Zilsel 2019/1 N° 5

Couverture de ZIL_005

Article de revue

Penser « la nature et la société » face à la catastrophe climatique (ou : le procès de Bruno Latour)

Pages 367 à 381

Notes

  • [1]
    Citons toutefois, comme entrée dans la littérature, l’ouvrage de Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz (L’événement anthropocène. La Terre, l’histoire et nous, Paris, Seuil, 2013), ainsi que les deux articles publiés en 2017 dans les Annales HSS, vol. 72, № 2, par Grégory Quenet (« L’Anthropocène et le temps des historiens », p. 267-299) et Pierre Charbonnier (« Généalogie de l’Anthropocène. La fin du risque et des limites », p. 301-328).
  • [2]
    Pour une autre analyse de ce régime de « présent perpétuel », voir François Hartog, Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Seuil, 2003.
  • [3]
    Kate Soper, What is Nature ? Culture, Politics and the Non-Human, Londres, Blackwell, 1995, p. 132-133.
  • [4]
    Cf. Simon Hailwood, Alienation and Nature in Environmental Philosophy, Cambridge, Cambridge University Press, 2015.
  • [5]
    Sur les variétés du constructivisme, voir Ian Hacking, Entre science et réalité. La construction sociale de quoi ?, trad. de Baudouin Jurdant, La Découverte, 2001.
  • [6]
    De même, le fait que les mésanges, par exemple, utilisent les mégots de cigarettes pour fabriquer leurs nids, car leurs vertus antiparasitaires repoussent les tiques, ne fait pas d’elles des êtres « hybrides », comme le remarque Baptiste Morizot (Les diplomates. Cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant, Paris, Éditions Wildproject, 2016, p. 87). À l’instar du réchauffement climatique, mais à une autre échelle, le retour du loup en France constitue d’ailleurs pour lui une chance de restaurer une relation perdue avec la nature et son irréductible (insoluble) altérité : pour Morizot, « les bergers ne font que porter le poids d’un effet collatéral d’une étrange amélioration de nos relations constitutives au vivant, ambiguë, mais à fêter, car elles sont rares […]. Le retour du loup nous renvoie le reflet de ce que nous avons été, de ce que nous ne sommes plus […]. C’est une opportunité terraformatrice » (ibid., p. 301, 303, il souligne).
  • [7]
    Bill MacKibben, The End of Nature : Humanity, Climate Change and the Natural World, New York, Random House, 1989. Malm note du reste que la version extrême de ce constructivisme n’est que rarement tenue, dans le sens où aucun théoricien ne réussit en réalité à ne pas faire référence à la nature : « même ses nécrologues ne parviennent pas à évoquer le cadavre sans mentionner ses mouvements, et cela signifie sans doute qu’il est encore bien vivant. » (p. 42)
  • [8]
    Sur ce point, Malm mentionne les propositions de William H. Sewell (Logics of History : Social Theory and Social Transformation, Chicago & Londres, University of Chicago Press, 2005). On pourrait aussi bien évoquer le lexique des « lignages » associé à la sociologie processuelle d’Andrew Abbott (cf. Morgan Jouvenet, « Contextes et temporalités dans la “sociologie processuelle” d’Andrew Abbott », Annales HSS, vol. 71, № 3, 2016, p. 597-630). L’enquête porterait ainsi sur la rencontre – pour reprendre un terme valorisé par Malm – de lignages humains et naturels.
  • [9]
    Cf. Bruno Latour, Reassembling the Social : An Introduction to Actor-Network-Theory, Oxford, Oxford University Press, 2005. Malm vise aussi les travaux de Donna Haraway. Ceux-ci concernent néanmoins plutôt la question à la fois plus précise et plus difficile de la continuité entre l’humain et l’animal.
  • [10]
    Malm reconnaît au moins une vertu à l’anthropologie de Latour : la place qu’elle a donnée aux objets dans les assemblages qui font le monde social. Ceux qui y voient une innovation en sont cependant pour leurs frais, puisqu’il précise aussi que « l’œuvre entière de Marx et de Engels peut être lue comme une longue analyse de la façon dont les relations humaines ont été incorporées dans des choses ». Mais la prise en compte de ces choses ne nourrit pas les mêmes questionnaires. Si l’on peut voir la domination comme « un effet » du réseau associant humains et non-humains, « et non une cause » (Latour), Malm souhaite surtout identifier les intentions humaines à l’origine de l’installation de certains dispositifs matériels. Chez Latour, on connaît l’exemple célèbre des ralentisseurs (ou « gendarmes couchés »), à qui est déléguée une partie de la régulation de la circulation automobile. Malm évoque quant à lui les plus repoussants « barbelés déroulés aux frontières européennes en 2015 et 2016 », pour attirer l’attention autant sur la force de certains objets que sur les intentions qu’ils incarnent (leur « intentionnalité dérivée »). Sans cette enquête sur les intentions, la focalisation sur les objets n’est selon lui qu’un fétichisme de plus (p. 141, 147, 170). Sur les barbelés, on pourra consulter l’histoire qu’en propose Reviel Netz (dont les travaux sur les mathématiques en Grèce ancienne ont été chaleureusement salués par Latour) : Barbed Wire : An Ecology of Modernity, Middletown, Wesleyan University Press, 2004.
  • [11]
    Carolyn Merchant, The Death of Nature : Women, Ecology, and the Scientific Revolution, New York, Harper Colins, 1980 ; Stefano Longo, Clausen Rebecca et Clark Brett, The Tragedy of the Commodity : Oceans, Fisheries, and Aquaculture, New Brunswick, New Jersey & Londres, Rutgers University Press, 2015 ; Naomi Klein, This Changes Everything : Capitalism vs The Climate, Londres, Allen Lane, 2014.
  • [12]
    Le livre récemment traduit de Gerard De Vries (Bruno Latour. Une introduction, trad. de Fleur Courtois-L’Heureux, Paris, La Découverte, 2018) propose un panorama complet, mais relativement apologétique. Pour deux éclairages récents sur le parcours de Latour, voir l’entretien qu’il a accordé à Sylvain Bourmeau (« Les intellectuels du 21e siècle. Entretien avec Bruno Latour », 9 juillet 2018, http://france.tv/france-5/les-intellectuels-duxxie-siecle/562513-entretien-avec-bruno-latour.html) et l’article de Ava Kofman pour le New York Times Magazine (« Bruno Latour, the Post-Truth Philosopher, Mounts a Defense of Science », The New York Times, 25 octobre 2018, http://nytimes.com/2018/10/25/magazine/bruno-latour-post-truth-philosopher-science.html). Sites consultés le 26 octobre 2018.
  • [13]
    Pour un essai de modélisation « fractale » de ces processus, voir Andrew Abbott, Chaos of Disciplines, Chicago & Londres, University of Chicago Press, 2001.
  • [14]
    La « climate fiction » constitue désormais un genre établi de la production littéraire et cinématographique, qui a ses spécialistes (et sa page Wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/Climate_fiction).
« Quoiqu’il soit assez vrai qu’une simple confiance dans le progrès aille de pair avec une conception déformée de la nature humaine. […] Et vous, où avez-vous été initié à la catastrophe ? »
Saul Bellow, L’hiver du doyen, Paris, Flammarion, 1992, p. 236.

