Pour aborder le thème de la créativité et du partage du monde interne avec les enfants autistes, je vais faire un détour par une situation où la réponse de l’enfant semble totalement impossible : les enfants dans le coma. Lors d’une recherche-action dans le service de réanimation pédiatrique de l’hôpital de Garches, j’ai accompagné l’équipe soignante dans leur recherche d’amélioration de la qualité de prise en charge des enfants dans le coma.
Deux enfants ont été particulièrement concernés : Thomas, 13 ans, dans le coma depuis sept mois après un accident de la route ; Rodolphe, 11 ans, dans un état de coma prolongé à la suite d’une anoxie cérébrale. Nous avons chanté pour eux de manière régulière, pendant toute la durée de leur hospitalisation.
Sur les conseils du chef de service, ne sachant pas s’ils entendaient ou pas, nous sommes partis du présupposé qu’ils entendaient. Nous avons découvert l’importance d’adresser la chanson à l’enfant tout en l’observant. Le temps d’interprétation d’une chanson est d’à peu près deux minutes. L’équipe a pris conscience que jamais dans un service de réanimation un soignant ne peut se permettre de rester aussi longtemps auprès d’un enfant, sans l’obligation de prodiguer un geste nécessaire au soin.
Nous avons alors mesuré la richesse de l’observation pendant que l’enfant écoute sans pouvoir en manifester aucun signe de « bonne réception ». Rodolphe a commencé à sourire dès qu’il entendait le mot « papa » dans une chanson, Thomas s’est réveillé en chantant distinctement un mot présent dans le texte d’une des chansons qu’il a entendues…