Ce chapitre se propose de mettre en évidence l’impact du changement opéré dans le régime de croissance des pays capitalistes développés à partir du début des années 1990 sur la stratégie et les performances financières des grandes entreprises cotées. Ce changement de régime se manifeste par le basculement d’un capitalisme contractuel à un capitalisme financiarisé, qui est imputable à la politique économique néolibérale qui a été mise en œuvre depuis le début des années 1980 dans tous les grands pays capitalistes développés. Le nouveau régime de croissance qui en résulte est fondé sur deux piliers essentiels. Au plan microéconomique, la gouvernance d’entreprise se transforme en passant d’un modèle de type stakeholder, c’est-à-dire partenarial, où la direction a pour mission de trouver des compromis à long terme avec les différentes parties prenantes de l’entreprise, notamment avec les salariés à travers la négociation collective, à un modèle de type shareholder, c’est-à-dire actionnarial, dans le sens où la direction s’engage à gérer l’entreprise dans le but de répondre aux intérêts des actionnaires. Au plan macroéconomique, la mondialisation s’impose à la fois comme cadre de développement de l’activité des entreprises et comme contrainte à travers la libéralisation des marchés financiers et l’intensification de la concurrence sur le marché mondial. Dans ce contexte, les grandes entreprises cotées adoptent une nouvelle stratégie qui a pour principe directeur la création de valeur actionnariale et pour horizon le marché mondial…