Notes
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[1]
A. Boal, Théâtre de l’opprimé, Paris, La Découverte, coll. « Poche », 1996.
1Mado : Après la dramaturgie simultanée, l’histoire du théâtre de l’opprimé ne s’arrête pas là. D’après cette expérience, avec la phrase de Che Guevara en tête mais aussi d’après Paulo Freire, un éducateur brésilien avec qui ton père a travaillé, Augusto Boal fait ensuite ce qu’il a appelé le « théâtre de l’opprimé ». L’influence de Paulo Freire a été décisive, dis-tu.
2Julian : Si Augusto Boal a appelé sa méthode « théâtre de l’opprimé », c’est en hommage à Paulo Freire et à sa pédagogie de l’opprimé. Rappelons ici que Boal écrit son premier livre Théâtre de l’opprimé [1] d’après les expériences théâtrales qu’il a menées avec des paysans péruviens pendant une campagne d’alphabétisation qui s’inspirait des méthodes de Freire.
3L’originalité de la démarche de Paulo Freire peut être résumée en quelques points. Tout d’abord il ne s’agit pas uniquement d’apprendre à lire et à écrire, il faut aussi apprendre à décrypter le monde qui nous entoure ; selon les propres mots de Paulo Freire, il s’agit de « promouvoir chez le peuple touché par une action éducative une conscience claire de sa situation objective ». Il ne s’agit pas là d’un endoctrinement puisque « le but de l’éducateur n’est plus seulement d’apprendre quelque chose à son interlocuteur, mais de rechercher avec lui, les moyens de transformer le monde dans lequel ils vivent ».
4Et c’est là surtout que Paulo Freire est révolutionnaire, en préconisant une approche globale qui ne doit plus se contenter d’être une simple transmission de savoir mais qui doit instituer également des nouveaux rapports entre enseignants et apprenants.
5Ces rapports ne doivent plus être verticaux, hiérarchiques mais dialectiques. L’éducation vise, selon la pédagogie de l’opprimé, non pas à faire des dépôts de savoir mais à aiguiser un sens critique. Cela passe évidemment par une revalorisation des élèves, des couches populaires, de leurs savoirs propres, de leur capacité toujours intacte à appréhender le monde et à le réinventer si on leur donne les outils nécessaires pour le faire.
Mado : C’est alors que ton père pense la « poétique » du théâtre de l’opprimé en envisageant « le théâtre comme un langage » pour mieux comprendre la réalité, mieux connaître le monde dans lequel on est et pour être capable de le transformer.
Date de mise en ligne : 01/08/2014.
Notes
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[1]
A. Boal, Théâtre de l’opprimé, Paris, La Découverte, coll. « Poche », 1996.