À propos d’Andreas Malm, The Progress of This Storm : Nature and Society in a Warming World, Londres, Verso, 2018, 248 pages

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1Quoi qu’on pense de sa pertinence, il faut reconnaître que le terme d’« anthropocène » est désormais difficile à ignorer quand on s’intéresse aux sociétés contemporaines. Mot-clé d’un nouveau « grand récit » global associant sciences de l’homme et de la nature, pour certains, concept-écran vidant l’histoire de la pollution de la nature par les activités humaines de son sens politique, pour d’autres, il est aujourd’hui au centre d’une littérature foisonnante, avec ses ouvrages classiques et ses revues dédiées (et qu’il est déjà impossible à présenter en quelques lignes [1]). Si les enquêtes empiriques menées au sein des sciences de la nature et des sciences humaines et sociales (SHS) lui sont indispensables, l’hypertrophie de cette littérature repose essentiellement sur la théorie sociale et la philosophie : au-delà des données produites sur les évolutions du climat ou de la biodiversité, ou bien des enquêtes menées sur la gestion des ressources naturelles et sur les activités polluantes définissant les sociétés industrielles, la plus grande partie des publications sur l’anthropocène – et la plus visible – présente des réflexions sur les concepts, les lexiques, les ontologies, etc. qui permettent (ou empêchent) de bien saisir les enjeux des relations entretenues par l’homme et la nature à notre époque et à celles qui l’ont précédée.

2Historien, Andreas Malm a publié en 2016 une riche étude empirique sur le choix du charbon comme moteur de l’économie industrielle, et sur ses conséquences funestes pour le climat de notre planète : Fossil Capital : The Rise of Steam Power and the Roots of Global Warming (Verso, 2016). Dans son nouveau livre, The Progress of This Storm : Nature and Society in a Warming World, il s’appuie sur cette analyse de l’« économie fossile » pour affirmer ses préférences en matière de théorie sociale, en opposition à des courants de pensée qu’il estime fautifs – sur un plan intellectuel et politique.

