Vie sociale 2012/4 N° 4

Couverture de VSOC_124

Article de revue

Les aidants et l'émergence d'un nouveau champ de recherche interdisciplinaire

Pages 11 à 29

Notes

  • [*]
    (. Directeur de la recherche et de l’innovation pédagogique, EHESP Rennes, Sorbonne Paris Cité, équipe Management des organisations en santé (MOS), France.
  • [1]
    En France, le nombre de bénéficiaires de l’Allocation personnalisée d’autonomie à fin décembre est passé de 903 000 en 2005 à 1 044 000 en 2007, 1 136 000 en 2009 et 1 199 000 en 2011.
  • [2]
    Bernard AZEMA, Nathalie MARTINEZ, « Les personnes handicapées vieillissantes : espérances de vie et de santé ; qualité de vie », Revue française des affaires sociales, 2005, vol.2, 2, p. 295-333.
  • [3]
    Communiqué de presse de l’Inserm du 18 avril 2012.
  • [4]
    Geneviève CRESSON, « La production familiale de soins et de santé. La prise en compte tardive et inachevée d’une participation essentielle », Recherches familiales, 2006, vol. 3, 1, p. 6-15.
  • [5]
    Florence WEBER, « Les rapports familiaux reconfigurés par la dépendance », Regards croisés sur l’économie, vol.7, 1, 2010, p. 139-151.
  • [6]
    Claudine ATTIAS-DONFUT (dir.) (avec la coll. de A. Rozenkier), Les solidarités entre générations, Paris, Nathan, 1995, 352 p.
  • [7]
    La place des familles dans la prise en charge de la dépendance des personnes âgées. Rapport du Haut conseil de la Famille, Paris, 2011.
  • [8]
    Vololona RABEHARISOA, « Les associations de malades et d’usagers de la santé », in Boris HAURAY, Didier FASSIN, Santé publique. L’état des savoirs. Paris, La Découverte, 2010, p. 457-468.
  • [9]
    Bertrand ESCAIG, « La force d’imaginer : les usager-familles, source d’innovation dans l’accompagnement de personnes souffrant de troubles psychotiques », Revue française des affaires sociales. vol. 1, 2004, p. 165-178.
  • [10]
    Ibid.
  • [11]
    Stéphane LEBOULER, Personnes âgées dépendantes : bâtir le scénario du libre choix, Paris, Centre d’analyse stratégique, 2006, 308 p.
  • [12]
    Joëlle GAYMU et l’équipe FELICIE, « Comment les personnes dépendantes seront-elles entourées en 2030 ? Projections européennes », Population et sociétés, n°444, 2008, p.1-4.
  • [13]
    Normand CARPENTIER, « Le long voyage des familles : la relation entre la psychiatrie et la famille au cours du XXe siècle », Sciences sociales et santé, vol.19, 1, 2001, p. 79-104.
  • [14]
    Voir Code de l’action sociale et des familles – Art. L232-2.
  • [15]
    Geneviève CRESSON, 2006, art. cit. citant Luciano BOZZINI, Roger TESSIER, « Support social et santé », in Jacques DUFRESNE, Fernand DUMONT, Yves MARTIN, Traité d’anthropologie médicale, l’institution de la santé et de la maladie, Presses universitaires du Québec, Presses Universitaires de Lyon, 1985.
  • [16]
    Joan TRONTO, Un monde vulnérable, pour une politique du care (Moral Boundaries : a Political Argument for an Ethic of care, 1993), traduit de l’anglais par Hervé Maury, Paris, La Découverte, 2009, 238 p.
  • [17]
    Arlie R. HORCHSCHILD, The Managed Hear: Commercialization of Human Feeling, Berkeley (CA), University of California Press, 1983, 327 p.
  • [18]
    Joan TRONTO, op. cit.
  • [19]
    Marie-Françoise COLLIÈRE, Promouvoir la vie, Paris, Interéditions, 1982, 244 p.
  • [20]
    Simone PENNEC, « Les configurations filiales face au vieillissement des ascendants », Empan, 2003, vol. 52, 4, p. 86-94 ; Simone PENNEC, « Comment les enfants s’occupent-ils de leurs parents ? Pratiques et logiques filiales », Mutations, n° 1, 2007, p. 105-121.
  • [21]
    Des débats importants se sont tenus à ce sujet lors de la mise en place de l’enquête aidants pilotée par la Drees, enquête adossée à l’enquête Handicap santé ménages de 2008 (communication personnelle).
  • [22]
    Gilles SERAPHIN, Projet 12 : les défis du care. Renforcer les solidarités. Rapport Terra Nova, contribution n°7, 2012, 65 p.
  • [23]
    Bertrand ESCAIG, art. cit. 2004,
  • [24]
    Loïc TRABUT, Nouveaux salariés, nouveaux modèles : le maintien à domicile des personnes âgées dépendantes, 2011, p. 137
  • [25]
    Ibid., p. 182
  • [26]
    Drees : Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère de la Santé.
  • [27]
    Source : ministère en charge de la Santé.
  • [28]
    En France, enquête réalisée sur le terrain initialement par l’Insee en partenariat avec l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) puis reprise récemment par le Legos de l’Université Paris-Dauphine.
  • [29]
    Sandrine ANDRIEU, Benoit RIVE, Chantal GUILHAUME, et al., “New Assessment of Dependency in Demented Patients: Impact on the Quality of Life in Informal Caregivers”, Psychiatry and Clinical Neurosciences, vol. 61, 3, 2007, p. 234-242.
  • [30]
    Noémie SOULLIER, Amandine WEBER, « L’implication de l’entourage et des professionnels auprès des personnes âgées à domicile », Études et résultats, n° 771, 2011, p. 1-8 ; Alain PARAPONARIS, Gwendoline TACHÉ, Bérengère DAVIN, « Les besoins d’aide à la vie quotidienne des personnes âgées en perte d’autonomie », Revue d’épidémiologie et de santé publique, 58, Supplément 2(0): S78, 2010.
  • [31]
    Pauline DOMINGO, Catherine VERITE, « Aider un parent dépendant : comment concilier vies familiale, sociale et professionnelle ? », Politiques sociales et familiales, n° 105, 2011, p. 31-46.
  • [32]
    Noémie SOULLIER, Amandine WEBER, op. cit. 2011.
  • [33]
    Enquête handicap santé HSM et HSA de 2008.
  • [34]
    Pauline DOMINGO, Catherine VERITE, op. cit. 2011.
  • [35]
    L’enquête SHAR : bilan et perspectives, Actes du séminaire organisé par l’Irdes à Paris au ministère de la Recherche. Paris, Les rapports de l’Irdes, n° 1848, 2011, 58 p.
  • [36]
    Les actes des Rencontres France Alzheimer, Toulouse, Association France Alzheimer, 2009, 48 p.
  • [37]
    Ibid.
  • [38]
    Bérengère DAVIN, Alain PARAPONARIS, Pierre VERGER, « Entraide formelle et informelle », Gérontologie et société. vol. 127, 4, 2008, p. 49-65.
  • [39]
