Pour un historien qui, dans un siècle, se pencherait sur ce que nous dénommons aujourd’hui « l’action sociale », « l’inclusion » et la « désinstitutionnalisation » pourraient bien être les deux termes les plus emblématiques de nos débats contemporains dans ce champ de l’action publique.
Le premier, « l’inclusion », a une connotation éminemment positive. Recommandée avec vigueur par les instances internationales et européennes, exigée ou à tout le moins accueillie favorablement par tous les protagonistes du secteur, l’idée d’inclusion fait signe à la volonté affirmée de faire accéder aux standards de vie communs les personnes prises en charge dans les divers segments de l’action sociale et cela en tous domaines : formation, habitat, emploi, loisirs, culture, etc. Il paraît d’ailleurs, si d’aucun s’en avisait, très difficile d’être contre cette orientation ou même de manifester des réserves à son égard ; elle est en résonance avec un socle culturel global qui se diffuse à grande vitesse et qui met au cœur de nos formations sociales un « individu » considéré comme un « être de droit », en charge de construire sa subjectivité et attendant de la collectivité tous les moyens pour y parvenir. Ainsi, l’inclusion est le corollaire de la reconfiguration du principe d’égalité en celui de « non-discrimination » qui, dans une société d’individus, voudrait que chacun se voie totalement reconnu dans ses « différences » sans que ces dernières n’affectent en rien ses aspirations et sa situation…