Menace sur la condition postmoderne

3Ce ne sont pas des données sur l’augmentation du taux de CO2 ou des températures, ou bien des projections sur la montée des eaux, ni même des rappels historiques sur le « capitalocène », qui fournissent le point de départ de The Progress of This Storm, mais une analyse empruntée à la théorie sociale de Fredric Jameson. L’ire anticapitaliste de Malm s’exprime en effet aussi contre les formes de vie que Jameson a associées à la postmodernité, et qui ont des effets culturels désastreux, au sens où ils atrophient les esprits en périmant des concepts pourtant cruciaux pour comprendre notre rapport à la nature. Ainsi, un monde où les relations et connections spatiales (celles du « monde global ») saturent l’horizon, « nous maintient enfermés dans un présent perpétuel », dans des vies pour lesquelles « seul le présent existe » (p. 1) [2]. L’expérience du contact avec l’ancien monde, dont les modernes jouissaient encore en s’éloignant des centres urbains et en parcourant des paysages associés « au naturel et à l’immémorial », se réduit comme une peau de chagrin, écrit Malm. La postmodernité (i. e. l’achèvement du « processus de modernisation ») opère donc une double réduction, en produisant un ordre social « vide de temps et de nature ». De ce point de vue, la menace représentée par le réchauffement climatique en cours constitue également l’occasion d’un réveil culturel salutaire : avec lui, l’homme postmoderne – que l’attachement aux écrans a rendu de plus en plus imperméable à « ce qu’il se passe dans la nature » – est obligé de réaliser, d’une part, « combien les enclaves les plus artificielles du confort [postmoderne] reposent sur la nature », et, d’autre part, combien cette nature dépend de notre histoire. En effet, l’air devient un problème, et cet air « est lourd du passé [heavy with time] », car les événements climatiques du présent résultent d’émissions de gaz à effet de serre passées. Ainsi, « la postmodernité semble être visitée par son antithèse » (p. 11-15, 171).

4Le problème, pour Malm, est qu’en matière de théorie sociale, le retour de la nature a projeté ses observateurs dans de multiples directions. Cet éclatement est un gâchis que l’on peut conjurer en séparant le bon grain de l’ivraie, et il est grand temps de le faire. Le principe adopté pour ce tri est énoncé clairement : « toute théorie de la condition climatique actuelle devrait avoir comme point de référence pratique, ou au moins idéal, la lutte pour la stabilité climatique – avec la démolition de l’économie fossile comme première étape nécessaire. » (p. 18). Le travail critique de Malm s’inscrit dans une perspective explicitement militante, et l’intérêt des options conceptuelles dont il promeut le réalisme et la cohérence pour traiter des rapports entre « société et nature » s’explique donc aussi par leur compatibilité avec ce projet politique.

En finir avec « la fin de la nature »

5Au départ de ce tri pour le moins engagé, Malm décèle une cause de malformation théorique dans l’inclination « postmoderne » de certains auteurs pour « l’air pur du texte » : par exemple, ces historiens qui présentent leur travail comme un discours parmi d’autres, une simple « invention d’images du passé », n’entretenant qu’un rapport spéculatif avec les acteurs et événements des mondes anciens. Dans le même esprit, certains concluent à l’inaccessibilité (voire à l’inexistence) de « la nature » du fait que des exploitants forestiers et des environnementalistes s’opposent des visions différentes d’une même forêt (p. 21-23). Pour Malm, ces formes extrêmes de constructivisme confinent au négationnisme, et coupent toute possibilité pour ses adeptes d’avoir une quelconque prise sur le monde. L’historien de l’économie fossile reconnaît, bien sûr, que « les conceptions de la nature sont culturellement déterminées » ; mais cela ne doit pas faire disparaître du terrain d’enquête le référent naturel physique. Pour cela, il lui semble de bon aloi de graver dans le marbre une définition réaliste de la nature, empruntée à Kate Soper :

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« les structures matérielles et les processus qui sont indépendants de l’activité humaine (dans le sens où ils ne sont pas des produits créés par les humains), et dont les forces et pouvoirs causaux sont les conditions nécessaires de toute pratique humaine, et déterminent les formes qu’elle peut possiblement prendre. » [3]

7Malm partage l’idée (avec Simon Hailwood, notamment [4]) qu’il est important de ne pas réduire à néant cette indépendance, i. e. de prendre en compte le fait qu’une partie des processus et propriétés naturels n’est pas – et même ne peut pas, ne pourra jamais – être modifiée par l’homme. Ces arguments visent en quelque sorte à arrêter le curseur du constructivisme [5] avant l’adoption d’une absurde version littérale et exclusive, qui conduit certains auteurs à assimiler le climat, le charbon ou les océans à des produits de l’activité humaine, au même titre que « les montres et les ordinateurs », parce que ces activités transforment leurs conditions d’existence [6].

8Malm estime dès lors que c’est faire fausse route que de proclamer « la fin de la nature » comme l’ont fait certains lanceurs d’alerte environnementalistes (à la suite de Bill MacKibben [7]), car cela revient à adopter une « définition puriste » de la nature, à laquelle il s’oppose logiquement : « si je mets du sucre dans mon café, je n’en viens pas à croire que mon café a disparu ». La nature ne s’est pas volatilisée, elle existe simplement dans un état différent. Il s’agit donc de résister à l’idée d’une action humaine toute puissante, anéantissant toute altérité naturelle dès l’instant où elle s’y applique (une idée également au principe des fantasmes prométhéens qui s’expriment chez certains penseurs de la géo-ingénierie climatique, croyant que l’on peut « gérer le système climatique comme s’il était une machine », note Malm p. 205), pour adopter une perspective processuelle, analysant des processus de composition (avec la nature) et de transformation (de la nature) étendus dans le temps (p. 28-39) [8].