    Rémy MARQUIER, « Les intervenantes au domicile des personnes fragilisées en 2008 », Études et résultats, 2010, n° 728, p.1-8 ; Rémy MARQUIER, Sandra NAHON, Les conditions de travail des aides à domicile en 2008. Paris, Dossier Solidarité et Santé, Drees, n° 30, 2012, 60 p.
  • [40]
    Maks BANENS, Anne MARCELLINI, La relation entre aidé et aidant dans le couple adulte et entre parents aidants et enfants aidés. Drees, 2012, 167 p.
  • [41]
    Geneviève COUDIN, « Les familles des malades atteints de maladie d’Alzheimer et leur réticence vis-à-vis de l’aide professionnelle », Sciences sociales et Santé n° 23, 2005, p. 96-104.
  • [42]
    Geneviève IMBERT et al., RHISAA : Recherche qualitative exploratoire handicaps -incapacités - santé et aide pour l’autonomie (vol. I et II), Paris, FNG, 2010, 268 p. (+385 p.).
  • [43]
    Antoine HENNION et al., Une ethnographie de la relation d’aide: de la ruse à la fiction, ou comment concilier protection et autonomie. Treize récits de cas sur l’intervention du réseau des proches, des aidants et des soignants auprès de personnes atteintes de troubles psychiques ou cognitifs, DREES, 2012.
  • [44]
    Arnaud CAMPEON et al., Impact de la structuration des CMRR sur les trajectoires de prise en charge de patients souffrant de la maladie d’Alzheimer, présentation aux deuxièmes rencontres scientifiques de la CNSA, 2012.
  • [45]
    Mis en place dans le cadre du plan Alzheimer 2008-2012.
  • [46]
    Lucy BARYLAK et al. Retour sur l’utilisation de l’outil d’évaluation des proches aidants : les obstacles, les résultats et les répercussions de la politique. Contrat n° 4500116739 avec Santé Canada, 2006, 56 p.
  • [47]
    Henry BRODATY, Alisa GREEN, “Family Caregivers for People with Dementia” in J. O’Brien, D. Ames, A. Burns, Dementia, 2nd Ed. London, Arnold, 2000, p. 193-205.
  • [48]
    Nancy GUBERMAN, Actes des premières rencontres scientifiques de la CNSA de 2009, www.cnsa.fr
  • [49]
    L’auto-évaluation de leurs besoins par les aidants familiaux, un point de départ pour obtenir de l’aide. Partenariat éducatif Grundtvig. Rapport Coface, Unapei, DG Éducation culture, 2012, 45 p.
  • [50]
    Monique MEMBRADO et al. « Définitions de l’aide : des experts aux "profanes" », in Serge CLÉMENT, Jean-Pierre LAVOIE (dir.) Prendre soin d’un proche âgé, Ramonville-Saint-Agne, Érès, 2005, p. 85-136.
  • [51]
    Geneviève COUDIN, Judith MOLLARD, « Être aidant de malade Alzheimer : difficultés, stratégies de faire face et gratifications. Première étape de validation du CADI-CAMI-CASI auprès d’un échantillon français d’aidants familiaux », Gériatrie et psychologie & neuropsychiatrie du vieillissement, vol. 9, 3, 2011, p. 363-378.
  • [52]
    Marion VILLEZ et al. Analyse et revue de la littérature française et internationale sur l’offre de répit aux aidants de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées. Paris, Fondation Médéric Alzheimer, 2008, 129 p.
  • [53]
    Judith MOLLARD, « Aider les proches », Gérontologie et société, vol. 128-129, 1, 2009, p. 257-272.
  • [54]
    Henry BRODATY, Alisa GREEN, Annette KOSCHERA, “Meta-Analysis of Psychosocial Interventions for Caregivers of People with Dementia”, J Am Geriatr Soc., vol. 5, 5, 2003, p. 657-664.
  • [55]
    Mary S. MITTELMAN et al., “Improving Caregiver Well-Being Delays Nursing Home Placement of Patients with Alzheimer Disease”, Neurology, vol. 6, 9, 2006, p. 1592-1599.
  • [56]
    Henry BRODATY et al., 2003, op. cit.
  • [57]
    Henry BRODATY, Marika DONKIN, “Family Caregivers of People with Dementia”. Dialogues Clin Neurosci., 2009, vol. 11, 2, p. 217-228; Francine DUCHARME et al., “Challenges Associated with Transition to Caregiver Role Following Diagnostic Disclosure of Alzheimer Disease: a Descriptive Study”, Int J Nurs Stud., vol. 48, 9, 2011, p. 1109-1119.
  • [58]
    Le terme « gestionnaire de cas » correspond à la traduction littérale de l’anglais case manager. On parle aussi de coordonnateur ou coordonnateur de santé, mais il peut y avoir confusion avec d’autres professionnels ayant des fonctions de coordination. Par souci de clarté, nous retiendrons ici le terme de « gestionnaire de cas » même si cette appellation n’est pas réellement satisfaisante.
  • [59]
    Marie-Aline BLOCH, Léonie HÉNAUT, Sébastien GAND et al. « Les gestionnaires de cas: une nouvelle figure de tiers », Revue économique et sociale, vol. 29, 3, 2011, 103-112.
  • [60]
    Marie-Aline BLOCH, Léonie HÉNAUT, Jean-Claude SARDAS et al. La coordination dans le champ sanitaire et médico-social, les enjeux organisationnels et les dynamiques professionnelles, Centre de gestion scientifique, Mines ParisTech, Fondation Paul Bennetot, 2011, 241 p.
  • [61]
    Dominique SOMME et al. “Analysis of Case Management Programs for Patients with Dementia: A Systematic Review”, Alzheimer’s & Dementia, vol. 8, 5, 2012, p. 426-436.
  • [62]
    Agnès GRAMAIN, Florence WEBER, « Ethnographie et économétrie : pour une collaboration empirique », Genèses, vol. 3, 44, 2001, p.127-144.
  • [63]
    Normand CARPENTIER, Paul BERNARD, “The Complexities of Help-Seeking: Exploring Challenges through a Social Network Perspective” in Bernice PESCOSOLIDO et al. (dir.), The Handbook of the Sociology of Health, Illness, and Healing: Blueprint for the 21st Century, In: Springer, 2011, p. 465-479.
  • [64]
    Michel NAIDITCH, « Comment pérenniser une ressource en voie de raréfaction ? Enseignements d’une comparaison des politiques d’aide aux aidants des personnes âgées dépendantes en Europe », Questions d’économie de la santé, n° 176, 2012, p. 1-8.
  • [65]
    Kurimi SUGITA, « Focus - les aidants familiaux : une problématique en développement », CNAF - Informations sociales, n° 168, 2011, p. 124-127.
  • [66]
    Terme utilisé même dans le nom d’une revue Réciproques, revue de proximologie consacrée aux aidants.
  • [67]
    Claude MARTIN, « Qu’est-ce que le social care ? Une revue de questions », Revue française de socio-économie, vol. 2, 2008, p. 27-42.

