Couverture de VSOC_201

Article de revue

Les jeunes créateurs d’entreprise : quels parcours ? Quel accompagnement ?

Pages 147 à 163

Notes

  • [1]
    Not in Education, Employment or Training : les jeunes qui ne sont ni en emploi, ni scolarisés, ni en formation.
  • [2]
    Cette personne a donné son plein accord pour la publication de cet entretien. Nous avons changé son nom par souci de protection de sa vie privée. Nous tenons à la remercier vivement pour le temps accordé et pour son intérêt à transmettre la richesse de son expérience.
  • [3]
    Cité par Karine Le Rudulier, « Premiers retours sur le statut d’étudiant entrepreneur », Informations sociales, 195, 2016, p. 135.
  • [4]
  • [5]
    Les informations présentées ici sont issues du rapport annuel adie, 2019, adie.org.
  • [6]
    France Active, rapport annuel, 2018.
  • [7]
  • [8]
    Le microcrédit est encadré notamment par la loi n° 2001-420 du 15 mai 2001 sur les nouvelles régulations économiques. Les taux d’intérêt pratiqués (actuellement à 7,5 % pour ce qui concerne l’adie) dépendent d’un ensemble de facteurs liés au coût d’emprunt des capitaux prêtés, au coût de la garantie des prêts et à celui de l’accompagnement des créateurs (2 000 euros pour 5 000 euros prêtés en moyenne pour l’adie). Il est à noter qu’à côté du prêt à intérêt, l’adie propose un prêt d’honneur à taux d’intérêt zéro d’un montant entre 1 500 et 3000 € selon les régions. La marge sur les prêts permet de financer 30 % des moyens nécessaires au fonctionnement de l’adie, 56 % des ressources viennent de fonds publics et 14 % de mécénat (rapport annuel adie, 2018). Voir aussi Rapport Inspection générale des finances, 2009-M-085-03.
  • [9]
    Rapport adie, 2018, en ligne.
  • [10]
    Cécile Campy, « L’entrepreneuriat : antidote au chômage des jeunes ? », Cahiers de l’action, 41, 2014, p. 19-27.
  • [11]
    Eurofound, Massimiliano Mascherini, Martina Bisello, IkEI research and consultancy, Youth Entrepreneurship in Europe. Values, Attitudes, Policies, Luxembourg, Eurofound, Publications Office of the European Union, 2015.
  • [12]
    Ibid., p. 10.
  • [13]
    Angelica Trindade-Chadeau, « Les motivations à entreprendre. Qu’est-ce qui, dans la confrontation au monde du travail, pousse les jeunes à s’imaginer entrepreneurs ? », Cahiers de l’action, 41, 2014, p. 33-41.
  • [14]
    Béatrice Madeline, « Les enfants du siècle bousculent les entreprises », Le Monde, 2 juillet 2019. Citant l’étude mazars, https://fre.mazars.com
  • [15]
    Insee Première, 1765, 11 juillet 2019, et 1751, 25 avril 2019.
  • [16]
    Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que les auteurs et ne sont pas nécessairement le reflet de la position de l’adie.

1Depuis les débuts des politiques dites « actives » en faveur de l’insertion et de l’emploi, les « jeunes » (définis par la classe d’âge de 16 à 25 ans révolus) ont fait l’objet d’un ensemble de dispositifs et de mesures spécifiques. Il n’en va pas de même pour les aides à la création d’entreprise qui sont accessibles à tous sans distinction d’âge et qui, à quelques exceptions près, ne ciblent pas cette tranche d’âge. Les quelques mesures spécifiquement en faveur de l’entrepreneuriat des jeunes mises en place ces dernières années ont par ailleurs focalisé l’attention plutôt sur les jeunes étudiants ou sur la mise en place de pépinières de « start-ups ». En outre, les aides à la création d’entreprise semblent relativement méconnues des acteurs de l’insertion et plus encore du secteur social, cela de l’avis de différents acteurs de terrain que nous avons pu rencontrer dans la banlieue est de la région parisienne.

2Pourtant, la motivation pour investir dans la création d’entreprise existe bien chez les jeunes, y compris ceux en difficulté d’insertion, et même chez ceux entrant dans la catégorie des « ni en emploi, ni scolarisés, ni en formation » (les « neets » [1]). Dans cet article, nous tenterons de situer la place des jeunes dans les dispositifs actuels d’aide à la création d’entreprise, d’identifier quelques-unes des caractéristiques des populations concernées et de cerner leurs motivations. En nous appuyant sur les expériences d’accompagnement menées dans le cadre d’une activité bénévole par l’une des auteurs au sein de l’Association pour le droit à l’initiative économique (adie), nous évoquerons leurs parcours d’insertion. Cette réflexion sera complétée par la présentation de l’expérience de Nassera [2], avec qui nous avons pu mener un entretien semi-biographique permettant de rendre compte des différents facteurs contribuant à la réussite d’un projet de création d’entreprise. À travers ces investigations, nous verrons que la création d’entreprise représente dans bien des cas un choix positif et non contraint par manque d’emploi salarié, ou par un sentiment d’échec ou de discrimination à l’embauche. Sa viabilité et sa réussite dépendent pour beaucoup de la qualité et de la pertinence de l’accompagnement dont bénéficient les créateurs.