Les méfaits de l’hybridisme a la Bruno Latour

9L’une des tares de l’« hybridisme » est de brouiller ces pistes. C’est pourtant une bannière sous laquelle une bonne partie de la théorie sociale actuelle est produite, déplore Malm. Et, selon lui, Bruno Latour est « la source d’inspiration principale de cette façon de penser », de ce « dissolutionnisme » qui « proclame que la société et la nature sont devenues impossibles à distinguer parce qu’elles sont en fait une seule et même chose » (p. 44-46). Avec cette incrimination commence le procès de Latour dans The Progress of This Storm, en tête de la cohorte de ces théoriciens pour lesquels, semble-t-il, « il n’y a pas d’extase plus élevée que la dissolution des dualismes » (p. 185). Cette tendance s’exprime notamment sous la forme d’un anti-cartésianisme. Mais en réalité, ce rejet est superficiel, car Malm décèle dans l’hybridisme les traces fatales d’« une forme extrême de dualisme » de la substance – puisque c’est la conception d’une radicale différence de la nature et de la société qui interdit à Latour et consorts d’envisager leur coexistence. Ergo, « l’hybridisme est au cartésianisme ce que les cigarettes électroniques sont aux cigarettes » (p. 51).

10Il faut donc l’abandonner, au profit d’un « monisme de la substance » et d’un « dualisme des propriétés » permettant de penser les relations de dépendance et les différences entre des entités présentant une certaine communauté de substance, mais des propriétés différentes. Le fait que l’arbre se nourrit de la terre et dépérit sans elle n’oblige pas à les confondre ; de même, le fait que la société ne peut se déployer hors de la nature n’empêche pas de reconnaître qu’« elle s’est ramifiée dans d’innombrables directions dans le cours de ce que nous appelons l’histoire » (p. 52-59). Car si « les propriétés sociales dépendent, en dernière instance des propriétés naturelles », leur caractère émergent implique qu’elles ne peuvent être réduites aux propriétés naturelles des entités qui les supportent. Face à une marée noire ou au « trou » dans la couche d’ozone, la pensée véritablement écologique implique ainsi de reconnaître que « tout est connecté », mais aussi que les relations de production à leur origine « sont matérielles et sociales et non naturelles » (p. 63-70). Ainsi, « le changement climatique n’est pas construit mais provoqué [not built but triggered]. Le climat n’est pas créé mais changé, débloqué, perturbé, déstabilisé [changed, unhinged, disrupted, destabilised]. » Le choix des mots importe ici, et Malm appelle à oublier le lexique de l’hybridisme, qui conduit à considérer « qu’il n’y a rien de qualitativement différent entre le processus de la photosynthèse et celui de négociations climatiques à l’ONU », au profit de celui de l’articulation : il est important en effet de pouvoir considérer la façon dont les configurations sociales, par exemple celles qui sont au principe de l’économie fossile, s’articulent (« combine ») avec des processus naturels qu’elles ne peuvent pas modifier (p. 73-74).

11Pour Malm, l’aspect intentionnel des activités humaines les différencie de façon essentielle des processus (simplement) naturels. Il y a donc un risque important à succomber au charme des sirènes du « nouveau matérialisme », qui met en valeur l’« agentivité » de la matière inanimée (par exemple celle des fleuves, des espèces chimiques ou des forces géophysiques). Cette focalisation a en effet entraîné certains auteurs à se passer de la distinction entre une action intentionnelle et « la [simple] production d’une différence dans un état de fait » – pour reprendre la définition donnée par Latour de cette « agentivité » [9]. Cette option analytique n’est pas seulement à contre-courant du sens pratique commun, elle est aussi invalidée par un vaste corpus de philosophie de l’action, auquel Malm consacre quelques pages. Pour ce qui concerne le changement climatique, notamment, il importe de distinguer les choix effectués par certains collectifs humains au cours de leur histoire (et les intentions à leur origine) des processus constitutifs du système climatique : en l’occurrence, ce qui est en cause dans le réchauffement actuel, ce sont bien les activités humaines, « le reste n’est que conséquences [physico-chimiques] » (p. 108). L’autre problème, crucial dans la perspective activiste de Malm, est que la dissolution de l’intentionnalité humaine fond dans la masse (celle des « agents ») les responsables aux manettes de l’économie fossile : pour lui, la dissertation sur l’agentivité du charbon, par exemple, produit un écran de fumée coupable, car nuisant à l’analyse des décisions politiques, économiques, industrielles, etc. que l’on peut estimer aujourd’hui à l’origine du changement climatique (p. 98-99, 111-112). Pour Malm, c’est d’autant plus incompréhensible que certains acteurs clés de cette histoire ne cachent pas du tout les intentions qui les animent. L’exemple de Rex Tillerson, 41 ans de service dans l’industrie pétrolière, à la Maison-Blanche auprès de Donald Trump (jusqu’à son limogeage en mars 2018), est édifiant : « ma philosophie [sic] c’est de faire de l’argent. Si je peux me faire de l’argent en forant, c’est ce que j’ai envie de faire » (cité p. 106).

