Les musulmans sont particulièrement scrutés dans les sociétés française, européennes et occidentales. C’est une évidence depuis les attentats de 2001, mais cette surveillance s’est encore accrue après les attaques commanditées par Daesh dans l’Hexagone à partir de 2015. La plupart du temps, les élus, les analystes et les journalistes évitent la confusion entre musulmans, islamistes et jihadistes, mais ce n’est pas toujours le cas ; à droite de la droite, c’est même assez courant. Éric Zemmour, le 19 novembre 2015, quatre jours après les attentats du Bataclan et du Stade de France, a déclaré lors d’une chronique matinale sur RTL que « la France devrait bombarder Molenbeek ». Après les attentats de 2015 et 2016, la twittosphère d’extrême droite a popularisé le hashtag « pas d’amalgame » pour s’opposer aux acteurs publics et politiques qui visaient justement à éviter que ne soit mis en accusation l’ensemble de la communauté musulmane. En octobre 2019, l’interpellation par un élu du Rassemblement national (RN) d’une femme voilée dans l’hémicycle de la région Bourgogne-Franche-Comté a relancé le débat sur le voile dans l’espace public, et Marine Le Pen a proposé de voter une loi qui l’interdirait. Ici ces responsables politiques sont bien sûr dans leur rôle et se conforment à leur idéologie et à leurs craintes. Mais d’autres déclarations, venant d’acteurs qui n’appartiennent pas à ce camp idéologique, démontrent l’étendue de ce qu’on peut appeler la culture du soupçon. Ainsi Alain Juppé, chantre de « l’identité heureuse » et du dialogue interreligieux à Bordeaux en particulier, a déclaré en novembre 2015 que « les Français musulmans doivent dire qu’ils n’ont rien à voir avec cette barbari…