L’association pour le droit à l’initiative économique (adie)

Principal organisme pratiquant le microcrédit professionnel, l’adie opère sur l’ensemble du territoire français, dom-tom compris.
La fondatrice de cette association, Marie Nowak, économiste d’origine polonaise, rencontre en 1985 Muhammad Yunus, créateur de la Grameen Bank au Bangladesh et futur Prix de la banque de Suède en sciences économiques. S’inspirant de cette expérience menée dans un pays en développement, elle crée cette association en France en 1988, afin de permettre aux individus n’ayant pas accès au prêt bancaire de créer leur entreprise, et donc leur emploi, grâce au microcrédit, et d’être accompagné avant et après la création.
L’adie a été reconnue d’utilité publique en 2005.
Depuis 1998, l’adie a financé la création de plus de 140 000 entreprises. Ce nombre augmente d’année en année. En 2018, 16 942 entreprises ont été financées, 26 000 microentreprises ont été accompagnées.

Des aides à la création d’entreprise peu ciblées sur la jeunesse

3Bien que l’aide à la création différencie peu les classes d’âge comme critère d’accès et comme objectif, les jeunes représentent une partie significative des bénéficiaires. En effet, le pourcentage de jeunes parmi les créateurs d’entreprises individuelles en France s’élève à 38 % en 2018 (Insee), et de 2009 à 2014 le nombre de créations par les jeunes a triplé (enquête Agence pour la création d’entreprise (acpe) en 2015 [3]). Bien que la proportion de jeunes sans qualification ou en difficulté d’insertion soit probablement moins élevée parmi ces créateurs, leur nombre est loin d’être négligeable. Ainsi, les jeunes représentent 23 % des bénéficiaires des prêts professionnels de l’adie, (organisme le plus important de microcrédit sur le sol français) et 30 % des personnes financées par France Active (réseau associatif aidant, entre autres, les personnes en difficulté à créer leur entreprise).

4L’aide à la création d’entreprise prend plusieurs formes.

L’information

5Elle peut être donnée par des agences généralistes telles que la mission locale, Pôle emploi, les organismes associatifs, les chambres de commerce et d’industrie (cci) ou les chambres des métiers et de l’artisanat (cma). Toutefois, dans notre expérience, concernant le public jeune, le bouche-à-oreille et le travail de prospection des associations axées sur la création d’entreprise constituent les principaux vecteurs d’information.

L’accompagnement pré-création et pendant la création

6L’accompagnement prend de multiples formes, mais ne se substitue pas au créateur qui reste le maître et l’artisan de son projet. Il est assuré gratuitement par des organismes spécifiques de l’accompagnement en amont de la création d’entreprise, comme Positive Planet, ou par des organismes de financement tels Initiative France, France Active ou l’adie. La région Ile-de-France à travers le dispositif « Entrepreneur leader » finance l’accompagnement (12 heures) en amont de la création d’entreprise par l’intermédiaire des cci, cma, réseaux bge (boutiques de gestion), couveuses lab. Le coût pour l’entrepreneur est de 70 €, mais afin de favoriser l’entrepreneuriat pour les jeunes insuffisamment touchés par ce dispositif, les moins de 26 ans en sont exonérés, comme le sont également les bénéficiaires du rsa, les résidents en quartiers de la politique de la ville (qpv), les travailleurs reconnus handicapés.

La formation à la création

7Les cci et les cma organisent un stage payant de cinq jours. Depuis le 24 mai 2019, le stage de préparation à l’installation qui était obligatoire (sauf quelques exceptions) pour créer une entreprise relevant des cma devient facultatif. Par ailleurs, l’adie offre gratuitement une formation « je deviens entrepreneur » d’une durée de deux semaines.

Le financement

8L’autofinancement et le financement familial sont une source très importante de financement de création d’entreprise. À cela s’ajoutent ou se substituent les prêts bancaires traditionnels, les plateformes de crowdfunding en plein essor, les prêts d’honneur (taux d’intérêt à 0 % d’intérêt) adossés à des prêts avec taux d’intérêt et enfin le microcrédit professionnel. Ce dernier constitue la clé de voûte du soutien à la création pour les plus précaires. C’est avec le début du chômage de masse des années 1980 que le microcrédit professionnel a vu le jour et s’est développé en France. Il permet de financer des créateurs d’entreprise qui, par leur situation financière, ne peuvent obtenir un crédit bancaire classique.

9Divers organismes sont habilités à proposer des microcrédits professionnels, dont un des principaux est l’adie. Le Fonds de cohésion sociale, créé par l’État en 2005 et géré par la Caisse des dépôts et consignations, donne l’agrément de microcrédit à des établissements bancaires ainsi qu’à des organismes régionaux pour financer des projets locaux. France Active et Initiative France sont des organismes accompagnant le créateur en amont de la création et qui proposent des prêts d’honneur, des prêts solidaires et des garanties d’emprunt bancaire. De même, de manière plus récente, des plateformes en ligne proposent des financements de microcrédit solidaire.

