Notes
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[1]
D. Thomson, Les français jihadistes, Paris, Les Arènes, 2014.
-
[2]
F. Khosrokhavar, Quand Al-Qaïda parle, Paris, Grasset, 2006, p. 64.
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[3]
Le jihadisme est à mes yeux un rite suprême de virilité, une manière de s’affirmer dans la surenchère pour des hommes ; cf. D. Le Breton, « Le djihadisme comme rite de virilité », dans D. Jeffrey, J. Lachance, D. Le Breton, M. Sellami, J. Haj Salem, Jeunes et djihadisme. Les conversions interdites, Lyon, Chronique sociale, 2016 (pul pour l’édition canadienne).
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[4]
Le Monde, 6 mai 2016.
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[5]
Par exemple, J. Lachance, « Le terrorisme en images », dans D. Jeffrey et coll., op. cit.
-
[6]
Libération, 20 novembre 2014.
-
[7]
www.liberation.fr/societe/2015/01/27.
-
[8]
Sur ce thème, je renvoie à D. Le Breton, Disparaître de soi. Une tentation contemporaine, Paris, Métailié, 2016.
1L’engagement dans le djihadisme s’appuie sur une décision propre du jeune. Il en retire d’abord un sentiment intime de force, sa fragilité se dissout dans la puissance réelle ou fantasmée de son groupe d’élection et dans la conviction d’être désormais sous le regard aimant de Dieu. Il se dissout dans une communauté rêvée et s’allège de l’effort d’être soi. Il se voit relié intimement à la chaîne immense des élus, lui qui ne se sentait rien, insignifiant ou qui manquait d’une signification forte à son existence.
2Il s’agit souvent d’un jeune en manque d’estime de soi, ayant des difficultés à contenir sa frustration. Grâce à sa persévérance, il a l’espoir de se rapprocher peu à peu de la Vérité, ou des prédicateurs et des instructeurs qui l’incarnent à ses yeux. En abandonnant son identité, il participe à une aventure grandiose et collective qui magnifie sa personne, il baigne dans un monde d’évidence lumineuse avec la conviction que les autres, extérieurs à sa vision du monde, sont inaptes à comprendre et composent un univers hostile d’incroyants et d’ennemis de Dieu. L’islamisme radical est l’une des propositions à la carte pour de jeunes hommes et femmes en rupture de sens et de valeurs, et en quête de références puissantes pour se sentir enfin exister. Il efface les doutes, les ambiguïtés, les ambivalences, les nuances, il tranche entre le vrai et le faux, il donne des réponses fermes aux comportements requis. Cette manière de voir le religieux comme un rigorisme sans faille pourvoit les réponses qui leur manquaient sur le sens et la valeur de leur existence.
3Ils deviennent quelqu’un grâce au halo de terreur qui les entoure. Ils s’identifient à une communauté imaginaire réunissant tous les musulmans, la Oumma, dont ils pensent qu’elle est partout malmenée, humiliée par les puissances occidentales et qu’ils souhaitent éveiller au combat pour le rétablissement d’un califat rétablissant le passé glorieux d’un islam combattant. Le mythe est assez puissant pour mobiliser des jeunes en déshérence assoiffés de trouver enfin une place incontestable dans le monde. Le jihadisme est un sésame qui légitime l’existence et donne à la haine une raison de se déployer et de se transformer en héros de l’islam, à défaut d’avoir été un délinquant crédible ou un « bon » musulman.
4Le jihadisme est lui aussi une perversion de cette lutte personnelle pour la reconnaissance, qui passe par la mise à mort des autres au nom de Dieu, comme imposition brutale de soi dans la vengeance. Tuer est une manière d’exister de manière grandiose et d’entrer enfin par effraction dans la reconnaissance sociale. L’une des sources de recrutement tient dans cette quête éperdue d’une signification à son existence et d’une reconnaissance par les autres, ici la Oumma fantasmée et le groupe d’affiliation, et par un rite de virilité grâce au maniement et à l’exhibition des armes, à la puissance du groupe. Il s’agit non plus de jouer à la guerre ou aux gendarmes et aux voleurs comme pour les anciens délinquants, mais de faire la guerre en vrai avec toutes les possibilités de puissance qu’elle offre à foison.