12Malm souligne aussi que face à ce type d’acteurs (et à leurs réseaux), responsables de la « violence irrationnelle » consistant à persister dans l’exploitation du charbon, ou dans l’extension des infrastructures au service des automobiles ou de l’aviation, l’abandon de toute référence à l’idéal de vérité scientifique, au profit d’une analyse de la « robustesse » dérivée de la puissance intéressée d’acteurs (et d’actants) alliés, constitue une expérience heuristique politiquement néfaste. Il est difficile, remarque l’historien, d’établir aujourd’hui que l’accumulation, la solidification et la diffusion des données climatologiques ont affaibli les climatosceptiques. Dans ces conditions, nier la spécificité du discours scientifique aurait plutôt tendance à faciliter encore la propagande de ces derniers. Autrement dit, l’aplanissement relativiste du champ de bataille est un handicap qui rend très incertaine l’issue de la confrontation plus directe à laquelle appelle Latour, en exhortant les climatologues (et leurs alliés) à assumer davantage la robustesse et la puissance de leurs assemblages scientifico-politiques. À son relativisme, Malm oppose un « réalisme épistémologique du climat », qu’il présente à travers dix thèses soulignant la déconnexion analytique du couple puissance-vérité (« might/right »), l’indépendance des objets du savoir vis-à-vis des moyens de la connaissance humaine, mais aussi l’importance politique des discours sur la nature (p. 126-133) [10].

Pour des sciences humaines et sociales à la traction politique retrouvée

13Aux yeux de Malm, l’inconséquence politique des options théoriques prônées par Latour – son relativisme, son fétichisme, son hobbésianisme augmenté (« hobbesianism-plus-things »), etc. – est énorme. Ces options trouvent en outre un écho suspect dans certaines de ses déclarations (e. g. « don’t focus on capitalism ») et certains de ses compagnonnages (par exemple avec le Breakthrough Institute). L’animosité envers « ce bienveillant centriste français » est clairement exprimée, et il n’est pas exclu qu’elle ait été motrice pour la réflexion de Malm. Mais, s’il est souvent très personnalisé, le procès intenté à Latour lui permet surtout de passer en revue un certain nombre de travers de la théorie contemporaine, qu’il estime incompatible (au mieux) avec la critique de l’économie fossile et l’identification des foyers du pouvoir capitaliste qui la soutiennent. Pour Malm, la rupture avec cette économie, et l’éloignement du désastre climatique qu’elle a produit, passent par une action collective à la conscience historique et au projet de transformation sociale explicite, dont la révolution soviétique est l’incarnation typique – ce qui lui permet de conclure son chapitre 3 avec ce verdict : « moins de Latour, plus de Lénine : voilà ce que réclame le réchauffement climatique ». Et pour sortir de « l’orgie dans la boue » (le résumé un peu abrupt qu’il donne de Politique de la nature) et trouver des appuis théoriques au militantisme écologique nécessaire au bien-être climatique, Malm propose finalement assez logiquement de renouer avec le matérialisme historique marxiste.

14Identifier une conception univoque de la nature, dans cette tradition, n’est toutefois pas évident, et Malm s’attache à en extraire une dialectique en phase avec le « réalisme épistémologique » qu’il promeut (celle de « l’inextricabilité absolue et de la variété absolue » des rapports homme-nature). C’est aussi dans la tradition marxiste qu’il trouve le lexique de la « combinaison » qu’il estime préférable à celui de l’hybride, et qui doit permettre, à la fois, de saisir les processus d’« historicisation ou de socialisation de la biosphère », et de mettre au jour les leviers d’une « intervention stratégique » sur le monde social (p. 162, 168-169, 173). De ce point de vue, on peut dire que la pollution résultant des activités humaines a ouvert une « faille métabolique » entre « les processus et cycles biophysiques de la nature » et les processus sociaux. L’analyse de cette faille est déjà avancée, et Malm en présente les principaux axes, tels qu’ils sont dessinés dans une série de travaux qui vont du classique The Death of Nature à The Tragedy of the Commodity, en passant par Marx, Marcuse et Naomi Klein [11].

