« Changer la société sans prendre le pouvoir », réclamaient les pionniers de la culture numérique. Les premières formes d’action politique sur le web ont été portées par des groupes périphériques, libertaires et artistiques, qui n’avaient pas l’ambition d’entrer dans le jeu politique. Dans un ouvrage précurseur, L’Internet militant, Fabien Granjon a même observé que parmi les pionniers du web, les plus actifs et les plus enclins à s’emparer du web pour s’exprimer et se coordonner étaient des collectifs, eux-mêmes peu centralisés et peu bureaucratiques : syndicats minoritaires, réseaux d’artistes, militants internationaux ou essaims libertaires. Le premier groupe militant à faire un usage intensif d’internet est d’ailleurs le mouvement mexicain zapatiste du sous-commandant Marcos : en 1995, donc au tout début du web, les zapatistes développent, depuis les forêts du Chiapas, une communication extrêmement efficace pour faire connaître leur cause au monde entier. Via leur site web et des listes de discussion, ils réussirent à attirer l’année suivante au fin fond du Mexique 5 000 militants, intellectuels et personnalités en provenance de 42 pays, pour une « Rencontre intercontinentale pour l’humanité et contre le néolibéralisme » (surnommée, avec humour, « Rencontre intergalactique »). Rien de cela n’aurait été possible sans le web naissant (document 42).
En 1999, lors du sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de Seattle, prend forme le mouvement altermondialiste qui initiera lui aussi un immense travail de coordination internationale sur le web…
Mise en ligne 19/05/2019