5Le noyau dur du jihadisme, particulièrement ces dernières années, est composé de jeunes de couches sociales populaires, surtout d’origine immigrée (deuxième ou troisième génération en provenance de pays musulmans), souvent catégorisés comme exclus. Ce sont des déracinés, portés par un sentiment d’insignifiance, d’humiliation, et un virilisme d’autant plus virulent qu’ils sont socialement en échec et enclins à une interprétation du monde en termes de complot à leur égard ou envers l’islam, venant justifier leur échec. En s’identifiant à l’islam, ils donnent une signification et une valeur renouvelée à leur existence, ils retrouvent un idéal qui les magnifie. Dans son enquête, la moitié des djihadistes croisés par D. Thomson, journaliste et spécialiste de la question, ont eu des soucis avec la justice pour des faits de délinquance mineure ou, plus rarement, de grand banditisme [1]. Comme le dit Ahsen, un ancien délinquant, à F. Khosrokhavar [2], « pour moi, le jihad c’est une manière de me racheter, de me faire excuser pour mes fautes ». La radicalisation est une manière de se refaire une innocence à travers une conversion radicale, une sortie par le haut d’une période révolue de « mécréance » avec les filles, l’alcool, l’argent facile. Le délinquant minable, régulièrement incarcéré, en échec de la délinquance, est soudain mué en surmâle, disposant d’un pouvoir infini sur les autres, avec notamment le droit de tuer et de torturer sans scrupule et de prendre sa revanche sur ses échecs passés [3]. La radicalisation est une sublimation de la violence et de la délinquance. Imposer sa propre loi, au nom de Dieu, et non plus être hors la loi. Leur radicalisation redéfinit leur délinquance, elle efface la culpabilité et vient même anoblir leurs actes antérieurs. Ils vivent dès lors une surenchère dans les rites de virilité pour affirmer leur puissance, d’autant plus qu’ils sont perçus comme des personnages de peu de poids à leur entour. Leur adhésion à l’islam paraît même parfois purement circonstancielle, sans doute confondue à une volonté de vengeance de l’échec personnel. Mohamed Lahouaiej Bouhlel qui a tué avec son camion des dizaines de personnes et en a blessé des centaines qui assistaient à un feu d’artifice à Nice, buvait, mangeait du porc, ne suivait aucune prescription islamique, draguait les filles, exerçait des violences sur son épouse, il avait une réputation de violence dans son quartier, il avait été condamné pour des faits de délinquance. Plusieurs des tueurs de ces dernières années relèvent surtout d’une criminalité de droit commun. Leur acte meurtrier les détache soudain de l’ordinaire terne de leur existence. Ils ont la possibilité de mourir en beauté en gagnant la notoriété dont ils ont rêvé toute leur vie, en sachant que les actes les plus odieux seront revendiqués par Daech sans égard pour leur degré de foi et l’islamisation ou non de leur comportement dans les mois antérieurs. Ces hommes sont davantage mus par la frustration et la haine que par la volonté d’instaurer le règne de Dieu, plus attachés à soigner leur propre gloire et à trouver d’une manière ou d’une autre la reconnaissance par le meurtre. En ce sens, ils sont imprévisibles car n’importe qui peut alors passer à l’action pour devenir enfin quelqu’un. On ne peut dire qu’ils se sont radicalisés, ils ont saisi les circonstances au vol pour endosser un rôle qui les exalte et les arrache de manière définitive de l’anonymat en leur donnant une stature de héros. L’islam de ces jeunes en rupture sociale potentialise la colère en lui donnant une légitimité, un cadre de pensée et d’action. Ils ne sont pas motivés directement par des sentiments religieux.