15Pour lui, la lucidité face à la « malédiction » climatique qui résulte de l’addiction du capitalisme aux énergies fossiles impose de faire marche arrière, le plus vite possible. Dans sa conclusion (sous-titrée « un pas en arrière, deux pas en avant »), Malm répète cette urgence, qui explique qu’il embrasse sans gêne le catastrophisme que d’autres peuvent juger contre-productif. Son horizon de pensée, je l’ai dit, c’est une action collective qu’il présente comme une « entreprise de démolition » de l’économie fossile, alors qu’« il est devenu plus facile d’imaginer la fin du monde que celle du capitalisme » (Jameson). Le but de The Progress of This Storm n’est pas de proposer la feuille de route qui doit conduire à cette révolution globale, mais de fournir les instruments analytiques les plus efficaces pour sublimer les peurs (et la colère) que suscite l’exploitation capitaliste des ressources fossiles, et engager la réflexion sur une voie à la motricité plus sûre. Car « si nous ne pouvons pas paniquer comme il le faut, nous ne pouvons pas engager les actions radicales nécessaires » (p. 226).

Une charge éclairante et engageante

16Pour cela, il faut d’abord rompre le charme exercé par certaines théories dans de vastes pans du monde intellectuel, et Malm s’y applique de manière convaincante. À la lecture des surenchères faussement brillantes auxquelles elles peuvent donner lieu, il est difficile de ne pas partager l’irritation de l’auteur, qui en produit finalement une critique étayée. On peut néanmoins avoir l’impression que ces surenchères signalent surtout un éparpillement peut-être dommageable, mais moins inquiétant que ne le suppose Malm pour l’orientation générale des SHS et leur traction politique. Les liens qu’il établit entre l’hybridisme, le relativisme extrême, etc. ne sont pas aberrants, mais sont-ils si rassembleurs dans la vaste littérature de la « théorie sociale » ? Autrement dit, est-ce naïf de penser que cet ensemble, si exaspérant pour Malm, ne fait pas système ailleurs que dans ce tableau où ils se trouvent tous épinglés ? Il faudrait, pour le savoir, interroger plus profondément ce champ que l’on désigne comme celui de la « théorie sociale » (et son versant « environnementaliste » en particulier). En attendant, on comprend que Malm assimile Latour à un sombre personnage, dans la mesure où son œuvre lui apparaît comme le vaisseau amiral le plus visible et le plus durable dans lequel les dangereux mavericks de la galaxie des SHS peuvent trouver refuge.

17L’objet de Malm n’est pas de comprendre comment cette œuvre a été construite, et il est compréhensible qu’il ne s’embarrasse pas d’une telle réflexion (qui relève de l’histoire des sciences sociales), alors que l’urgence est selon lui de la réduire en morceaux. Là aussi, son exposé suscite des questionnements qui ne pourraient être satisfaits que par une étude critique approfondie d’un autre genre, permettant de faire un bilan contextualisé des apports, travers, et évolutions (parfois importantes) du sociologue-anthropologue-philosophe-artiste le plus en vue aujourd’hui [12]. Peut-être qu’une part de l’exaspération de Malm se dissiperait, néanmoins, si l’on replaçait l’hybridisme et les autres courants que Latour incarne à ses yeux dans leurs contextes de production. En l’état, le corpus de textes qui l’occupe apparaît un peu comme un bloc anhistorique, détaché de l’évolution des conditions de production des idées sur la nature, et des processus de différenciation qui font aussi le dynamisme des SHS [13]. Une telle contextualisation viserait moins à excuser certaines poussées de fièvre théorique qu’à reconnaître, sinon qu’« une erreur originale vaut peut-être mieux qu’une vérité banale » (comme dirait Dostoïevski), du moins que certaines options conceptuelles ont pu avoir une utilité heuristique ou même politique, à certains moments. Il est ainsi des domaines – comme les Science and Technology Studies – dans lesquels l’originalité épistémique et la créativité conceptuelle d’un Latour ont ouvert de nouvelles perspectives (du reste pas forcément aussi exclusives qu’il est souvent dit). De même, à un autre niveau, il est possible d’imaginer que l’alarme donnée à la fin des années 1980 sur le thème de « la fin de la nature », si elle a donné lieu à de fâcheuses reprises par certains théoriciens, visait surtout à donner une visibilité encore inédite dans l’espace médiatique à l’ampleur des effets des activités humaines sur l’environnement. Sur certains points, la critique de Malm pourrait être ainsi tempérée, en s’imprégnant davantage d’une sociologie et une histoire des sciences humaines. La perspective historiciste de décomposition processuelle qu’il oppose aux concepteurs du bloc « nature-société » aurait pu aussi être mobilisée pour analyser le corpus textuel qu’il incrimine. Mais le livre aurait perdu de sa pugnacité, et c’est une qualité que son auteur a privilégiée.

