Le néo-institutionnalisme du choix rationnel (institutional rational choice) est la déclinaison dans la constellation néo-institutionnaliste du paradigme utilitariste en sciences sociales. Contrairement à ses cousins « historique » et « sociologique », le néo-institutionnalisme du choix rationnel puise principalement ses fondements intellectuels dans la microéconomie. Il se caractérise donc par une attention particulière portée sur la rationalité stratégique des acteurs, un goût prononcé pour la modélisation et (parfois) une prétention à « dire le vrai » d’inspiration positiviste. Alors qu’il constitue un courant d’analyse important aux États-Unis, le néo-institutionnalisme du choix rationnel occupe une place marginale dans l’analyse des politiques publiques de l’Europe continentale, et plus particulièrement en France. Ce fait s’explique en partie pour des raisons historiques. Comme l’a montré récemment William Thomas, la théorie du choix rationnel a fait l’objet, aux États-Unis, d’un encouragement massif de la part du complexe militaro-industriel états-unien à l’époque de la guerre froide.
Le néo-institutionnalisme du choix rationnel se présente, en première analyse, comme une grille de lecture « microéconomique » des phénomènes sociaux et politiques. Cette approche postule en effet que les individus sont les atomes de la société, qu’ils ont des objectifs (ou préférences) clair(e)s et qu’ils cherchent à déterminer quel est le meilleur moyen pour parvenir à ces fins.
Conformément à une conception aujourd’hui dominante en microéconomie, la plupart des néo-institutionnalistes du choix rationnel font ensuite l’hypothèse que la rationalité des acteurs est limitée…