6Pour des hommes ou des femmes de classe moyenne, le sentiment d’une oppression générale de l’islam prime dans leur adhésion. Leur confort est un remords au regard de l’injustice faite à leurs coreligionnaires. Ils souffrent de l’insuffisance de leur islam. L’Occident leur paraît menacer leur religion. L’adhésion à l’imaginaire de la Oumma a plus d’importance à leurs yeux que leur réussite sociale. Les auteurs des attentats du 11 Septembre ou de ceux de Londres bénéficiaient d’une belle réussite sociale. La haine de l’Occident est le catalyseur qui réunit des hommes ou des femmes n’ayant aucune culture commune. L’un des tueurs de l’aéroport de Bruxelles, El Bakraoui, était un délinquant chevronné, après une mauvaise scolarité et des problèmes de violence, des années de prison ; l’autre, Laachraoui, a suivi une année de médecine, puis une école d’ingénieurs, avant de se tourner vers l’électromécanique. Amimour, tueur du Bataclan qui riait en exécutant le carnage, était un fan de rap, avec une enfance choyée, un bon parcours scolaire, le baccalauréat ; chauffeur de bus à la ratp, il avait une copine. Le jihad est une manière de vivre dans l’incandescence d’une aventure inespérée pour échapper aux routines. Abdelhamid Abaaoud, l’un des organisateurs des attentats de Paris, malgré le soutien de ses parents commerçants pour ses études et une vie plutôt confortable, quitte Molenbeek pour la Syrie en 2013 ; il s’explique : « Trop calme. Je ne vais pas vendre des costumes à vingt balles toute ma vie [4]. » Il se laisse complaisamment filmer jouant au football avec des têtes humaines ou traînant des cadavres avec son 4 x 4. Il déclare à ses amis qui hésitent encore à partir : « Qu’est-ce que vous gagnez en restant ? Vous ne serez jamais personne. » Il s’agit en effet de devenir quelqu’un mais certainement pas dans l’humilité de la foi. Quant à mener une vie musulmane de retour en Belgique, il n’en est guère question, lui et son frère dansent, flirtent, fument dans les boîtes de nuit, assistent à des concerts…
7Les convertis, issus de familles athées ou chrétiennes, étaient d’abord en quête de spiritualité, d’une raison d’être. Ils ont tenté de se rapprocher du christianisme mais ils disent y avoir renoncé à cause de la complexité de son système, à leurs yeux incohérent, contradictoire et impuissant à s’opposer à une liberté des mœurs qui les effraie. L’aisance de la profession de foi musulmane, à la différence par exemple de la conversion catholique, facilite le passage. Le propos revient souvent chez les radicalisés, « il n’y a pas de doute dans l’islam », « Tout est dans le Coran ». À travers ce rigorisme sans faille, l’adepte reçoit les réponses qui lui manquaient sur le sens de son existence. Il construit une cohérence du monde à moindre coût, sans souci de l’enchevêtrement des faits, des nuances, des ambivalences, des ambiguïtés.
8Les jeunes recrutés sont loin d’être de malheureuses victimes. Même par abandon ou passivité, ils sont responsables de leurs actes. Ce ne sont pas des enfants de chœur, ils partent pour la guerre et la licence de tuer, de violer, de torturer, d’imposer leur loi à leur guise. L’adhésion répond rarement à un coup de foudre, elle chemine souvent lentement, la doctrine se dévoile avec mesure, ajustée à la cible selon ce qu’en ressent le recruteur une fois qu’ils sont appâtés. Le web est un outil majeur de la propagande de Daech dans cet univers virtuel propice aux fantasmes où la moindre information est aussitôt démentie, et toujours propre à alimenter la ritournelle des complots [5]. En quelques heures, le jeune, déjà en partie convaincu, effectue un parcours simplifié et partial sur le web qui le confirme aisément dans ses idées. À la différence des livres ou des discussions, il n’y a pas à réfléchir mais à absorber, à voir et à croire. Ce qui ne lui convient pas, il l’écarte d’un clic pour aller à la recherche de la prochaine confirmation. Le web est un miroir narcissique où l’on cherche surtout une confirmation. Les sites de discussion mettent en lien des jeunes soucieux de se renforcer dans leur conviction, et illuminés par l’idée de participer à une entreprise grandiose qui leur donne enfin un statut, une importance.
