En 1983, dans Explorer la ville, Ulf Hannerz jetait les bases d’une anthropologie urbaine inspirée par les travaux pionniers de Simmel, Park, et plus largement de l’École de Chicago, mais aussi par les méthodologies d’observation, de collecte de données et d’analyse, développées par la microsociologie et l’ethnographie des villes. Hannerz y définissait la ville comme le « réseau des réseaux » et concevait l’urbanité du citadin à partir des caractéristiques distinctives de son expérience de socialisation. Selon lui, cette expérience – décrite en termes d’interaction – l’amène à se représenter la ville et à ressentir son appartenance en fonction de la pluralité et de l’intensité de ses engagements : si à aucun moment il ne conçoit ce rapport à la ville en termes d’attachement, il prend néanmoins ses distances avec l’idée d’un citadin déraciné sous prétexte qu’il a quitté sa communauté d’interconnaissances – son village et sa parenté. Hannerz évoque, sans le thématiser, un collectif irréductible aux groupes circonscrits auxquels le citadin a accès, que profileraient les « potentialités » du réseau des réseaux qui fait de la ville ce qu’elle est. Les limites ou les possibilités d’extension, la densité et la ramification de ses liens donnent au citadin une représentation de la ville imbriquée dans son histoire personnelle, une représentation donc, pouvant induire un sentiment d’attache et d’appartenance.
En 2015, Michel Agier publie son Anthropologie de la ville, qui s’inscrit dans la continuité des travaux d’Hannerz…