18Ce choix explique aussi quelques gênes que l’on peut ressentir à la lecture des passages les plus stylisés de son argumentation. Sur certains points, celle-ci souffre de l’usage rapide de termes aussi généraux que « nature » ou « société ». Parfois cela fait sens, parfois moins. De même, si on ne saurait mettre en doute le souci de Malm pour l’empirisme, certaines macro-affirmations paraissent tout de même un peu vite écrites. Par exemple, le « paradoxe de la nature historicisée » qu’il présente à la fin du chapitre 2 – « plus les humains ont profondément transformé la nature au cours de leur histoire, plus intensément la nature a changé leur vie » – paraît plutôt discutable, ou au moins appeler une réflexion plus poussée sur les mots choisis (« profond », « intense »). Sa volonté de marquer les esprits le conduit aussi à user de formules choc pas toujours très heureuses, ou à se livrer à des essais de quantification moyennement parlants (« avec la hausse des températures, nous n’allons pas avoir moins de nature et plus de société, mais plutôt l’inverse. Six degrés [de hausse] et il ne restera essentiellement plus que des forces naturelles et du pouvoir causal », p. 77, je souligne). La personnalisation agonistique de « la nature » et de « la société » ne semble en outre pas forcément être le meilleur choix pour mettre en scène les enjeux environnementaux – elle paraît même contre-productive quand on veut affirmer la supériorité du dualisme par rapport à l’hybridisme, dans certaines envolées du texte : « la nature qui frappe à la porte de la condition postmoderne – la brisant parfois, se projetant à travers la vitre, détruisant les écrans, jusqu’en son centre – a quelque chose d’une créature spectrale, car elle vient du passé des humains […]. Plus la société a envahi et envahit la nature, plus la nature envahit la société avec une armée hantée. » (p. 77 encore).

19Ces gênes restent mineures, dans la mesure où elles n’entravent pas la compréhension de l’argument. Elles entraînent toutefois une autre série de questions, sur les ambitions de l’auteur, qui cherche ici non seulement à mettre de l’ordre dans les idées qui circulent sur la nature et la société au sein du monde académique, mais aussi à les mettre en ordre de marche. En partant d’une discussion poussée de théories sociales, le pari est difficile : Malm reconnaît lui-même qu’il ne faut pas accorder trop d’importance à ce qu’il se passe au sein des « sphères conceptuelles », et conclut son ouvrage en écrivant que « pour ce qui concerne la théorie, elle ne peut jamais jouer qu’un rôle très limité dans [l’entreprise de démolition de l’économie fossile]. Mais elle ne devrait en tout cas pas représenter un frein » (p. 188, 231). En même temps, l’ambition de The Progress of This Storm est d’éviter le confinement de la tempête dans un verre d’eau (académique) : il s’agit bien de préparer le terrain conceptuel pour l’action collective, afin de nourrir une dynamique politique révolutionnaire globale. Le succès de ce pari repose sur une série de lectures et de reprises sans doute moins évidentes que celles qui peuvent profiter à des contributions plus terre à terre (on est loin ici des témoignages directs sur la fonte des glaciers, etc. ou des clichés d’ours polaires sur leurs maigres îlots de glace), mais que la mobilisation d’images hollywoodiennes empruntées à la « cli-fi » [14] (« la nature qui frappe à la porte de la condition postmoderne »…) peut aider. La pratique de la théorie sociale perdrait fortement de son intérêt si l’on s’interdisait d’y croire.

20En attendant, Malm livre ici une charge éclairante, qui offre au lecteur de quoi s’orienter et s’engager, le long de lignes de front qui dépassent largement les débats sur la question du réchauffement climatique en cours.