1La question des aidants, qu’ils soient de l’entourage ou qu’ils soient professionnels, prend de plus en plus d’importance depuis plusieurs années. Une des raisons est l’évolution démographique avec le vieillissement de la population et l’augmentation du nombre de personnes avec une maladie chronique. De plus en plus de personnes se trouvent en perte d’autonomie [1] et la durée en incapacité s’allonge. L’espérance de vie des personnes handicapées a crû de manière remarquable ces dernières années [2] et pour les personnes âgées, il semble que l’espérance de vie sans incapacité commence à diminuer dans certains pays comme en France, alors que l’espérance de vie continue à augmenter [3]. Ainsi le nombre total de personnes ayant un besoin d’aide augmente chaque année : personnes en besoin d’aide à l’autonomie et/ou personnes ayant une maladie chronique et/ou personnes présentant un handicap physique, psychique, sensoriel, mental et/ou cognitif ou un polyhandicap à tous les âges de la vie.

2Le rôle de la famille et de l’entourage pour la santé de leur proche est resté longtemps peu visible, la priorité étant donnée au monde médical. Mais depuis plusieurs années, ce que l’on appelle les aspects « profanes » (au sens de non professionnel) de l’accompagnement des malades, est mis en lumière, notamment par des sociologues comme Freidson, Foucault et Strauss [4]. Ils montrent comment l’entourage peut jouer un rôle important aux côtés et avec les professionnels. Ce mouvement est concomitant à la place grandissante que la personne malade et/ou en perte d’autonomie joue elle-même dans le processus de soins.

3D’autre part, la modification des équilibres entre les générations, génère des recompositions au sein des familles [5] et des redéfinitions de rôles qui ont un impact sur les systèmes d’aide. Des tensions apparaissent entre le souci de maintenir des solidarités intergénérationnelles et le besoin d’autonomie grandissante des individus. Elles peuvent générer des questionnements philosophiques sur la relation à l’autre et sur la responsabilité de la société vis-à-vis de celle de la famille ou de l’entourage [6]. Ces questions deviennent particulièrement accrues quand il s’agit du « reste à charge » pour les personnes et pour leurs familles, qui est parfois jugé comme catastrophique [7].

4Par ailleurs, se développent aussi les associations de patients et de familles, comme dans le domaine des maladies génétiques (AFM) [8], dans le domaine de la maladie d’Alzheimer (France Alzheimer), dans le domaine du handicap psychique (Unafam) [9] ou des associations plus généralistes comme l’Association française des aidants. Celles-ci souhaitent prendre part à l’amélioration du système de santé et revendiquent une meilleure reconnaissance du rôle des proches et de leurs besoins. Elles jouent un part importante dans le développement de démarches innovantes qui se développent à partir des besoins des usagers tels que les groupements d’entraide mutuelle (Gem) avec l’Unafam[10].

5Du côté des professionnels, la politique de développement du maintien à domicile fait apparaître le besoin d’un nombre croissant de professionnels de l’aide à domicile avec de nouvelles compétences tant organisationnelles (ex. pour la coordination des soins) que techniques (ex. l’hospitalisation à domicile ou l’utilisation des nouvelles technologies). Les projections du rapport du Centre d’analyse stratégique de 2006 [11] tablaient sur la création, entre 2005 et 2015, d’environ 350 000 postes d’aide à domicile. Gaymu et al. [12] mettent en évidence l’augmentation probable d’ici 2030 du nombre de couples où les deux membres seront dépendants et seront alors demandeurs d’une aide d’ordre professionnel.

6Enfin les contraintes financières que connaissent la majorité des systèmes de santé des pays occidentaux amènent aussi à considérer un déport en partie de l’aide apportée aux personnes malades ou en perte d’autonomie, des professionnels vers les proches, afin de diminuer les coûts des prises en charge pour la collectivité.

7Au final on observe un rééquilibrage entre les aides apportées par les professionnels et celles fournies par l’entourage et une complémentarité qui s’instaure. La famille est alors présentée par les pouvoirs publics « comme source privilégiée de soutien émotionnel et social[13] ».

8Autant de questionnements auxquels les chercheurs tentent d’apporter des éléments de réponse. L’intrication entre le rôle des proches aidants et celui des professionnels évoquée ci-dessus nous amène à nous intéresser conjointement aux deux catégories d’aidants. Nous commencerons dans cet article par étudier les questions soulevées par les concepts de proche aidant d’une part et d’aidant professionnel d’autre part. Nous présenterons ensuite des données récentes de la recherche permettant de mieux caractériser ces deux types d’acteur et leurs interactions, de mieux situer les enjeux, d’expliciter leurs rôles et nous identifierons quelques problématiques majeures les concernant. Nous montrerons comment cette recherche est aussi tournée vers l’identification de nouvelles solutions et parfois leur évaluation. Enfin nous proposerons qu’un nouveau champ de recherche soit en train d’émerger, nous essaierons de mieux le caractériser et d’identifier les difficultés auxquelles il est confronté.

Derrière la notion d’aidant, des concepts à préciser

9Il est important d’abord de mieux définir de quel type d’aide il s’agit, qui sont les aidants de l’entourage et comment les nommer, qui sont les aidants professionnels, et quelle réalité de manière générale recouvre cette notion d’aidant ?

La notion d’aide peut être envisagée de manière plus ou moins large

10L’aide a pu être définie en réponse aux divers besoins de la personne comme étant de manière strictement fonctionnelle, l’aide à la réalisation des actes de la vie quotidienne (manger, se déplacer, faire sa toilette…) ou de manière un peu plus large aussi l’aide à la réalisation des activités instrumentales de la vie quotidienne (gérer son budget, faire ses courses, préparer les repas…). Ce type d’aide est apprécié au travers de divers outils d’évaluation et d’éligibilité aux prestations comme la grille Aggir pour l’Allocation personnalisée d’autonomie (Apa) [14]. Mais cette aide peut être envisagée de manière encore plus large, avec l’aide à une meilleure participation sociale.

11Deux autres notions peuvent permettre de mieux la caractériser comme le travail de soins profanes pour les aidants de l’entourage ou le care qui peut être mobilisé aussi bien pour les aidants professionnels que pour l’entourage. Le travail de soins profanes peut se décliner en quatre dimensions [15] : les dimensions affective (en aimant, écoutant ou réconfortant), cognitive (en donnant de l’information, en secondant pour faire face à certains problèmes), matérielle (en facilitant l’accès aux ressources matérielles) et normative (en validant des comportements eu égard aux normes et modèles en vigueur et maintenant ainsi l’estime de la personne).

12La notion de care a été largement développée, initialement aux États-Unis, en proposant une réflexion éthique sur la manière de prendre en charge les personnes les plus vulnérables [16]. Le terme care n’est pas facile à traduire en français car il se réfère à la fois à des aspects de sollicitude et de soin. Le verbe est souvent traduit par « prendre soin » qui se distingue de soigner (traduction de l’anglais cure). Pour Horchschild [17], le care « caractérise une relation d’aide, familiale ou professionnelle ; il désigne tout à la fois l’activité de soin à une personne qui en dépend et le souci de la réception de ce soin, sa singularité résidant dans cette combinaison affûtée de compétences techniques et émotionnelles ». Joan Tronto [18] donne au care un sens très large et politique, en le définissant comme « une activité générique qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre "monde", de sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible » (p. 143). Pour Collière [19], la notion de soin est très englobante, et inclut tout autant le souci que l’on a de son proche, les traitements que l’on peut lui prodiguer, que la responsabilité exercée envers lui. Pour elle, il existe un continuum entre le care et le cure, le premier donnant tout son sens au second.

Une terminologie qui se cherche pour les aidants de l’entourage

13La notion d’aidant de l’entourage n’est pas facile à cerner. On doit souvent plutôt parler de configuration d’aidants, car plusieurs aidants interviennent se partageant différents rôles (aide aux actes de la vie quotidienne et rôle en « première ligne », aide financière, coordination des aides, fonction de relais, soutien affectif…) [20]. S. Pennec en 2007 identifie selon les vécus des liens de filiation, trois portraits type : « Les enfants qui veulent continuer l’accompagnement "comme toujours", les enfants qui cherchent à renouer une relation de filiation "avant qu’il ne soit trop tard" et les enfants à la recherche des meilleurs services professionnels ».

14On évoque aussi la notion d’aidant principal, pivot de cette configuration d’aide. Mais de quel point de vue est-il considéré comme l’aidant principal ? Du point de vue de la personne aidée, de l’ensemble des aidants de l’entourage, des professionnels ? Est-ce celui qui passe le plus de temps à aider, celui qui coordonne l’ensemble des aides ? Cette notion peut être arbitraire et il convient de bien la définir [21].