10Selon la réglementation, ce dernier est limité dans son montant à 10 000 €, la garantie exigée est limitée à la moitié du montant, le taux d’intérêt demandé est au minimum de 5 % [4].

11Les caractéristiques des bénéficiaires de prêts professionnels adie confirment la vocation sociale du microcrédit [5]. Plus d’un tiers (35 %) relèvent des minima sociaux (contre 8 % dans la population française) ; 43 % se situent sous le seuil de pauvreté (14 % pour la population), 22 % habitent en quartier prioritaire de la ville (contre 7 % de la population), mais aussi 25 % habitent en zone rurale (contre 20 % de la population), 26 % n’ont aucun diplôme (contre 12 % dans l’ensemble de la population), 45 % sont des femmes (à comparer aux 40 % de créatrices d’entreprise en France en 2017).

12Pour autant, là encore les jeunes sont peu représentés. Moins d’un quart (23 %) des créateurs adie ont moins de 30 ans, alors que cette proportion dans les créateurs d’entreprise s’élève à 38 %. Cette sous-représentation des jeunes parmi les créateurs financés par l’adie s’explique peut-être par leur quasi-inéligibilité au rsa pour les moins de 26 ans et par la faiblesse, voire l’absence d’indemnité chômage du fait de leur présence forte dans l’emploi précaire. Le public auquel s’adresse l’adie nécessite une attention particulière et de ce fait le coût moyen de l’accompagnement par microcrédit s’élève à 2 000 €, alors que le montant moyen du microcrédit est inférieur à 5 000 €.

13Du fait de l’importance de l’accompagnement en amont et en aval à la création, 76 % des entreprises créées sont pérennes après deux ans – pourcentage élevé si l’on considère que la moitié des entreprises financées par l’adie sont des micro-entreprises (encore plus fragiles que les entreprises individuelles, elles-mêmes ayant un taux de pérennité bien plus faible que les sociétés), et que l’essentiel de ces entreprises ont commencé avec un capital très modeste. Sur le plan national, le taux de pérennité est beaucoup plus élevé quand la mise de départ dépasse 40 000 €.

L’accompagnement post-création

14L’accompagnement assuré par les associations est gratuit pour le créateur. L’adie accompagne les créateurs par l’intermédiaire des conseillers et bénévoles, mais aussi de fiches et de conférences sur le site Internet de l’association, et par la mise en place de permanences de spécialistes. De son côté, Positive Planet met en place un mentorat entre des entrepreneurs et des créateurs qu’elle a accompagnés avant la création. La région Ile-de-France, dans le cadre du dispositif Entrepreneur leader, finance l’accompagnement post-création pendant trois ans, assuré par les cci, les cma, l’adie, le réseau des bge, France Active. Cet accompagnement coûte 90 € au créateur, mais pour favoriser l’initiative de certains publics il est exonéré dans les cas suivants : moins de 26 ans, rsa, qpv, handicap.

Quelques programmes spécifiques

15Nous voyons que l’ensemble de ces acteurs et dispositifs destinés au soutien à la création d’entreprise n’est aucunement ciblé sur la catégorie des jeunes ou l’est de manière très marginale dans le cadre d’actions destinées à d’autres cibles (quartiers prioritaires, bénéficiaires du rsa, chômeurs). Toutefois, il existe quelques programmes spécifiques :

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  • cap’jeunes : France Active accompagne gratuitement de manière renforcée les créateurs de moins de 26 ans demandeurs d’emploi ou en situation de précarité et leur accorde une prime de démarrage de 2 000 €. Ce dispositif est limité aux créations d’entreprise dont le plan de financement ne dépasse pas 5 000 €. En 2018, seulement 366 jeunes ont bénéficié de ce dispositif [6] ;
  • le statut d’étudiant entrepreneur pour les moins de 28 ans. Il permet de garder le statut d’étudiant la première année de création, d’avoir accès à l’espace de coworking d’un pôle étudiant pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat (pepite) et d’avoir la possibilité de signer des contrats d’appui au projet d’entreprise (cape) avec une structure de type couveuse ou tout partenaire du dispositif pepite ;
  • le statut de jeunes entreprises universitaires. Il s’adresse à des étudiants, des diplômés de master ou de doctorat depuis moins de cinq ans ou à des personnes ayant des activités d’enseignement ou de recherche. Il n’est donc pas uniquement destiné à des jeunes. Ce statut donne droit à des exonérations d’impôt sur bénéfice de manière dégressive lors des premières années, de la taxe foncière et de la contribution foncière des entreprises pendant sept ans maximum, ainsi qu’à l’exonération des charges patronales sur les rémunérations des chercheurs ;
  • Créajeunes : il s’agissait d’une formation à l’entrepreneuriat et à l’élaboration du projet personnel de cinq semaines, assurée par l’adie jusqu’à fin 2018, destinée aux 18 à 32 ans ayant un projet de création d’entreprise. Cette formation gratuite était constituée de « cours » sur les différents thèmes nécessaires pour élaborer un projet réaliste d’entreprise et pour la gérer ensuite. Chaque futur créateur bénéficiait de l’accompagnement personnel d’un tuteur, non seulement pendant la formation, mais aussi jusqu’au moment de la création d’entreprise, voire au-delà.