Notes

  • [1]
    Citons toutefois, comme entrée dans la littérature, l’ouvrage de Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz (L’événement anthropocène. La Terre, l’histoire et nous, Paris, Seuil, 2013), ainsi que les deux articles publiés en 2017 dans les Annales HSS, vol. 72, № 2, par Grégory Quenet (« L’Anthropocène et le temps des historiens », p. 267-299) et Pierre Charbonnier (« Généalogie de l’Anthropocène. La fin du risque et des limites », p. 301-328).
  • [2]
    Pour une autre analyse de ce régime de « présent perpétuel », voir François Hartog, Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Seuil, 2003.
  • [3]
    Kate Soper, What is Nature ? Culture, Politics and the Non-Human, Londres, Blackwell, 1995, p. 132-133.
  • [4]
    Cf. Simon Hailwood, Alienation and Nature in Environmental Philosophy, Cambridge, Cambridge University Press, 2015.
  • [5]
    Sur les variétés du constructivisme, voir Ian Hacking, Entre science et réalité. La construction sociale de quoi ?, trad. de Baudouin Jurdant, La Découverte, 2001.
  • [6]
    De même, le fait que les mésanges, par exemple, utilisent les mégots de cigarettes pour fabriquer leurs nids, car leurs vertus antiparasitaires repoussent les tiques, ne fait pas d’elles des êtres « hybrides », comme le remarque Baptiste Morizot (Les diplomates. Cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant, Paris, Éditions Wildproject, 2016, p. 87). À l’instar du réchauffement climatique, mais à une autre échelle, le retour du loup en France constitue d’ailleurs pour lui une chance de restaurer une relation perdue avec la nature et son irréductible (insoluble) altérité : pour Morizot, « les bergers ne font que porter le poids d’un effet collatéral d’une étrange amélioration de nos relations constitutives au vivant, ambiguë, mais à fêter, car elles sont rares […]. Le retour du loup nous renvoie le reflet de ce que nous avons été, de ce que nous ne sommes plus […]. C’est une opportunité terraformatrice » (ibid., p. 301, 303, il souligne).
  • [7]
    Bill MacKibben, The End of Nature : Humanity, Climate Change and the Natural World, New York, Random House, 1989. Malm note du reste que la version extrême de ce constructivisme n’est que rarement tenue, dans le sens où aucun théoricien ne réussit en réalité à ne pas faire référence à la nature : « même ses nécrologues ne parviennent pas à évoquer le cadavre sans mentionner ses mouvements, et cela signifie sans doute qu’il est encore bien vivant. » (p. 42)
  • [8]
    Sur ce point, Malm mentionne les propositions de William H. Sewell (Logics of History : Social Theory and Social Transformation, Chicago & Londres, University of Chicago Press, 2005). On pourrait aussi bien évoquer le lexique des « lignages » associé à la sociologie processuelle d’Andrew Abbott (cf. Morgan Jouvenet, « Contextes et temporalités dans la “sociologie processuelle” d’Andrew Abbott », Annales HSS, vol. 71, № 3, 2016, p. 597-630). L’enquête porterait ainsi sur la rencontre – pour reprendre un terme valorisé par Malm – de lignages humains et naturels.
  • [9]
    Cf. Bruno Latour, Reassembling the Social : An Introduction to Actor-Network-Theory, Oxford, Oxford University Press, 2005. Malm vise aussi les travaux de Donna Haraway. Ceux-ci concernent néanmoins plutôt la question à la fois plus précise et plus difficile de la continuité entre l’humain et l’animal.
  • [10]
    Malm reconnaît au moins une vertu à l’anthropologie de Latour : la place qu’elle a donnée aux objets dans les assemblages qui font le monde social. Ceux qui y voient une innovation en sont cependant pour leurs frais, puisqu’il précise aussi que « l’œuvre entière de Marx et de Engels peut être lue comme une longue analyse de la façon dont les relations humaines ont été incorporées dans des choses ». Mais la prise en compte de ces choses ne nourrit pas les mêmes questionnaires. Si l’on peut voir la domination comme « un effet » du réseau associant humains et non-humains, « et non une cause » (Latour), Malm souhaite surtout identifier les intentions humaines à l’origine de l’installation de certains dispositifs matériels. Chez Latour, on connaît l’exemple célèbre des ralentisseurs (ou « gendarmes couchés »), à qui est déléguée une partie de la régulation de la circulation automobile. Malm évoque quant à lui les plus repoussants « barbelés déroulés aux frontières européennes en 2015 et 2016 », pour attirer l’attention autant sur la force de certains objets que sur les intentions qu’ils incarnent (leur « intentionnalité dérivée »). Sans cette enquête sur les intentions, la focalisation sur les objets n’est selon lui qu’un fétichisme de plus (p. 141, 147, 170). Sur les barbelés, on pourra consulter l’histoire qu’en propose Reviel Netz (dont les travaux sur les mathématiques en Grèce ancienne ont été chaleureusement salués par Latour) : Barbed Wire : An Ecology of Modernity, Middletown, Wesleyan University Press, 2004.
  • [11]
    Carolyn Merchant, The Death of Nature : Women, Ecology, and the Scientific Revolution, New York, Harper Colins, 1980 ; Stefano Longo, Clausen Rebecca et Clark Brett, The Tragedy of the Commodity : Oceans, Fisheries, and Aquaculture, New Brunswick, New Jersey & Londres, Rutgers University Press, 2015 ; Naomi Klein, This Changes Everything : Capitalism vs The Climate, Londres, Allen Lane, 2014.
  • [12]
    Le livre récemment traduit de Gerard De Vries (Bruno Latour. Une introduction, trad. de Fleur Courtois-L’Heureux, Paris, La Découverte, 2018) propose un panorama complet, mais relativement apologétique. Pour deux éclairages récents sur le parcours de Latour, voir l’entretien qu’il a accordé à Sylvain Bourmeau (« Les intellectuels du 21e siècle. Entretien avec Bruno Latour », 9 juillet 2018, http://france.tv/france-5/les-intellectuels-duxxie-siecle/562513-entretien-avec-bruno-latour.html) et l’article de Ava Kofman pour le New York Times Magazine (« Bruno Latour, the Post-Truth Philosopher, Mounts a Defense of Science », The New York Times, 25 octobre 2018, http://nytimes.com/2018/10/25/magazine/bruno-latour-post-truth-philosopher-science.html). Sites consultés le 26 octobre 2018.
  • [13]
    Pour un essai de modélisation « fractale » de ces processus, voir Andrew Abbott, Chaos of Disciplines, Chicago & Londres, University of Chicago Press, 2001.
  • [14]
    La « climate fiction » constitue désormais un genre établi de la production littéraire et cinématographique, qui a ses spécialistes (et sa page Wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/Climate_fiction).
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