15Plusieurs dénominations ont été proposées pour les aidants de l’entourage :

  • les aidants familiaux, mais il existe des aidants qui ne sont pas de la famille comme des amis, des voisins : certains parlent d’aidants familiers pour élargir le champ couvert ;
  • les aidants naturels, mais certains argumentent qu’il n’y a rien de naturel à aider son proche, surtout quand cette aide prend une place très significative dans la vie de l’aidant, parfois au détriment de sa santé et de sa qualité de vie ;
  • les aidants informels, souvent utilisé en France ;
  • les proches aidants, terme utilisé au Québec, mettant en avant la proximité au sens physique ou au sens symbolique (appellation que nous retiendrons dans cet article) ;
  • les entraidants, terme proposé dans un rapport récent [22] pour souligner le double sens de la relation, dans un esprit de solidarité.
Les aidants peuvent aussi être considérés comme des usager-famille en tant qu’ils ont aussi des besoins et un avis sur les réponses apportées par la collectivité [23].

16Mais quel que soit le terme employé, se pose la question de la reconnaissance administrative des aidants. Si on veut les faire bénéficier de certaines aides ou droits, il convient de définir des critères d’éligibilité. Or cette notion peut paraître stigmatisante pour certains, comme peut l’être la reconnaissance du handicap pour les personnes en situation de handicap.

Les aidants professionnels : une catégorie aux contours flous

17Qui sont les aidants professionnels ? Tous les professionnels de santé et du social impliqués dans la prise en charge et l’accompagnement ? Seulement ceux impliqués dans le care ? Mais n’est-ce pas l’ensemble des professionnels de santé et du social qui sont appelés, à des degrés plus ou moins importants, à participer au care de la personne ? Puisqu’il existe un continuum entre le cure et le care comme évoqué ci-dessus, il paraît arbitraire de mettre une frontière stricte entre ces deux types d’activité. On pourra, en première approche, retenir ici sous cette appellation d’aidant professionnel, ceux qui ont une part significative de leur travail dans le care : les professionnels de l’aide à domicile, les professionnels intervenant dans le secteur médico-social à domicile ou en établissement et certains professionnels de l’hôpital (soignants, travailleurs sociaux). Mais on pourrait inclure aussi les médecins traitants et certains médecins comme les gériatres ou les médecins de réadaptation fonctionnelle qui ont une vision globale de la prise en charge de leurs patients.

18Au sein de la profession des aides à domicile, existe une multiplicité de statuts entre les aides à domicile en mode prestataire, celles en mode mandataire et celles de gré à gré ou en emploi direct. L’intitulé de cette profession se cherche entre les termes d’aide à domicile et d’auxiliaire de vie. Doivent-elles être définies par type de tâche ou par public aidé ? De fait, il existe un flou caractéristique sur les compétences attendues des aides à domicile, même quand elles sont diplômées [24]. Selon les situations, les salariés en emploi direct, et dans une certaine mesure ceux en mode intermédié, peuvent varier de fonctions de type « femme de ménage » à des fonctions de type « aide-soignante coordinatrice [25] ».

Les données récentes de la recherche pour une meilleure caractérisation des aidants

19Dans le cadre d’approches descriptives, différentes recherches ont été conduites ces dernières années en s’appuyant sur des grandes enquêtes quantitatives ou des études qualitatives.

Les larges enquêtes quantitatives comme grands instruments de recherche

20Depuis le début des années 2000, des enquêtes ont été mises en place aux niveaux national et européen pour mieux connaître les populations d’aidants. Il s’agit d’enquêtes en population générale ou de cohortes montées soit pour étudier les aidants de manière principale ou le plus souvent comme un sujet secondaire dans le cadre d’études ancillaires.

21On peut citer tout d’abord l’enquête Handicap santé aidants (HSA) dite « aidants informels » pilotée par la Drees[26] et adossée à l’enquête Handicap santé ménages (HSM) de 2008 qui a permis d’obtenir des données auprès d’environ 5 000 aidants. Elle avait pour but principal de caractériser les aidants non professionnels (famille, amis, voisins, etc.) de personnes ayant déclaré dans l’enquête HSM avoir des difficultés à réaliser certains actes de la vie quotidienne en raison d’un handicap, d’un problème de santé ou de leur âge, c’est-à-dire de dresser leur portrait, de connaître la configuration de l’aide et les conditions de son exercice, de saisir les conséquences de l’aide et les besoins qui en découlent et enfin de connaître les représentations que les aidants ont sur leur consentement économique vis-à-vis de l’aide fournie [27].

22Au niveau européen, l’enquête Survey of Health, Ageing and Retirement (Share) conduite à partir de 2004 a permis de recueillir tous les deux ans en face-face, auprès de personnes de plus de 50 ans, des données standardisées correspondant à des dimensions multiples (santé, emploi, conditions de vie, dimension sociale et familiale, etc.) [28]. Ce sont aussi les grandes études et cohortes pilotées par des épidémiologistes comme la cohorte Ictus financée par la commission européenne, conçue pour suivre l’impact de traitements auprès de malades d’Alzheimer (1 385 patients suivis sur deux ans) et ayant permis aussi d’étudier des paramètres comme le fardeau des aidants et leur qualité de vie en fonction de l’état de dépendance de leur proche atteint de la maladie d’Alzheimer [29].

23Ces études permettent de dresser un premier panorama global sur les aidants de l’entourage. Il faut toutefois noter que toutes les données obtenues n’ont pas toujours été exploitées, faute de chercheurs pour les analyser. Par exemple pour l’enquête HSA, ce sont surtout les aidants des personnes âgées qui ont été étudiés [30] ou les aidants enfants ou beaux-enfants non cohabitants [31].

24L’enquête HSM-HSA en 2008 [32] permet de montrer que, près de 3,6 millions de personnes âgées de 60 ans et plus et vivant à domicile, sont aidées régulièrement financièrement ou par un soutien moral, en raison d’un problème de santé ou d’un handicap dans les tâches de la vie quotidienne. Huit personnes âgées sur dix reçoivent au moins l’aide d’une personne de leur entourage et plus de la moitié par des professionnels. Le recours à une aide est fortement lié à l’âge de la personne aidée et à son degré de dépendance. La moitié des personnes âgées reçoivent l’aide d’un seul aidant, professionnel ou de l’entourage. L’aide de l’entourage combine le plus souvent une aide aux tâches de la vie quotidienne et un soutien moral. Enfin près d’un tiers des personnes âgées, aidées régulièrement pour des raisons de santé ou de handicap, déclarent ne pas recevoir toute l’aide dont elles auraient besoin.

25Cette même enquête montre que l’aide peut avoir un impact sur la vie professionnelle des aidants. Ainsi, parmi les proches aidants ayant un emploi et aidant au moins une personne âgée de plus de 60 ans vivant à domicile, 77 % (soit 1,3 million) ont modifié leurs horaires de travail et 13 % ont changé la nature de leur travail (avec ou sans changement d’employeur) [33].

26L’analyse conduite par la Caisse nationale d’allocation familiale en 2011 [34] montre que les aidants enfants ou beaux-enfants sont en majorité des femmes (56,2 %), âgées de 46 ans à 60 ans (56,5 %). 47,7 % de ces aidants sont en emploi et 53,9 % déclarent avoir un enfant à charge (cohabitation et/ou charge financière).