17Ce dispositif a été remplacé par une formation plus courte (deux semaines) destinée à tous les âges. La suppression de cette formation illustre les contraintes financières que subissent les associations, confrontées d’une part à la demande de certaines autorités publiques ou des sponsors privés de cibler d’autres populations (par exemple la Région lle-de-France finance actuellement l’extension du nombre d’agences et permanences adie afin de couvrir des territoires laissés de côté faute de ressources humaines et matérielles). D’autre part, elle illustre le fait que les jeunes concernés ne se mobilisaient pas suffisamment pour garantir le quota d’inscriptions prévu dans certaines régions, cela en raison de leurs propres contraintes.

18Malgré l’existence de ces différents dispositifs, selon l’enquête 2019 Opinion Way [7], les créateurs potentiels et particulièrement les jeunes ne connaissent que très mal les dispositifs d’aide à la création. Pour remédier à cette situation, les missions locales ont joué un rôle moteur d’information dans certaines régions. Le travail de sensibilisation et de partenariat avec ces acteurs généralistes de l’insertion des jeunes semble être une des voies à développer.

19Par ailleurs, selon nous, l’essor du soutien via le microcrédit a l’avantage de représenter une alternative valorisante au recours aux minima sociaux, avec leur connotation négative, véhiculée par certains, « d’assistanat ». De l’avis des professionnels et bénévoles travaillant à l’adie, le fait de bénéficier d’un prêt, même à un taux de 7,5 %, apporte un soutien psychologique du fait de la confiance accordée à l’emprunteur [8]. En outre, les créateurs d’entreprise représentent également un levier de création d’emplois (1,3 emploi créé pour chaque création d’entreprise réalisée [9]). Enfin, l’avantage principal du microcrédit pour ce qui concerne les publics en difficulté réside dans le fait que, quelle que soit la difficulté ou la spécificité de la personne concernée, il y a possibilité d’y accéder en vue de la création d’un emploi. Le microcrédit finance aussi bien le consultant dans le spectacle, le véhicule de tourisme avec chauffeur (vtc bien plus nombreux), la vente en ligne de produits divers ou de mode, la création de vêtements ou des commerces et restaurants, etc. Ces exemples sont tirés de notre expérience au sein d’un quartier particulièrement défavorisé.

La motivation à entreprendre chez les jeunes : entre choix de nécessité et quête d’autonomie

20Quelle que soit leur situation, selon différents sondages, les jeunes ont une image positive de l’entreprise, y compris ceux se trouvant le plus en difficulté. Ainsi, toujours selon l’enquête Opinion Way 2019, les jeunes perçoivent l’entrepreneuriat comme une voie pour acquérir des responsabilités, gagner en expertise et occuper un rôle de leader. Plus de quatre sur dix (42,5 %) des 18-20 ans interrogés déclarent avoir envie de créer une entreprise. La moitié d’entre eux pensent que c’est plus motivant d’être entrepreneur que salarié, ce qui est à corréler avec les 43 % qui craignent de s’ennuyer au travail. Beaucoup d’entre eux hésitent toutefois pour des raisons financières (59 %), à cause de la complexité des démarches (37 %), de la charge de travail trop importante (20 %).

21Parmi les facteurs qui permettraient de se lancer, citons les éléments suivants : un coup de pouce (78 %), une aide financière (31 %), un appui pour le réseau professionnel (21 %) et l’appui d’un coach (20 %). Enfin, pour 60 % d’entre eux la motivation est de « faire bouger le monde » – 30 % envisagent même un modèle où tous les salariés seraient décisionnaires, de type société coopérative de production (scop), 25 % privilégient un modèle durable et 20 % des projets sociaux ou de lutte contre l’exclusion.

22Comme le fait remarquer la sociologue Cécile Campy, cette image positive est partagée par les jeunes en situation défavorable. Elle se transforme en motivation plus concrète de créateur, comme le prouve l’existence de nombreuses initiatives réussies, notamment dans les quartiers prioritaires. Cependant, elle rencontre plusieurs obstacles : l’autocensure et la méconnaissance des enjeux de l’entreprise. Selon une étude de l’ocde, citée par C. Campy :

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« Aussi les taux d’activité entrepreneuriale sont-ils plus bas pour les neet que pour les travailleurs à temps plein et à temps partiel. L’un des principaux enjeux pour les politiques publiques serait donc d’adapter les soutiens aux besoins particuliers des groupes cibles, à savoir les jeunes les plus défavorisés et les autres, davantage formés et au “potentiel entrepreneurial” plus élevé [10]. »

24Selon une étude à grande échelle menée par Eurofound [11], organisme de coordination des agences de l’Union européenne, la création aurait été un choix de nécessité pour 17 % des jeunes entrepreneurs, comparé à 23 % des entrepreneurs de 35 à 64 ans. Cette enquête montre par ailleurs qu’en 2013, 6,5 % des 15-29 ans sont entrepreneurs contre 15 % en Italie et en Grèce et 3 % ou moins pour l’Allemagne et le Danemark. Un tiers (33 %) des jeunes entrepreneurs étaient des femmes. Ainsi, il existe une corrélation positive entre la proportion de neet dans la population d’un pays et la proportion d’entrepreneurs. La Grèce et l’Italie ont respectivement 24 % et 26 % de neet et en même temps 16 et 15,2 % d’entrepreneurs (données 2013), tandis que les pays tels que le Danemark et l’Autriche ont 7 et 8 % de neet et 2,5 et 3 % d’entrepreneurs. La France se situe plutôt vers le bas de cette échelle avec 11 % de jeunes neet et un taux d’environ 5 % d’entrepreneurs (toujours en 2013).

