Il est toujours agréable, lorsqu’on écrit un livre, de le voir discuté par des lecteurs attentifs et bienveillants qui, même quand ils sont en désaccord avec l’auteur, s’efforcent de comprendre son point de vue et lui épargnent les faux procès pour mettre l’accent sur les questions les plus importantes qui sont aussi, le plus souvent, les plus difficiles. Je suis donc très reconnaissant à Marc Lazar, Jean-Pierre Le Goff et Bernard Poulet de l’attention qu’ils ont mise dans leur lecture et je remercie très vivement mes amis du Débat d’accueillir cette discussion (qui porte, il est vrai, sur un sujet dont cette revue a depuis longtemps perçu l’importance). Comme toujours, cependant, dans ce type d’exercice, l’auteur discuté peut avoir l’impression qu’il a parfois été mal compris (ou qu’il s’est mal expliqué) et que certaines objections viennent plutôt de malentendus que de divergences réelles, ce qui risque d’avoir pour effet de parasiter le débat et, finalement, de faire passer au second plan les désaccords les plus significatifs. Pour éviter cet écueil, je commencerai donc par expliquer brièvement quel était mon projet, avant d’en venir aux arguments propres à chacun de mes interlocuteurs.
Si l’ouvrage s’intitule L’Extrême Gauche plurielle (plutôt que Les Nouvelles Radicalités, titre de la note Saint-Simon de 1999), ce n’est pas simplement pour insister sur l’évidente diversité de l’extrême gauche ou, si l’on préfère, de la « gauche radicale » ou de la « gauche de la gauche », mais aussi pour marquer que, comme dans le cas de la « gauche plurielle » de 1997, cette diversité n’empêche pas une certaine complémentarité des divers courants qui, sans jamais vraiment pouvoir fusionner, peuvent contribuer ensemble à produire des effets qu’aucun d’eux ne saurait atteindre à lui tout seul…