27De son côté, l’enquête Share[35] permet de mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre dans la formation des configurations d’aide et dans ce qu’ils appellent le fonctionnement de « la PME familiale ». Elle contribue à caractériser les déterminants démographiques, économiques et sociaux de la mobilisation familiale, importants à appréhender pour le décideur public, afin d’envisager des scenarii en cas de diminution de l’offre d’aide informelle dans le futur. Les résultats suggèrent que l’aide informelle est capable de s’ajuster aux chocs démographiques et sociaux touchant la famille.

28Sandrine Andrieu [36] insiste sur la dimension évolutive de l’aide à apporter en parallèle de l’évolution de la situation de l’aidé, ce qui amène les aidants à déclarer un fardeau de plus en plus important lors de la progression de la maladie. Thomas Rapp [37] indique qu’en France les aidants passent en moyenne 139 h par mois à aider leur proche, pour la surveillance (la moitié du temps en moyenne) ou pour les activités de la vie quotidienne. Ceci est à comparer avec le temps passé par les professionnels soit environ 24 h par mois. L’aide informelle est donc l’aide majoritaire et de très loin. De fait, les aides formelles et informelles sont en équilibre voire complémentaires [38]. Il semble que le statut socio-économique soit déterminant vis-à-vis du type d’aide reçue, ce qui est révélateur des problèmes que peuvent rencontrer les catégories les moins favorisées en termes d’information, de compréhension et de moyens financiers pour l’accès aux aides professionnelles.

29Du côté des aidants professionnels, on peut citer l’enquête conduite par la Drees en 2008 sur les intervenants à domicile auprès de 2 600 professionnels, représentative de l’ensemble des intervenants au domicile des personnes fragilisées de France métropolitaine, c’est-à-dire employés par des particuliers, soit directement soit par voie mandataire, ou des salariés relevant d’organismes agréés de services à la personne [39]. Environ 515 000 intervenantes travaillent au domicile des personnes fragilisées selon différents modes d’exercice avec parfois les différents modes en parallèle. Âgées en moyenne de 45 ans (47 ans pour celles en emploi direct), elles ont des différences de formation importantes selon leur mode d’exercice : celles en mode prestataire sont souvent diplômées alors que 85 % de celles en emploi direct n’ont aucun diplôme du secteur sanitaire et social. Leurs emplois du temps varient d’une semaine sur l’autre et plus des deux tiers occupent un emploi d’aide à domicile à temps partiel.

30En conclusion, il faut toutefois souligner plusieurs limites à ces enquêtes. D’abord elles ne donnent aujourd’hui qu’une vision partielle de la population des aidants, s’étant concentrées, vu leur nombre, sur les aidants des personnes âgées. Par ailleurs, certaines des données sont à prendre avec précaution, notamment pour les proches aidants, quand elles sont déclaratives sans pouvoir être rapprochées de données administratives. Une post-enquête qualitative conduite à partir de l’enquête HSM-HSA et s’intéressant à la relation entre aidé et aidant dans le couple adulte et entre parents aidants et enfants aidés met en évidence la partialité de l’information recueillie par HSM-HSA auprès des seuls aidants, la difficulté à rendre les temporalités qui traversent la relation et à déterminer de manière précise le rang d’aidant [40].

Des études qualitatives indispensables pour appréhender le vécu, les difficultés et les besoins des aidants ainsi que les relations en jeu

31Les études qualitatives conduites sur les aidants viennent compléter les résultats obtenus par ces grandes enquêtes. Les aidants en effet ne se livrent souvent pas spontanément et il est courant de constater une forme de déni par rapport à leur situation ainsi qu’une réticence à demander de l’aide [41]. De plus, on constate une grande diversité dans le profil des aidants, du fait notamment de la variété des configurations familiales, du contexte socio-économique et du degré de proximité, que l’on ne peut pas toujours suffisamment apprécier dans une enquête où l’entretien ne peut excéder une heure.

32Les études qualitatives sont aussi souvent plus appropriées pour étudier des systèmes d’aidants, que ce soit la constellation des aidants informels, les différents aidants professionnels et leurs interactions, la dyade aidant/aidé, le triangle aidé/aidant professionnel/proche aidant, et de manière plus générale, les relations entre le proche aidant et les autres acteurs. Une étude récente s’est intéressée au trio aidé/proche aidant/aidant professionnel vis-à-vis des besoins en santé et pour l’autonomie [42], les personnes aidées étant des personnes en situation de handicap mental, physique ou psychique, de plus de 30 ans ou des personnes âgées en perte d’autonomie. Elle met en avant la singularité des personnes et de leurs situations, et l’importance de bien penser le système d’aide au plus tôt dans l’histoire de la maladie et/ou du handicap, afin d’éviter l’épuisement des aidants. Elle souligne l’ambivalence de la relation entre proche aidant et aidant professionnel où le proche aidant peut redouter de perdre de l’intimité avec son proche et en même temps se sentir rassuré de voir des professionnels prendre en charge des situations difficiles.

33Une équipe de sociologues s’est aussi intéressé aux relations en jeu entre la personne en situation de handicap atteinte de troubles psychiques et cognitifs, les proches aidants et les aidants professionnels dans l’accompagnement à domicile [43]. Ils ont observé que les aidants doivent s’arranger d’aspirations contradictoires, comme la protection et l’autonomie, et assumer des prises de risque. Une autre étude a pu montrer qu’il pouvait y avoir un décalage entre la vision des professionnels (ici plutôt les médecins), avec une logique d’appréhension du risque impliquant des recommandations préventives comme l’arrêt de la conduite automobile, la suppression du gaz pour la cuisine et celle de la famille plus socialisée et recentrée sur l’histoire de la personne, ses aspirations et le développement des capacités résiduelles [44].

Une recherche en appui à l’évaluation des pratiques et à l’identification de nouvelles solutions

34Souvent de type recherche-intervention, cette recherche permet de déboucher sur de nouvelles solutions. S’appuyant sur des recherches plus descriptives (présentées dans la première partie), elle implique nécessairement les professionnels de terrain, le plus souvent les pouvoirs publics et parfois des associations de familles et d’usagers qui sont en attente forte de meilleures réponses à leurs besoins. Une des difficultés rencontrées est la prise de distance nécessaire au moment de l’évaluation de l’efficacité/efficience du dispositif. En fait, peu d’études permettent de réellement documenter l’efficacité/ l’efficience et les critères d’évaluation sont souvent différents d’une étude à l’autre, rendant difficiles des comparaisons.

35On donnera ici deux illustrations par des sujets d’actualité : l’aide aux aidants et la mise en place de « coordonnateurs » ou « gestionnaires de cas [45] ».

L’aide aux aidants

36Pour mieux soutenir les proches aidants, un préalable est la connaissance de leurs besoins. Depuis une dizaine d’année, l’équipe de Nancy Guberman au Québec a développé un outil d’évaluation des besoins des aidants, l’outil Aide-proches qui a été expérimenté dans différentes conditions au Canada et aux USA [46]. L’idée est qu’en parallèle à l’évaluation des besoins des personnes en perte d’autonomie, il convient de penser aux besoins des aidants qui peuvent être en grande difficulté et souffrir de troubles importants (épuisement, dépression…) [47]. Les domaines couverts sont : le travail de soins, les relations avec les services formels, les relations aidant/ aidé/famille, la santé de l’aidant, la conciliation des rôles, le logement, les coûts financiers de l’aide et la planification des soins. Cet outil favorise une meilleure perception par les proches aidants de leur situation et, leur donnant la parole, permet aux professionnels de ne plus les percevoir comme des subalternes mais comme des individus à part entière, créant ainsi les conditions d’une coproduction négociée de l’aide et des soins [48]. À noter un travail récent au niveau européen pour l’élaboration d’une démarche d’auto-évaluation des besoins des proches aidants [49].

