Vie sociale 2009/4 N° 4

Couverture de VSOC_094

Article de revue

Avant-propos

Pages 5 à 6

Extrait de la conférence faite à Vichy, le 15 octobre 2009, par Christian Maurel, dans le cadre du colloque sur les politiques de la jeunesse. L’ensemble de la conférence intitulée « Animation socio-culturelle et éducation populaire » est lisible sur le site : http://www.mille-et-une-vagues.org/ocr/

1« Que reste-t-il aujourd’hui de ce formidable mouvement historique, social, culturel, éducatif et politique – on pourrait même dire philosophique – qui a ses moments d’émergence, ses utopies, ses temps forts, ses épopées, ses crises, ses chantres et ses héros ?

2Je fais le choix d’entrer par l’éducation populaire car il me semble que les autres formes d’intervention éducatives, sociales et culturelles en sont pour une grande partie les héritières (le socio-éducatif, l’éducation permanente, l’action culturelle, le socio-culturel et même une certaine forme d’action sociale). Autrement dit, il y a des héritages dans l’héritage qu’une analyse généalogique pourrait mettre en évidence. (Voir à ce sujet le travail de Jean-Marie Mignon : Une histoire de l’éducation populaire. Éditions La Découverte.)

3Trois courants de pensée structurent et marquent l’histoire et sans doute encore l’actualité de l’éducation populaire :

  • le siècle des Lumières et la Révolution française. Ici, le « Rapport Condorcet » sur l’Instruction publique de 1792 fait référence : pourvoir à ses besoins, assurer son bien-être, connaitre et exercer ses droits, entendre et remplir ses devoirs, perfectionner son industrie, se rendre capable des fonctions sociales auxquelles chacun a le droit d’être appelé, développer toute l’étendue des talents que l’on a reçu de la nature, établir entre les citoyens une égalité de fait et rendre réelle l’égalité politique reconnue par la loi, apprendre à apprendre, substituer enfin l’ambition d’éclairer les hommes à celle de les dominer … tels doivent être les buts d’une instruction qui est pour la puissance publique un devoir de justice. Beaucoup de militants et d’animateurs se reconnaitront dans ces objectifs et pourront réclamer leur part d’héritage.
  • le Christianisme social, mouvement d’idées et de pratiques qui se développe notamment suite à l’Encyclique Rerum Novarum du pape Léon 13 (1891) qui appelle les chrétiens à s’engager dans la question ouvrière. De nombreux mouvements, notamment de jeunesse, naîtront et se développeront dans le monde christianisé : JOC, JAC, JEC, le Sillon de Marc Sangnier, le scoutisme religieux, les prêtres ouvriers, les théologiens de la libération en Amérique latine… Certains de ces mouvements sont encore très influents. Il y a encore là un héritage dans lequel certains peuvent légitimement se reconnaitre.
  • le mouvement ouvrier au XIXe siècle et sa dimension culturelle qu’il faut comprendre comme la pensée et les pratiques d’un groupe social (le prolétariat) en conflit, marqué par les rapports d’un travail aliénant et qui construit, dans la lutte et l’action collective, de nouvelles représentations de la société (par exemple, le socialisme et l’anarchisme) et du monde (l’internationalisme ainsi que de nouvelles formes d’organisation – syndicats, mouvements de solidarité, mutuelles –, de production et de partage de la richesse – par exemple les coopératives). Germinal de Zola est, à ce titre, un grand roman d’éducation populaire : " Lantier songeait à lui, il se sentait fort, muri par sa dure expérience au fond de la mine. Son éducation était finie, il s’en allait, armé, en soldat raisonneur de la révolution ayant déclaré la guerre à la société telle qu’il la voyait et telle qu’il la condamnait." »

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