleurs, les eaux usées traitées peuvent être utilisées pour les usages non domestiques (irrigation agricole, recharge de nappe phréatique, arrosage…) à condition de respecter des seuils de qualité. Santé Canada a produit des recommandations pour leur utilisation en alimentation des toilettes et urinoirs. Les usages domestiques des eaux usées traitées ne sont pas autorisés en France. En France et au Canada, ces pratiques d’usage des eaux pluviales ou des eaux usées traitées restent encore marginales bien que leur développement soit bien amorcé et même potentiellement encouragé par des stratégies d’économie d’eau ; leur encadrement législatif reste cependant à clarifier. Pour autant, ceci ne signifie pas qu’il ne faut pas promouvoir l’économie de l’eau, ainsi que des alternatives écoresponsables pour autant que les risques pour la santé sont contrôlés.
81 Les inégalités d’accès à une eau saine sont aussi des enjeux d’importance pour les années à venir. Les populations les plus défavorisées ont tendance à être exposées à des niveaux de pollution généralement plus élevés que les groupes plus favorisés, car ils habitent dans des zones où l’environnement est souvent plus dégradé (Sexton et al., 1993). Différents cadres conceptuels ont été proposés dans la littérature pour la pollution de l’eau potable. Ils ont montré que l’inégalité d’accès aux infrastructures d’approvisionnement est le principal facteur à l’origine de l’inégalité de l’accès à l’eau potable dans les pays à hauts revenus (Balazs et Ray, 2014 ; Van Der Slice, 2011). D’autres facteurs à l’origine des disparités sont identifiés, comme l’environnement naturel de la source d’eau (en lien avec les types de sols, l’hydrologie et le climat), ainsi que son niveau de pollution initiale et sa vulnérabilité à la contamination (Balazs et al., 2011). Une surveillance et un cadre réglementaire de gestion de la qualité de l’eau inadéquats sont également plus fréquents dans les municipalités de petite taille, qui ont des réseaux alimentant généralement des populations plus démunies que les plus grandes municipalités (NRC, 1997). L’application sélective de la réglementation sur l’eau potable et les mesures dérogatoires associées à des cas de non-conformité aux normes peuvent également contribuer au manque d’accès à une eau potable (Balazs et Ray, 2014). La manière dont les structures de gouvernance gèrent la planification territoriale et le zonage a également été mise en évidence. À titre d’exemple, il a été constaté des disparités et un manque d’équipements de base, tels que des infrastructures d’égouts et d’approvisionnement en eau dans les communautés défavorisées. Enfin, les fonds d’amélioration de l’infrastructure de l’eau potable utilisent souvent comme critères de sélection des projets des aspects qui constituent les faiblesses des collectivités défavorisées (capacité technique, financière et de gestion, et projets prêts à être réalisés), les excluant de facto (Balazs et Ray, 2014).
82 À ce jour, l’eau doit donc bien être considérée comme l’« or bleu du xxi2 siècle ».
Notions clés
- Utilisation de ressources souterraines (nappes) et superficielles (cours d’eau, lacs, retenus artificielles) pour produire l’eau destinée à la consommation humaine (EDCH).
- Traitement de potabilisation de l’eau brute adapté aux dangers biologiques (bactéries, virus, parasites) et chimiques présents dans la ressource utilisée pour la production d’EDCH.
- Mise en place de plan de gestion de la sécurité sanitaire des eaux (PGSSE) en accord avec les recommandations de l’OMS afin de garantir en permanence la sécurité sanitaire de l’approvisionnement en EDCH.
- Encadrement d’une démarche écoresponsable dans l’utilisation de l’eau potable.
- Surveillance des eaux potables et récréatives (eaux de baignades aménagées en milieu naturel, eaux de piscines) pour préserver la santé.
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