37Cependant l’emphase est souvent mise sur les difficultés rencontrées par les aidants en négligeant la dimension positive de l’aide. Comme indiqué ci-dessus, les aidants sont perçus dans les études épi-démiologiques surtout à travers la notion très limitatrice de fardeau, portant une forte connotation négative. M. Membrado et al. mettent en avant l’omission fréquente du caractère positif et gratifiant du rôle d’aidant [50]. Les interventions professionnelles devraient permettre aux aidants d’exprimer par eux-mêmes « ce qui marche » et ce qui les gratifie [51].

38Mais l’aide aux aidants soulève de nombreuses questions. Les aidants souhaitent-ils être aidés ? Comment les aider ? Ont-ils besoin de formations ? D’un accompagnement ? Comment évaluer l’impact des différents dispositifs mis en place ? Quels sont les bons indicateurs à utiliser pour cette évaluation ? Qui doit financer ces aides ?

39Une revue des différents dispositifs mis en place les distingue en deux catégories [52] :

  • les formules dites « classiques » (information, formation, soutien psychologique, groupes de parole pour les aidants, accueil de jour, hébergement temporaire, séjours de vacances, sortie à la journée) ;
  • les formules émergentes (accueil de nuit, garde itinérante de nuit, lieux de prise en charge dans des situations de crise ou d’urgence).
Pour apprécier comment ces formules répondent aux besoins, il est proposé de prendre en compte l’impact sur la relation aidant-aidé et sa qualité, considérée comme importante [53], et de tenir compte simultanément du vécu de l’aidant et de la place donnée à la personne aidée.

40Peu d’études ont été conduites, permettant réellement de documenter l’efficacité de ce type de dispositif. Toutefois une méta-analyse [54] montre que certaines interventions psychosociales, d’autant plus si elles sont intensives et si elles prennent en compte à la fois la personne malade et sa famille, sont capables de retarder l’entrée de la personne malade en institution et de réduire la dépression des proches aidants. Un bon exemple est l’intervention développée par Mary Mittelman à l’Université de New York, qui comprend des séances de conseil personnalisé en face-à-face pour l’aidant et sa famille, réparties sur un trimestre et qui peuvent être suivies de séances de conseil par téléphone. Son efficacité a été montrée pour le retard à l’entrée en institution et pour la réduction de la dépression des aidants [55]. H. Brodaty et al.[56] suggèrent que toute intervention soit correctement évaluée par rapport à sa pertinence et son efficacité, ce qui n’est pas évident, étant donné la multitude de dispositifs existants, le coût de leur évaluation et le peu de professionnels formés à ce type d’évaluation.

41Enfin il semble que certains aidants soient plus vulnérables aux « effets secondaires » de l’aide et qu’il soit important de les repérer le plus tôt possible pour les cibler en priorité (comme juste après le diagnostic de la maladie d’Alzheimer) [57].

L’émergence d’une nouvelle figure d’aidant : le « coordonnateur » ou « gestionnaire de cas »

42Comme une nécessité aux évolutions démographiques et organisationnelles, est apparue en France récemment une nouvelle figure d’aidant, le « gestionnaire de cas [58] ». Dans le cadre du plan Alzheimer 2008-2012, des gestionnaires de cas intensif ou coordonnateurs de santé ont été mis en place dans des dispositifs expérimentaux baptisés Maisons pour l’autonomie et l’intégration des malades d’Alzheimer (Maia). Ces Maia ont vocation, sur un territoire donné, à fédérer l’offre de service à destination des personnes âgées dépendantes et les gestionnaires de cas à accompagner les personnes dans les situations les plus complexes en s’appuyant sur les ressources du territoire coordonnées par la Maia[59]. Cette fonction de gestionnaire de cas a émergé dans les années 1980 en Grande-Bretagne puis aux États-Unis, au Canada et au Japon (seul pays où elle est généralisée [60]).

43De fait, le « gestionnaire de cas », qui a pour mission principale d’évaluer les besoins de la personne en perte d’autonomie, de mettre en place un plan d’aide et d’accompagnement et d’en assurer le suivi, est un véritable porte-parole pour la personne aidée. Il est amené à jouer un rôle essentiel à des moments critiques du parcours des personnes, en facilitant l’articulation des actions de tous les intervenants, qu’ils soient familiaux ou professionnels.

44Cette fonction encore naissante soulève cependant encore des questions auxquelles la recherche pourrait contribuer à apporter des réponses. S’agit-il d’un nouveau métier ? Cette fonction doit-elle être exercée à temps partiel, le professionnel assurant sur une partie de son temps son métier d’origine (infirmière, travailleur social…), ou doit-elle être exercée de manière complètement dédiée ?

45Aujourd’hui peu d’études conduites à l’étranger permettent réellement de démontrer l’efficience du case management[61] et en France la mise en place de ces gestionnaires de cas est récente et n’a pas encore donné lieu à une véritable étude d’impact.

Conclusion : le développement d’un nouveau champ de recherche ?

46Cet article donne un premier aperçu de la diversité des thématiques associées à la question des aidants : la notion même et sa terminologie, la caractérisation des différents types d’aidant professionnel ou proche aidant et leur diversité, leurs besoins et attentes, les réponses apportées à ces besoins, la collaboration et la coordination entre les aidants, les trajectoires d’aidants…

47La plupart de ces thématiques mettent en jeu une multiplicité d’acteurs et de variables pour rendre compte de leur complexité : les types d’acteur, leurs activités, les catégories socio-professionnelles, les dimensions culturelles, socio-économiques, les valeurs, les normes, les savoirs, les informations, les comportements, les relations entre acteurs et leur historique, le contexte environnemental et socio-historique… Elles nécessitent de croiser les savoirs à partir de nombreuses disciplines : médecine, épidémiologie, démographie, sociologie, psychologie, anthropologie, philosophie, gestion, économie, sciences politiques… Une illustration est apportée par A. Gramain et F. Weber [62] qui montrent les relations entre la science économique, et les autres sciences sociales dans une recherche pluridisciplinaire sur l’économie domestique dans le cadre d’une micro-économétrie des soins de long terme aux personnes âgées dépendantes.

48Elles impliquent aussi de mettre en œuvre des méthodologies très variées au niveau quantitatif avec des grandes enquêtes ou au niveau qualitatif sous forme d’entretiens ou d’observations participantes. Certaines de ces enquêtes peuvent être confrontées à des difficultés particulières comme l’accès à certains types d’aidant (proches aidants quand ils ne sont pas désignés ainsi par la personne aidée, aidants professionnels de gré à gré (ou même travaillant au noir dans certains pays). L’identification de l’aidant principal peut être aussi problématique. Certains questionnements peuvent être vécus comme intrusifs ou néfastes : quel peut être l’effet pour un proche aidant de prendre conscience de l’ensemble des difficultés auxquelles il est confronté ? Un souci aussi rencontré dans les enquêtes quantitatives, est le nombre limité de paramètres observés.

49Des modélisations innovantes ont pu être développées pour mieux rendre compte de la complexité comme les « réseaux sociaux d’aidants », modèle développé par N. Carpentier [63] et permettant de rendre compte de la structure sociale, des effets multi-niveaux (micro, méso et macro), des dimensions culturelles et de temporalité. Les comparaisons internationales peuvent aussi être des approches riches pour éclairer certains aspects, notamment dans le domaine des politiques publiques et de leur impact, comme pour la comparaison européenne des politiques d’aide aux aidants [64] ou les évolutions démographiques des aidants avec une étude sur le Japon comme observatoire du futur [65].

