Couverture de VSE_195

Article de revue

Comptabilité politique ou le droit comptable au service de l'intérêt général

Pages 77 à 98

Notes

  • [1]
    Une première version de cet article a été présentée au colloque annuel 2012 de l’Association pour la Recherche Interdisciplinaire sur le Management des Organisations (ARIMHE) et a été acceptée au congrès annuel 2013 de l’Association Francophone de Comptabilité (AFC). L’auteur remercie les réviseurs anonymes, de ces deux manifestations et ceux de la revue VSE pour leurs remarques et conseils.
  • [2]
    Si la réponse judiciaire reste, pour chacune des affaires, essentiellement nationale, leurs causes apparaissent éventuellement imputables à la matière comptable et à son traitement, de plus en plus normalisé au plan mondial.
  • [3]
    Schoun et al., (2012).
  • [4]
    « C’est-à-dire l’art du commandement social, l’activité valorisée et valorisante dont l’unique dessein est le Bien commun ». (Dieu, 2008, p. 5).
  • [5]
    La politique représente pour Aristote la recherche des fins les plus hautes de l’homme qui, en tant qu’animal politique, ne peut accéder à son humanité véritable que dans le cadre de la cité, dont la fin n’est pas seulement de pouvoir vivre ensemble - savoir satisfaire ses besoins et s’entendre - mais surtout de bien vivre, d’avoir une vie heureuse, c’est-à-dire vertueuse.
  • [6]
    « L’idée même de science a suscité de vastes et complexes polémiques. Un accord assez général se dégage cependant pour reconnaitre à la science quatre caractères : elle est un discours portant sur le réel, contrôlable intersubjectivement, inachevé et donc révisable » (Denquin, 1992, p. 13).
  • [7]
    L’économie politique est selon l’expression d’Alfred Marshall, « une étude de l’humanité dans les affaires ordinaires de la vie » (Barre et Teulon. 1997, p. 5).
  • [8]
    « Les auteurs contemporains définissent l’économie politique comme étant : la science sociale qui étudie les comportements humains devant des moyens rares sollicités par des fins multiples » (Jacquemin et al., 2001, p. 3).
  • [9]
    Au sens de « champ social d’intérêts collectifs contradictoires ou d’aspirations collectives antagonistes que régule un pouvoir détenteur de coercition légitime » (Braud, 2011, p. 7).
  • [10]
    Concept défini, en référence aux travaux de Bourdieu, par Frankel et Hojberg (2007, p. 8), comme des « systèmes de relations structurés par des rapports de force entre des acteurs politiques et des institutions ».
  • [11]
    Par régulation comptable, nous entendons, à l’instar de Colasse (2005, p. 28), « le processus de production, de mise en œuvre et de contrôle de l’application des normes comptables ; ce processus peut se développer dans des espaces géopolitiques plus ou moins étendus et plus ou moins organisés, à l’échelle d’un pays, d’un ensemble de pays ou du monde entier ».
  • [12]
    « La politique comme l’art de gouverner les hommes vivant en société ». (Braud, 2011, p. 6).
  • [13]
    « Comptabilité politique » non pas au sens de « comptabilité publique ». Pour nous : est politique ce qui relève de l’intérêt général et de la fonction politique. Cette fonction peut être assumée non seulement par les États, mais aussi par toute organisation dont la composition et le fonctionnement garantissent a priori qu’elle œuvre pour l’intérêt général et non pour un intérêt particulier.
  • [14]
    L’ONG Global Transparency Initiative affirme, en ce sens, que le droit de « chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées » - en tant que droit humain fondamental énoncé par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme des Nations Unies (DUDH) - s’applique à la question des informations financières détenues par les entités publiques et privées.
  • [15]
    Voir les travaux des auteurs de l’ouvrage « Comptabilité, Société, Politique, Mélanges en l’honneur de Bernard Colasse », et de l’ouvrage « Comptabilité, Contrôle et Société, Mélanges en l’honneur du Professeur Alain Burlaud ».
