La fatigue aurait-elle un sexe ? Ou pour le dire plus justement, le décryptage social et la désignation symptomatique de la fatigue reposeraient-ils sur les mêmes référentiels entre les femmes et les hommes ?
La notion de fatigue est problématique tant elle recouvre des formes de subjectivité hétérogènes et plurielles. Ainsi, parler de « fatigue » selon le sexe, c’est questionner la diversité des rapports normatifs à la santé assignés aux femmes et aux hommes. Pour autant, l’idée d’un affaiblissement des forces physiques organiques ou psychiques reste difficile à sérier sur des données objectivables et communes pour toutes et tous : la variabilité des ressentis et des seuils de pénibilité, ce qui sera désigné et perçu comme « fatigue », se différencie à l’épreuve de nombre de variables sociologiques telles que leur positionnement socioprofessionnel, leur âge, etc.
La littérature en sciences sociales – particulièrement en anthropologie et en sociologie – a démontré depuis presque un siècle l’importance des marqueurs et des formes de socialisation engendrant des rapports aux corps et aux identités différentiels entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes. Qu’ils s’agissent de cérémoniels à la puberté, de rites de passage ou d’assignations spatiales et comportementales, les formatages éducatifs et les conformisations aux normes sociales attendues selon son sexe sont toujours présents à tout âge et sont vécus le plus souvent sur le mode de l’inné tant ils sont profondément intériorisé…
Mots-clés éditeurs : Construction sociale, Fatigue émotionnelle, Langueur, Clinophilie, Neurasthénie, Bovarysme, Inégalités sociales, Infirmières, Mélancolie
Date de mise en ligne : 10/12/2017
https://doi.org/10.3917/droz.zawie.2016.01.0386