50Par ailleurs, la mobilisation des associations de patients, de personnes handicapées et de familles parait essentielle, autant pour la définition d’axes de recherche dans un dialogue avec les chercheurs et les professionnels que pour la diffusion des travaux de recherche.

51En définitive, cette recherche au regard des questions complexes qu’elle aborde et de ses caractéristiques particulières (interdisciplinarité, implication des associations, modèles ad hoc) constitue un champ d’expertise spécifique. Il est parfois baptisé « proximologie [66] » et s’inscrit dans un champ plus large, le « social care », décrit par Martin [67].

52Mais ce champ ne pourra se développer pleinement qu’avec un nombre suffisant de chercheurs (notamment pour les aidants des personnes adultes en situation de handicap), et si des dispositifs de recherche sont mis en place, permettant la rencontre entre chercheurs de disciplines différentes, professionnels de terrain et associations de familles. Ce pourrait être une des vocations des « gérontopoles » comme celui de Toulouse, du pôle de Lille « Handicap, dépendance et citoyenneté » ou de la Maison des sciences sociales du handicap de l’École des hautes études en santé publique.

Notes

  • [*]
    (. Directeur de la recherche et de l’innovation pédagogique, EHESP Rennes, Sorbonne Paris Cité, équipe Management des organisations en santé (MOS), France.
  • [1]
    En France, le nombre de bénéficiaires de l’Allocation personnalisée d’autonomie à fin décembre est passé de 903 000 en 2005 à 1 044 000 en 2007, 1 136 000 en 2009 et 1 199 000 en 2011.
  • [2]
    Bernard AZEMA, Nathalie MARTINEZ, « Les personnes handicapées vieillissantes : espérances de vie et de santé ; qualité de vie », Revue française des affaires sociales, 2005, vol.2, 2, p. 295-333.
  • [3]
    Communiqué de presse de l’Inserm du 18 avril 2012.
  • [4]
    Geneviève CRESSON, « La production familiale de soins et de santé. La prise en compte tardive et inachevée d’une participation essentielle », Recherches familiales, 2006, vol. 3, 1, p. 6-15.
  • [5]
    Florence WEBER, « Les rapports familiaux reconfigurés par la dépendance », Regards croisés sur l’économie, vol.7, 1, 2010, p. 139-151.
  • [6]
    Claudine ATTIAS-DONFUT (dir.) (avec la coll. de A. Rozenkier), Les solidarités entre générations, Paris, Nathan, 1995, 352 p.
  • [7]
    La place des familles dans la prise en charge de la dépendance des personnes âgées. Rapport du Haut conseil de la Famille, Paris, 2011.
  • [8]
    Vololona RABEHARISOA, « Les associations de malades et d’usagers de la santé », in Boris HAURAY, Didier FASSIN, Santé publique. L’état des savoirs. Paris, La Découverte, 2010, p. 457-468.
  • [9]
    Bertrand ESCAIG, « La force d’imaginer : les usager-familles, source d’innovation dans l’accompagnement de personnes souffrant de troubles psychotiques », Revue française des affaires sociales. vol. 1, 2004, p. 165-178.
  • [10]
    Ibid.
  • [11]
    Stéphane LEBOULER, Personnes âgées dépendantes : bâtir le scénario du libre choix, Paris, Centre d’analyse stratégique, 2006, 308 p.
  • [12]
    Joëlle GAYMU et l’équipe FELICIE, « Comment les personnes dépendantes seront-elles entourées en 2030 ? Projections européennes », Population et sociétés, n°444, 2008, p.1-4.
  • [13]
    Normand CARPENTIER, « Le long voyage des familles : la relation entre la psychiatrie et la famille au cours du XXe siècle », Sciences sociales et santé, vol.19, 1, 2001, p. 79-104.
  • [14]
    Voir Code de l’action sociale et des familles – Art. L232-2.
  • [15]
    Geneviève CRESSON, 2006, art. cit. citant Luciano BOZZINI, Roger TESSIER, « Support social et santé », in Jacques DUFRESNE, Fernand DUMONT, Yves MARTIN, Traité d’anthropologie médicale, l’institution de la santé et de la maladie, Presses universitaires du Québec, Presses Universitaires de Lyon, 1985.
  • [16]
    Joan TRONTO, Un monde vulnérable, pour une politique du care (Moral Boundaries : a Political Argument for an Ethic of care, 1993), traduit de l’anglais par Hervé Maury, Paris, La Découverte, 2009, 238 p.
  • [17]
    Arlie R. HORCHSCHILD, The Managed Hear: Commercialization of Human Feeling, Berkeley (CA), University of California Press, 1983, 327 p.
  • [18]
    Joan TRONTO, op. cit.
  • [19]
    Marie-Françoise COLLIÈRE, Promouvoir la vie, Paris, Interéditions, 1982, 244 p.
  • [20]
    Simone PENNEC, « Les configurations filiales face au vieillissement des ascendants », Empan, 2003, vol. 52, 4, p. 86-94 ; Simone PENNEC, « Comment les enfants s’occupent-ils de leurs parents ? Pratiques et logiques filiales », Mutations, n° 1, 2007, p. 105-121.
  • [21]
    Des débats importants se sont tenus à ce sujet lors de la mise en place de l’enquête aidants pilotée par la Drees, enquête adossée à l’enquête Handicap santé ménages de 2008 (communication personnelle).
  • [22]
    Gilles SERAPHIN, Projet 12 : les défis du care. Renforcer les solidarités. Rapport Terra Nova, contribution n°7, 2012, 65 p.
  • [23]
    Bertrand ESCAIG, art. cit. 2004,
  • [24]
    Loïc TRABUT, Nouveaux salariés, nouveaux modèles : le maintien à domicile des personnes âgées dépendantes, 2011, p. 137
  • [25]
    Ibid., p. 182
  • [26]
    Drees : Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère de la Santé.
  • [27]
    Source : ministère en charge de la Santé.
  • [28]
    En France, enquête réalisée sur le terrain initialement par l’Insee en partenariat avec l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) puis reprise récemment par le Legos de l’Université Paris-Dauphine.
  • [29]
    Sandrine ANDRIEU, Benoit RIVE, Chantal GUILHAUME, et al., “New Assessment of Dependency in Demented Patients: Impact on the Quality of Life in Informal Caregivers”, Psychiatry and Clinical Neurosciences, vol. 61, 3, 2007, p. 234-242.
  • [30]
    Noémie SOULLIER, Amandine WEBER, « L’implication de l’entourage et des professionnels auprès des personnes âgées à domicile », Études et résultats, n° 771, 2011, p. 1-8 ; Alain PARAPONARIS, Gwendoline TACHÉ, Bérengère DAVIN, « Les besoins d’aide à la vie quotidienne des personnes âgées en perte d’autonomie », Revue d’épidémiologie et de santé publique, 58, Supplément 2(0): S78, 2010.
  • [31]
    Pauline DOMINGO, Catherine VERITE, « Aider un parent dépendant : comment concilier vies familiale, sociale et professionnelle ? », Politiques sociales et familiales, n° 105, 2011, p. 31-46.
  • [32]
    Noémie SOULLIER, Amandine WEBER, op. cit. 2011.
  • [33]
    Enquête handicap santé HSM et HSA de 2008.
  • [34]
