Les mouvements féministes ont joué un grand rôle dans la dénonciation des violences sexuelles dont sont victimes les femmes. Ils ont permis une prise de conscience collective de l’ampleur de ces violences, en mettant en évidence leur fonction de contrôle social et en participant au renouvellement de la loi pénale. Les enquêtes statistiques réalisées à partir des années 1990 ont aussi contribué au dévoilement de ces violences, en quantifiant la proportion de victimes de violences sexuelles dans la population, en décrivant leurs principales caractéristiques et en montrant que les agresseurs sont presque exclusivement des hommes, le plus souvent connus de la victime. Les recherches sur les agresseurs ont mis en évidence le travail de sélection opéré par l’institution pénale : celle-ci sanctionne les agresseurs socialement dominés et exonère largement ceux issus des classes supérieures. La prise en charge d’un nombre croissant de victimes de violences sexuelles s’accompagne cependant du développement d’un discours normatif sur ces dernières.