25Les auteurs suggèrent que les raisons de cette corrélation (ce qui n’implique pas de relation de causalité) sont complexes. Elle ne s’explique pas uniquement par la nécessité en l’absence d’autres alternatives, mais aussi par des facteurs plus individuels. En outre, à travers une étude plus fine sur cinq pays (Finlande, Hongrie, Irlande, Espagne et Pays-Bas), il apparaît que la création d’entreprise ne conviendrait que pour une partie des jeunes concernés. Les avantages évoqués le plus souvent sont, sans surprise : la stimulation, l’autonomie, la liberté, la créativité et la possibilité de tester des choses et prendre des risques. Les jeunes entrepreneurs européens sont moins enclins à suivre la tradition ou à prioriser un environnement sûr et stable que les plus âgés. Les auteurs concluent de façon nuancée que la création d’entreprise ne représente en aucun cas une panacée, mais que les politiques publiques mises en place par l’Union européenne et les autorités nationales répondent à un réel besoin. Ils soulignent également la surreprésentation des hommes parmi les créateurs d’entreprise (67 % des jeunes concernés) et l’existence de « fausses » autoentreprises dans des secteurs à faible coût d’entrée comme la construction [12].

26L’impact des politiques en faveur de l’entrepreneuriat et le type d’accompagnement à mettre en place devront donc tenir compte de la complexité des motivations mises en lumière par cette étude. Elles relèvent notamment de la nécessité, en l’absence d’alternatives salariales, de l’aspiration des jeunes à réaliser des valeurs différentes de celles rencontrées dans l’univers compétitif des entreprises traditionnelles et des facteurs individuels.

27L’étude réalisée en France par Angelica Trindade-Chadeau, sociologue, aboutit à des conclusions similaires. Les motivations des jeunes créateurs peuvent être reliées à trois éléments de leur relation au travail :

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  • « La réaction aux expériences malencontreuses dans le monde du travail », le refus d’avoir un patron et de devoir lui obéir, le souhait d’avoir un travail permettant une polyvalence de tâches, un rapport aux collaborateurs non hiérarchique. La création d’entreprise permet selon les jeunes interrogés d’échapper au sentiment d’aliénation : le fait de ne pas disposer d’un pouvoir d’agir, l’absence de sens dans le travail, la non-conformité de l’univers de travail à ses propres valeurs et l’absence de réalisation de soi sont les principaux éléments évoqués par les jeunes ;
  • la nécessité de « gagner sa vie pour subsister ». Ceci est mis en évidence dans le cas des bénéficiaires du rsa. Trindade-Chadeau donne aussi l’exemple d’un jeune créateur souhaitant rester en milieu rural. En l’absence d’emploi, le seul moyen pour pouvoir rester a été de créer une entreprise ;
  • le désir d’innover (concomitant avec l’adhésion à des valeurs de coopération) et de mettre son engagement au travail au service du collectif [13]. Comme dans d’autres domaines, les générations dites Y et Z ne souhaitent pas évoluer dans un univers uniquement basé sur la compétition et la poursuite d’une carrière, mais désirent vivre en conformité avec des valeurs, notamment celles de la protection de l’environnement [14].

29In fine, s’il s’avère difficile de hiérarchiser les motivations profondes, les différentes études citées tendant à souligner que celles-ci relèvent pour une part importante d’un choix positif assumé, en lien avec de valeurs de solidarité et de liberté, alors que les considérations matérielles sont souvent passées au second plan. Notre propre expérience confirme ces résultats, en particulier lors de tables rondes et d’ateliers d’information à la création d’entreprise où nous avons rarement entendu explicitement que la création d’entreprise permettait de sortir du chômage. En revanche, les propos négatifs sur l’expérience de travail salarié abondent. Les conditions sont perçues comme un encourageant au travail « bâclé », les créateurs expriment un rejet des situations de commandement autoritaire et font part de licenciements mal vécus, notamment. L’idée de changer de métier, de secteur revient souvent dans leur discours, y compris chez les jeunes diplômés comme ceux non qualifiés.

30Peu de statistiques sont disponibles sur le taux de pérennité des entreprises selon l’âge du créateur. Deux séries de chiffres nous incitent à penser à une plus grande fragilité des entreprises créées par des jeunes : 28 % des autoentrepreneurs de moins de 30 ans sont encore actifs dans ce statut trois ans après l’immatriculation contre 44 % des 50 ans et plus ; 80 % des créateurs ayant au moins dix ans d’expérience dans le métier sont encore actifs trois ans après la création contre 71 % seulement pour ceux qui se lancent dans le métier. Nous voyons que ces écarts restent relativement faibles, le taux de pérennité s’avère élevé et pour ce qui est des autoentrepreneurs, les jeunes ont plus tendance à changer de statut juridique du fait du développement de l’entreprise que les plus âgés [15].