9Les témoignages recueillis des proches de ces jeunes insistent tous sur leur transformation profonde. Nombre de jeunes adeptes sont décrits comme « gentils, généreux : ainsi de Mickael, aujourd’hui sur la liste noire des terroristes recherchés par les États-Unis : « Il jouait au foot, allait au lycée, draguait les filles. À partir du moment où il s’est converti, c’est devenu difficile de lui parler. Il ne sortait que pour aller à la mosquée. » Ou encore : « Il ne mangeait plus à la table en famille, mais dans sa chambre où il priait tout le temps [6]. » A. Coulibaly, qui tue de sang-froid une policière et quatre personnes de confession juive dans une épicerie casher, est décrit par ses proches comme obsédé par l’argent et la quête de la gloire, vu aussi comme un bon vivant. Délinquant impliqué dans une série de vols et de violences, il est condamné à six ans de prison après un braquage à main armée d’une agence bancaire. Il y passe son temps à faire de la musculation. Mais c’est là qu’il se radicalise. Dès lors il se détache de sa famille et de ses sœurs qu’il juge trop éloignées de la religion, mais qui ont pour la plupart mieux réussi socialement que lui. Ce qui lui est sans doute difficile à assumer. Il dit refuser de travailler sous les ordres d’un mécréant, mais en garde à vue en mai 2010, il avoue son opportunisme, lui qui travaille comme intérimaire chez Coca : « Il y a une différence entre ce que je fais et ce que je pense. Et dans ce cas-ci, je pense avant tout à ma poire. Je travaille, je gagne entre 2 000 et 2 200 euros par mois, c’est tranquille, et c’est très bien comme cela [7]. »
10Le discours jihadiste donne une interprétation du malaise du jeune et simultanément de tout le malheur du monde, et il pourvoit dans le même mouvement la solution : la réclusion dans l’entre-soi pour éviter toute souillure supplémentaire et une lutte pour en éliminer toute source à travers la mise en place d’un monde tout entier régi par les lois coraniques. La théorie du complot est le mode cognitif le plus simple par son manichéisme et l’illusion de donner une clé majeure de compréhension des désordres du monde. Pour le djihadiste, la confession de foi à l’islam ne suffit plus, elle implique l’engagement armé pour élargir le royaume de Dieu. Un code d’une extrême rigueur régit l’ensemble des relations au monde, sans nuance, sans indulgence. Toute dérogation est une transgression d’autant plus intolérable qu’elle est redéfinie comme un manque de respect face à Dieu. Les mécréants sont le repoussoir absolu, le lieu de l’impureté, du péché. Le mal est au-dehors et le bien est le fait du groupe.
11L’adepte rompt ainsi avec le sentiment que son existence est dérisoire, sans but. Il trouve dans sa foi une affiliation, un statut, il s’y sent enfin une personne valable. Il y connaît apaisement et reconnaissance. Il reçoit d’elle une limite sécurisante, un contenant précis pour trouver ses marques, une idéologie pour se forger une place dans le monde, et éprouver enfin un élargissement du sentiment d’exister. On lui donne des réponses simples, sans nuances, aux grandes questions de l’existence, là où justement nos sociétés ont perdu une part de leur orientation anthropologique en livrant l’individu à une liberté sans limite mais difficile à assumer.
12Ce sont des hommes qui ne supportent pas le relativisme des valeurs de nos sociétés démocratiques. À leurs yeux, la vérité est unique, il n’existe qu’un seul Dieu et une seule foi. Ce grand récit propose un prêt-à-penser pour des jeunes sans attaches, en quête de repères, de croyances solides pour s’enraciner enfin dans un monde où ils peinent à trouver une raison d’être. La dernière chance de devenir in extremis quelqu’un, sans avoir à fournir d’autre preuve que la mise à mort de l’autre sans état d’âme. Ils n’ont pas su sublimer leur existence par eux-mêmes, mais leur radicalisation la rehausse jusqu’à l’extase.