    Pauline DOMINGO, Catherine VERITE, op. cit. 2011.
  • [35]
    L’enquête SHAR : bilan et perspectives, Actes du séminaire organisé par l’Irdes à Paris au ministère de la Recherche. Paris, Les rapports de l’Irdes, n° 1848, 2011, 58 p.
  • [36]
    Les actes des Rencontres France Alzheimer, Toulouse, Association France Alzheimer, 2009, 48 p.
  • [37]
    Ibid.
  • [38]
    Bérengère DAVIN, Alain PARAPONARIS, Pierre VERGER, « Entraide formelle et informelle », Gérontologie et société. vol. 127, 4, 2008, p. 49-65.
  • [39]
    Rémy MARQUIER, « Les intervenantes au domicile des personnes fragilisées en 2008 », Études et résultats, 2010, n° 728, p.1-8 ; Rémy MARQUIER, Sandra NAHON, Les conditions de travail des aides à domicile en 2008. Paris, Dossier Solidarité et Santé, Drees, n° 30, 2012, 60 p.
  • [40]
    Maks BANENS, Anne MARCELLINI, La relation entre aidé et aidant dans le couple adulte et entre parents aidants et enfants aidés. Drees, 2012, 167 p.
  • [41]
    Geneviève COUDIN, « Les familles des malades atteints de maladie d’Alzheimer et leur réticence vis-à-vis de l’aide professionnelle », Sciences sociales et Santé n° 23, 2005, p. 96-104.
  • [42]
    Geneviève IMBERT et al., RHISAA : Recherche qualitative exploratoire handicaps -incapacités - santé et aide pour l’autonomie (vol. I et II), Paris, FNG, 2010, 268 p. (+385 p.).
  • [43]
    Antoine HENNION et al., Une ethnographie de la relation d’aide: de la ruse à la fiction, ou comment concilier protection et autonomie. Treize récits de cas sur l’intervention du réseau des proches, des aidants et des soignants auprès de personnes atteintes de troubles psychiques ou cognitifs, DREES, 2012.
  • [44]
    Arnaud CAMPEON et al., Impact de la structuration des CMRR sur les trajectoires de prise en charge de patients souffrant de la maladie d’Alzheimer, présentation aux deuxièmes rencontres scientifiques de la CNSA, 2012.
  • [45]
    Mis en place dans le cadre du plan Alzheimer 2008-2012.
  • [46]
    Lucy BARYLAK et al. Retour sur l’utilisation de l’outil d’évaluation des proches aidants : les obstacles, les résultats et les répercussions de la politique. Contrat n° 4500116739 avec Santé Canada, 2006, 56 p.
  • [47]
    Henry BRODATY, Alisa GREEN, “Family Caregivers for People with Dementia” in J. O’Brien, D. Ames, A. Burns, Dementia, 2nd Ed. London, Arnold, 2000, p. 193-205.
  • [48]
    Nancy GUBERMAN, Actes des premières rencontres scientifiques de la CNSA de 2009, www.cnsa.fr
  • [49]
    L’auto-évaluation de leurs besoins par les aidants familiaux, un point de départ pour obtenir de l’aide. Partenariat éducatif Grundtvig. Rapport Coface, Unapei, DG Éducation culture, 2012, 45 p.
  • [50]
    Monique MEMBRADO et al. « Définitions de l’aide : des experts aux "profanes" », in Serge CLÉMENT, Jean-Pierre LAVOIE (dir.) Prendre soin d’un proche âgé, Ramonville-Saint-Agne, Érès, 2005, p. 85-136.
  • [51]
    Geneviève COUDIN, Judith MOLLARD, « Être aidant de malade Alzheimer : difficultés, stratégies de faire face et gratifications. Première étape de validation du CADI-CAMI-CASI auprès d’un échantillon français d’aidants familiaux », Gériatrie et psychologie & neuropsychiatrie du vieillissement, vol. 9, 3, 2011, p. 363-378.
  • [52]
    Marion VILLEZ et al. Analyse et revue de la littérature française et internationale sur l’offre de répit aux aidants de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées. Paris, Fondation Médéric Alzheimer, 2008, 129 p.
  • [53]
    Judith MOLLARD, « Aider les proches », Gérontologie et société, vol. 128-129, 1, 2009, p. 257-272.
  • [54]
    Henry BRODATY, Alisa GREEN, Annette KOSCHERA, “Meta-Analysis of Psychosocial Interventions for Caregivers of People with Dementia”, J Am Geriatr Soc., vol. 5, 5, 2003, p. 657-664.
  • [55]
    Mary S. MITTELMAN et al., “Improving Caregiver Well-Being Delays Nursing Home Placement of Patients with Alzheimer Disease”, Neurology, vol. 6, 9, 2006, p. 1592-1599.
  • [56]
    Henry BRODATY et al., 2003, op. cit.
  • [57]
    Henry BRODATY, Marika DONKIN, “Family Caregivers of People with Dementia”. Dialogues Clin Neurosci., 2009, vol. 11, 2, p. 217-228; Francine DUCHARME et al., “Challenges Associated with Transition to Caregiver Role Following Diagnostic Disclosure of Alzheimer Disease: a Descriptive Study”, Int J Nurs Stud., vol. 48, 9, 2011, p. 1109-1119.
  • [58]
    Le terme « gestionnaire de cas » correspond à la traduction littérale de l’anglais case manager. On parle aussi de coordonnateur ou coordonnateur de santé, mais il peut y avoir confusion avec d’autres professionnels ayant des fonctions de coordination. Par souci de clarté, nous retiendrons ici le terme de « gestionnaire de cas » même si cette appellation n’est pas réellement satisfaisante.
  • [59]
    Marie-Aline BLOCH, Léonie HÉNAUT, Sébastien GAND et al. « Les gestionnaires de cas: une nouvelle figure de tiers », Revue économique et sociale, vol. 29, 3, 2011, 103-112.
  • [60]
    Marie-Aline BLOCH, Léonie HÉNAUT, Jean-Claude SARDAS et al. La coordination dans le champ sanitaire et médico-social, les enjeux organisationnels et les dynamiques professionnelles, Centre de gestion scientifique, Mines ParisTech, Fondation Paul Bennetot, 2011, 241 p.
  • [61]
    Dominique SOMME et al. “Analysis of Case Management Programs for Patients with Dementia: A Systematic Review”, Alzheimer’s & Dementia, vol. 8, 5, 2012, p. 426-436.
  • [62]
    Agnès GRAMAIN, Florence WEBER, « Ethnographie et économétrie : pour une collaboration empirique », Genèses, vol. 3, 44, 2001, p.127-144.
  • [63]
    Normand CARPENTIER, Paul BERNARD, “The Complexities of Help-Seeking: Exploring Challenges through a Social Network Perspective” in Bernice PESCOSOLIDO et al. (dir.), The Handbook of the Sociology of Health, Illness, and Healing: Blueprint for the 21st Century, In: Springer, 2011, p. 465-479.
  • [64]
    Michel NAIDITCH, « Comment pérenniser une ressource en voie de raréfaction ? Enseignements d’une comparaison des politiques d’aide aux aidants des personnes âgées dépendantes en Europe », Questions d’économie de la santé, n° 176, 2012, p. 1-8.
  • [65]
    Kurimi SUGITA, « Focus - les aidants familiaux : une problématique en développement », CNAF - Informations sociales, n° 168, 2011, p. 124-127.
  • [66]
    Terme utilisé même dans le nom d’une revue Réciproques, revue de proximologie consacrée aux aidants.
  • [67]
    Claude MARTIN, « Qu’est-ce que le social care ? Une revue de questions », Revue française de socio-économie, vol. 2, 2008, p. 27-42.
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