Un parcours de créatrice d’entreprise réussi

31Nous avons souhaité confronter ces éléments à une situation concrète de soutien apporté par l’adie à une créatrice d’une entreprise de soins de beauté implantée dans la banlieue est parisienne. Cette personne n’est plus dans la catégorie des jeunes, mais nous nous sommes rapidement rendu compte que son désir d’entreprendre et la réalisation de son projet sont l’aboutissement d’un processus amorcé à un jeune âge qui aurait peut-être pu aboutir dans des circonstances différentes et si elle avait bénéficié d’appui. Sans être nécessairement représentatif statistiquement, le parcours de Nassera nous semble éclairant par rapport aux questions que nous nous posons ; comment le projet de création d’entreprise émerge-t-il dans un contexte social de milieu modeste et marqué par un parcours d’échec scolaire ? Quels sont les facteurs personnels qui le favorisent (sans aller jusqu’à parler de « personnalité » d’entrepreneur) ? Comment ce projet s’inscrit-il dans une trajectoire de vie ? Enfin, quelles seraient les sources de soutien les plus pertinentes durant la période de mûrissement du projet, ainsi que les obstacles à franchir, notamment du côté des procédures administratives et légales ?

32Nous avons rencontré Nassera par l’intermédiaire de l’adie du territoire en question, qui lui a donné accès à un contrat d’assurance professionnelle à un tarif préférentiel (en partenariat avec axa), puis, par suite d’un accident sur la vitrine de son institut de beauté, qui lui a accordé un prêt pour sa trésorerie. Elle nous semblait très contente d’évoquer son expérience de créatrice d’entreprise, elle nous a réservé un accueil très chaleureux dans son local professionnel et en présence de son employée qui n’a pas pris part à l’échange.

33Nassera est française. Ses parents ont migré d’Algérie au cours des années 1950, son père travaillait sur les marchés et a succombé très jeune à un accident de moto. Sa mère était gardienne d’immeuble et est décédée après une longue maladie qui a beaucoup mobilisé sa fille. Nassera a un frère et une sœur.

34Elle nous dit d’emblée que les études, « c’était pas fait pour moi… sauf en maths ». Après un préapprentissage en coiffure à 15 ans – expérience qu’elle n’a pas appréciée car sa première patronne, selon ses dires, l’envoyait jouer au pmu plutôt que de la former –, son deuxième employeur lui a permis d’obtenir son cap de coiffure, mais elle n’avait pas envie de poursuivre dans cette voie. Ensuite, elle obtient un bep secrétariat, puis prépare mais ne se présente pas au baccalauréat professionnel : elle avait « fait la fête… on fait tous des erreurs ».

35Son activité préférée – et son expérience professionnelle la plus longue – a consisté à s’occuper de personnes à mobilité réduite et de personnes âgées, faire leur toilette et assurer la livraison de repas à domicile. L’envie de créer une entreprise s’est fait ressentir à 25 ans, quand elle a réalisé que dans le secteur d’aide à la personne tout le monde n’avait pas les motivations ni le sens de l’engagement requis par un tel travail. Elle s’est sentie contrainte dans ce milieu. Elle envisageait de réaliser ce projet avec sa sœur, mais celle- ci n’était pas motivée – elle la caractérise comme fainéante : « Elle ne se lève pas avant midi – ce n’était donc pas possible. » Nassera ajoute qu’elle a toujours voulu créer une entreprise par souhait d’avoir des responsabilités.

36Après avoir passé sept ans à soigner sa mère, tout en travaillant dans le soutien à domicile, Nassera, à son tour, est tombée malade d’un cancer et a dû subir des soins lourds pendant trois ans. À la fin de ses soins, elle n’avait qu’une seule envie : travailler – estimant que : « je me suis tellement reposée pendant 3 ans et demi, il fallait que je bouge ». Dans ces conditions, la création d’entreprise s’est imposée à elle quand elle s’est rendu compte qu’elle ne pouvait plus travailler dans ce métier qu’elle aimait, mais qui demandait une force et une résistance physique trop importantes.

37À ce moment, la création d’entreprise s’est présentée à elle en termes de choix entre le secteur de l’aide à la personne ou celui de la mode et de la coiffure. Comme elle fréquentait une onglerie asiatique et a vu que cela marchait, elle a fait un stage d’onglerie payé par ses propres moyens, aboutissant à un diplôme. Dotée déjà d’un bep coiffure, elle se sent à l’aise pour construire un projet comprenant l’onglerie, la coiffure, l’épilation et les produits de beauté. Cette orientation s’appuie sur une analyse réaliste de sa situation, car cette activité est moins difficile physiquement que l’aide à la personne et peut démarrer avec un seul salarié. Cela correspondait aussi à une envie : « Je suis une femme qui est très coquette – c’était la mode des capsules, de l’onglerie. Moi j’allais chez les Chinois. Alors je me suis dit : ça, ça marcherait ! » Enfin, elle a remarqué que dans le quartier autour de chez elle il n’y avait pas de concurrence. Elle s’y attelle alors de manière très volontariste : « J’aime bien gérer une activité, j’avais envie d’avoir une équipe, de la former. Je suis une hyperactive, j’aime bien le travail bien fait. D’ailleurs, j’aime gagner ma vie, c’est vital, mais je vois la vie autrement – travailler c’est bon pour le moral – je ne comprends pas les gens qui ne travaillent pas – ne serait-ce que pour l’ennui. J’apprends très vite, j’ai besoin d’être à fond. »

