La professionnalisation relève d’un mouvement d’ensemble qui dépasse les seuls champs du travail et de la formation. Pour partie, il s’inscrit dans des évolutions conjointes du travail, des organisations privées et institutions publiques, ainsi que de la formation. Il s’accompagne d’une nouvelle conception de l’individu au travail avec l’apparition d’un lexique particulier (compétence, efficacité, flexibilité).
Le concept de professionnalisation fait l’objet d’une élaboration théorique d’abord en sociologie, anglo-saxonne en premier lieu puis européenne, en s’intéressant à la « fabrication des professions ». À gros traits, dans les pays anglo-saxons, une sociologie des professions s’est peu à peu constituée à partir de la fin du xixe siècle, dans l’intention de rendre compte (parfois en prenant position) de la façon dont des groupes d’individus, partageant les mêmes activités, s’organisaient dans des contextes de marché libre pour obtenir une place reconnue et obtenir une autorisation d’exercer. Un débat fort traverse alors ce champ entre les fonctionnalistes (Parsons, 1939) et les interactionnistes (Hugues, 1996) ; les premiers militant pour une certaine définition « idéal-typique » de la profession et les seconds insistant sur l’idée qu’une profession est d’abord à saisir dans une dynamique de construction sociale, mue par des enjeux de reconnaissance. Ont suivi et de façon plus récente des approches marxistes, néo-marxistes…
Dans les pays dans lesquels la place de l’État et d’une régulation centrale des activités est traditionnellement beaucoup plus forte (pays du vieux continent pour l’essentiel), les enjeux collectifs ne sont pas les mêmes et les dynamiques de mise en reconnaissance des activités professionnelles ne mobilisent pas les mêmes logiques…