La maladie somatique et le handicap sont des champs de recherche distincts qui recouvrent des thématiques communes, par exemple le traumatisme de l’annonce ou la subjectivation du corps atteint.
Aujourd’hui, les psychologues cliniciens se référant à la psychanalyse interviennent à l’hôpital dans la plupart des spécialités médicales. À partir du socle commun de l’hypothèse de l’inconscient, ils travaillent, hors divan, selon des dispositifs pensés en fonction de notions comme l’espace transitionnel (Winnicott, 1975 ; Anzieu, 1979 ; Roussillon, 2008a), la contenance (Bion, 1962 ; Ciccone, 2012). Ils partagent la conception freudienne d’un corps libidinal et érogène qui ne peut se réduire à ses seules données biologiques. Si les théories et les pratiques psychanalytiques tiennent compte de la réalité de la maladie, c’est selon une perspective distinguant discours médical, qui tend à l’objectivation, et discours du patient façonné par sa subjectivité et sa souffrance (Pedinielli, 1999 ; Del Volgo, 2012 ; Keller, 1997 ; Schwering, 2015).
La médecine contemporaine, qui repousse toujours plus loin les limites du corps humain et de la vie, adresse des défis inouïs à la subjectivité de tous les acteurs du champ médical. Ce sont ces défis que les cliniciens chercheurs référés au champ psychanalytique cherchent à identifier sous des angles divers, dont les progrès en réanimation ont fourni un exemple paradigmatique. Si ces progrès sauvent des vies, ils induisent aussi de nouvelles situations de handicap (états pauci-relationnels) (Boissel et coll…