38Nassera puise aussi ses motivations dans l’attitude de ses parents, particulièrement sa mère qui lui a transmis la volonté de réussir en lui répétant : « Tu seras patronne. » Elle évoque également son père qui était « très sociable ». Et sur un plan plus concret, ce sera son beau-père qui la poussera à mûrir son projet et lui promet de le financer – ce qu’il a fait malgré le divorce de Nassera intervenu entre-temps. Elle en parle en termes de confiance accordée et de soutien décisif toujours présent au moment de l’entretien.

39Sur le plan des soutiens institutionnels, grâce au bouche-à-oreille, Nassera s’est présentée au pace (point d’accès à la création d’entreprise, structure intercommunale rattachée à l’intercommunalité Grand Paris-Grand Est), qui l’a orientée vers Positive Planet. Une de ses cousines lui avait déjà parlé de cet organisme. Plusieurs rendez-vous avec une conseillère ont permis de construire son projet : business plan, identification des besoins de financement, informations administratives et légales. La même salariée lui a conseillé d’aller à l’adie pour souscrire une assurance professionnelle. Son discours sur ces associations est uniformément positif ; elle loue notamment la qualité des conseils de l’adie sur la gestion, le local, son emplacement, le business plan : « C’était au top. » Par la suite, elle a apprécié la rapidité du traitement de sa demande de crédit.

40Les principaux obstacles rencontrés n’ont pas été particulièrement mal vécus. Le stage obligatoire préalable à la création s’est révélé plutôt utile, les démarches semblent s’être effectuées sans difficulté majeure. Ses seuls griefs concernent son comptable qui a « deux de tension » et ne fournit pas les documents rapidement, et sa banque, source de tracasseries pour un découvert de 300 €. L’approvisionnement, les fournitures et le recrutement d’une salariée ne sont guère évoqués – sans doute que notre interlocutrice a su assumer les fonctions de gestion grâce à ses qualités personnelles et, peut-être, au soutien du beau-père.

41Nous voyons que le discours de Nasserra correspond pleinement à une perception positive de l’entrepreneuriat comme source d’autonomie, responsabilité, travail bien fait, perfectionnement. En revanche, nous ne relevons pas de préoccupations sociétales, ni dans son propos sur le monde du travail, ni sur la coopération ou le partage, peut-être faute d’avoir posé des questions sur cet aspect. En revanche, son sens des responsabilités de patronne est fermement installé : « On se lève le matin parce qu’on a des salariés. »

42Sa motivation est puisée d’abord dans son éducation et son expérience familiale. Fortement encouragée par sa mère, pour qui être « patron » était signe de réussite sociale, Nassera adopte une position volontariste malgré les nombreux obstacles rencontrés. Elle trouve aussi dans sa maladie une motivation supplémentaire qui lui donne de la force pour se battre. Elle ne fait pas référence à des difficultés rencontrées, ni à d’éventuelles discriminations, n’évoquant à aucun moment le parcours d’immigration de sa famille, et affirme qu’être une femme n’était pas un obstacle. Bien que son profil puisse bien correspondre à ceux dont le parcours d’insertion est difficile, elle ne tient aucun compte de ces facteurs sociaux défavorables, dont elle semble faire peu de cas.

43Nassera n’a jamais été inactive, sauf durant la période de maladie. Même si elle n’insiste pas sur les déconvenues et inconvénients de ses différents emplois salariés antérieurs, nous devinons qu’elle a dû fournir des efforts d’adaptation considérables.

44En résumé, le projet d’entrepreneuriat de Nassera semble émerger principalement par rejet de la mauvaise qualité du travail effectué par certains salariés et de l’incompétence ou du laxisme des responsables et patrons. Ce propos correspond bien à ceux tenus par de nombreux futurs créateurs d’entreprise dans le cadre d’ateliers d’information dans lesquels l’adie intervient. Il serait hasardeux d’évoquer la notion d’un profil ou d’une personnalité d’entrepreneur, toutefois le volontarisme, l’adhésion très forte à la valeur travail et l’indépendance semblent jouer un rôle déterminant. La place de la famille s’avère être de première importance, tant comme source de motivation que durant l’élaboration du projet ou encore pour le soutien concret apporté. En cela, le projet de Nassera n’est guère différent de celui de bien des créateurs, qu’ils soient en situation défavorisée ou non.