13La rage que le jeune ressentait de son existence trouve enfin une signification lumineuse. Il n’est plus responsable de ses actes, et particulièrement de ses manques, mais l’« Occident » est le coupable. Une rhétorique de la victimisation justifie une situation présente dont le jeune voit les impasses, et elle identifie dans le même mouvement les responsables puisque ses échecs viennent de la vilénie des autres. Ses réussites en revanche sont les siennes, avec l’aide de Dieu. Le grand récit renverse le sentiment d’infériorité en sentiment de toute-puissance. Le jeune renoue également une relation au monde en s’immergeant non seulement dans une communauté rêvée, mais aussi avec d’autres bien concrets se reconnaissant dans la même croyance qui les amène à la conviction d’être les passeurs d’un nouveau monde à venir sous l’égide de Dieu. Ils se sentent méprisés justement parce qu’ils sont les élus. Les jihadistes se posent comme une élite où chacun est détenteur de connaissances inouïes qui échappent à l’extérieur, hors du giron de Dieu. Les convertis sont les plus radicaux, ils se sont coupés de leur histoire afin de trouver immédiatement une identité toute faite mais puissante car elle fait peur aux autres. Elle ne laisse plus aucun choix, justement, sinon de s’en remettre à Dieu ou à ses porte-parole en s’effaçant soi-même.
14L’adhésion au jihadisme est une sorte de vertige au cours duquel le jeune abandonne toute prise sur soi et se laisse porter par de grands autres, à commencer par la conviction d’être directement sous le regard de Dieu. Il ne contrôle que les premiers pas de son adhésion, après il se démet de soi et se donne tout entier à ses instructeurs et ses maîtres spirituels. Ses comportements sont identiques à ceux des autres autour de lui, son individualité s’efface. Le rejet de l’ancienne identité est la rançon de la sécurité intérieure. Il alimente la transcendance des porte-parole de Dieu ou de la vengeance divine autoproclamée. Le jeune renonce au souci d’être soi pour suivre un mode d’emploi déjà établi, s’aligner sur des orientations incontestables, des valeurs radicales simples et rigides, afin de ne plus avoir à se confronter à l’ambivalence du monde. Les porte-parole de Dieu incarnent à ses yeux une vérité intangible. Ils pourvoient une représentation globale du monde qui alimente une prothèse d’identité facile à endosser et soulage de la fatigue d’exister et de penser sa place dans le monde. Dieu est un lieu où disparaître. À travers ses porte-parole, il exerce une autorité absolue sur ses faits et gestes. Il délivre du fardeau du moi, dispense du souci de l’exercice de sa vie en imposant des décisions implacables. Souvent d’ailleurs l’intronisation va de pair avec une nouvelle nomination de l’adepte. Son identité est radicalement redéfinie. Au terme d’une série d’épreuves ou d’étapes assimilées à un parcours de renaissance, il porte des vêtements ou des signes corporels propres au groupe qui l’impersonnalisent et le coupent de son histoire. L’engagement dans le jihadisme est synonyme de sacrifice personnel. Il est une manière de se défaire des contraintes de l’identité en s’en remettant à d’autres et ainsi de disparaître de soi [8]. Mais parallèlement, il donne licence au meurtre, au viol, à la torture, au pouvoir. Le jeune dispose soudain d’un pouvoir de vie et de mort sur les populations dans la conviction que Dieu ne cesse de guider sa main, même quand il égorge des prisonniers.
Notes
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[1]
D. Thomson, Les français jihadistes, Paris, Les Arènes, 2014.
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[2]
F. Khosrokhavar, Quand Al-Qaïda parle, Paris, Grasset, 2006, p. 64.
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[3]
Le jihadisme est à mes yeux un rite suprême de virilité, une manière de s’affirmer dans la surenchère pour des hommes ; cf. D. Le Breton, « Le djihadisme comme rite de virilité », dans D. Jeffrey, J. Lachance, D. Le Breton, M. Sellami, J. Haj Salem, Jeunes et djihadisme. Les conversions interdites, Lyon, Chronique sociale, 2016 (pul pour l’édition canadienne).
-
[4]
Le Monde, 6 mai 2016.
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[5]
Par exemple, J. Lachance, « Le terrorisme en images », dans D. Jeffrey et coll., op. cit.
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[6]
Libération, 20 novembre 2014.
-
[7]
www.liberation.fr/societe/2015/01/27.
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[8]
Sur ce thème, je renvoie à D. Le Breton, Disparaître de soi. Une tentation contemporaine, Paris, Métailié, 2016.