Conclusion [16]

45Que peut-on retenir des différents éléments qui permettraient d’orienter le travail de soutien et les orientations des institutions qui l’assurent ? Plus généralement, quelles priorités se dégagent pour mieux asseoir le travail d’accompagnement qui se révèle décisif pour la réussite du projet ? Les orientations actuelles de la politique de l’emploi se veulent favorables à la création d’entreprise, cela s’étend largement aux publics en difficulté dans le discours. Cependant, comme nous l’avons souligné, peu de mesures spécifiques sont adressées aux publics en difficulté (la création d’entreprise est simplement mentionnée par le récent Plan pauvreté au détour d’une phrase) et encore moins en ce qui concerne les jeunes. Pourtant, les études françaises et internationales, ainsi que l’expérience menée par un des auteurs au sein de l’adie, confirment que ces publics sont fortement représentés parmi les créateurs potentiels et réels. Les dispositifs existants ont fait la preuve de leur efficacité, du fait de la pérennité bien plus importante des entreprises accompagnées à leur création. L’entretien avec Nassera confirme largement la pertinence et l’utilité des accompagnements dont elle a bénéficié.

46Tous les indicateurs que nous avons pu réunir ainsi que l’entretien montrent qu’un projet de création s’élabore sur un temps plus ou moins long. Il semble donc logique que l’accompagnement ne soit pas orienté par catégorie de population, ni par classe d’âge. Pour autant, les populations jeunes rencontrent des obstacles non pas spécifiques, mais aggravés en comparaison avec les personnes âgées de 30 à 55 ans : moindre information et crédibilité et difficultés accrues pour obtenir des financements. Le réseau social de Nassera à 25 ans aurait-il été suffisamment diversifié et informé sur l’existence d’associations comme l’adie ou Positive Planet pour mener à bien son projet de création ? Nassera souligne la dureté des relations à sa banque, qui ne lui aurait certainement pas financé son projet. L’intérêt du microcrédit professionnel repose sur la confiance accordée au créateur, sur le réalisme du conseil pré-création ou pendant la création, et la rapidité du déblocage des fonds. Les aides à la création ne nécessitent pas d’être ciblées sur les moins de 26 ans, mais de porter une attention accrue à ces jeunes créateurs potentiels ou déjà lancés. Cela implique une prise de conscience de leurs besoins par tous les acteurs concernés.


Mots-clés éditeurs : accompagnement, microcrédit, créateur d’entreprise, jeune, Association pour le droit à l’initiative économique (adie)

Date de mise en ligne : 14/09/2020

https://doi.org/10.3917/vsoc.201.0147

Notes

  • [1]
    Not in Education, Employment or Training : les jeunes qui ne sont ni en emploi, ni scolarisés, ni en formation.
  • [2]
    Cette personne a donné son plein accord pour la publication de cet entretien. Nous avons changé son nom par souci de protection de sa vie privée. Nous tenons à la remercier vivement pour le temps accordé et pour son intérêt à transmettre la richesse de son expérience.
  • [3]
    Cité par Karine Le Rudulier, « Premiers retours sur le statut d’étudiant entrepreneur », Informations sociales, 195, 2016, p. 135.
  • [4]
  • [5]
    Les informations présentées ici sont issues du rapport annuel adie, 2019, adie.org.
  • [6]
    France Active, rapport annuel, 2018.
  • [7]
  • [8]
    Le microcrédit est encadré notamment par la loi n° 2001-420 du 15 mai 2001 sur les nouvelles régulations économiques. Les taux d’intérêt pratiqués (actuellement à 7,5 % pour ce qui concerne l’adie) dépendent d’un ensemble de facteurs liés au coût d’emprunt des capitaux prêtés, au coût de la garantie des prêts et à celui de l’accompagnement des créateurs (2 000 euros pour 5 000 euros prêtés en moyenne pour l’adie). Il est à noter qu’à côté du prêt à intérêt, l’adie propose un prêt d’honneur à taux d’intérêt zéro d’un montant entre 1 500 et 3000 € selon les régions. La marge sur les prêts permet de financer 30 % des moyens nécessaires au fonctionnement de l’adie, 56 % des ressources viennent de fonds publics et 14 % de mécénat (rapport annuel adie, 2018). Voir aussi Rapport Inspection générale des finances, 2009-M-085-03.
  • [9]
    Rapport adie, 2018, en ligne.
  • [10]
    Cécile Campy, « L’entrepreneuriat : antidote au chômage des jeunes ? », Cahiers de l’action, 41, 2014, p. 19-27.
  • [11]
    Eurofound, Massimiliano Mascherini, Martina Bisello, IkEI research and consultancy, Youth Entrepreneurship in Europe. Values, Attitudes, Policies, Luxembourg, Eurofound, Publications Office of the European Union, 2015.
  • [12]
    Ibid., p. 10.
  • [13]
    Angelica Trindade-Chadeau, « Les motivations à entreprendre. Qu’est-ce qui, dans la confrontation au monde du travail, pousse les jeunes à s’imaginer entrepreneurs ? », Cahiers de l’action, 41, 2014, p. 33-41.
  • [14]
    Béatrice Madeline, « Les enfants du siècle bousculent les entreprises », Le Monde, 2 juillet 2019. Citant l’étude mazars, https://fre.mazars.com
  • [15]
    Insee Première, 1765, 11 juillet 2019, et 1751, 25 avril 2019.
  • [16]
    Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que les auteurs et ne sont pas nécessairement le reflet de la position de l’adie.

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