  • [16]
    Colasse (2012, p. 3).
  • [17]
    Bonnebouche et Grenier (2004).
  • [18]
    Larousse pratique, dictionnaire du français au quotidien, Éditions Larousse, 2003.
  • [19]
    Fourastié (1948).
  • [20]
    L’article 120-1 du Plan Comptable Général 1999.
  • [21]
    Selon Chantiri-Chaudemanche et al. (2012, p. 143), c’est « un texte émis par un organisme de normalisation ayant une certaine autorité et proposant un traitement comptable sur un thème précis ». Par ailleurs, la notion de norme comptable est d’acception plus large que la notion de règle.
  • [22]
    Lassègue (1996, p. 16).
  • [23]
    Voir Richard (2005).
  • [24]
    Proudhon (1846, 159).
  • [25]
    Les chercheurs à l’origine de ce renouveau d’intérêt sont parfois étrangers au champ de la comptabilité (Argyris, Hofstede, Callon, Fligstein ou encore Granovetter).
  • [26]
    Légitimer l’action des dirigeants de l’entreprise et le bien-fondé du système du marché, en fournissant des critères d’évaluation de leur réussite et en les protégeant de la contestation. La possibilité de modifier les indicateurs qui ne rempliraient plus leur fonction est toujours offerte (référence à la gestion du résultat).
  • [27]
    La comptabilité est influencée par le social autant qu’elle l’influence en retour (Hopwood, 1983). Par conséquent, le contexte organisationnel n’est donc pas le seul contexte pertinent pour comprendre et analyser la comptabilité.
  • [28]
    Richard (2010, p. 3).
  • [29]
    Qui calculent le résultat des propriétaires privés.
  • [30]
    Qui montrent le résultat de la bureaucratie étatique.
  • [31]
    Qui montrent le résultat du collectif de l’entreprise sous la forme d’une valeur ajoutée.
  • [32]
    Les investisseurs internationaux voulant comparer avec un maximum de fiabilité les chiffres comptables publiés par les entreprises, quel que soit leur pays d’origine ou d’exercice de leurs activités.
  • [33]
    À propos de cette notion, voir Gomez et Jones (2000).
  • [34]
    Colasse (2005) a utilisé le terme de « bien collectif » défini comme « un bien que tout un chacun peut se procurer et qui peut être « consommé » simultanément par plusieurs utilisateurs ; en raison de ces caractéristiques, la production et l’échange d’un tel bien échappent aux lois du marché et doivent être par conséquent régulés ». Colasse (2005), fait aussi référence à la définition de Lévêque (2004, p. 27), pour qui « un bien est collectif quand il possède la double propriété de non-excluabilité et de nonrivalité. ».
    Burlaud (2012, p. 227) considère qu’il y a bien « rivalité entre les catégories d’utilisateurs qui ont des besoins différents, mais officiellement il n’y a pas d’exclusion possible puisque l’information est publique ».
  • [35]
    Capron et Chiapello (2005).
  • [36]
    Luthardt et Zimmermann (2009).
  • [37]
    Colasse et Pochet (2008) mettent en avant le poids certain donné aux experts et notamment aux grands cabinets d’audit.
  • [38]
    Raffournier (2011, p. 169) considère que « cette procédure permet, au moins théoriquement, de placer les groupes de pression à égalité et d’assurer une certaine transparence aux débats ».
  • [39]
    Villepelet (2009).
  • [40]
    Voir l’article de Hoarau (2010).
  • [41]
    Voir Pigé (2012).
  • [42]
    Haas (2012).
  • [43]
    Site institutionnel de l’Autorité des Normes Comptables : http://www.anc.gouv.fr/
  • [44]
    Pour un compte rendu des projets de l’ANC, voir Obert (2012).
  • [45]
    L’expression « théorie comptable » comporte plusieurs sens. On peut en effet distinguer plusieurs catégories de théories comptables (voir Colasse, 2009 ; Nikitin et Ragaigne, 2012).
  • [46]
    Le courant « critique » considère que les marchés financiers représentent le pouvoir dominant. La comptabilité est alors un instrument au service du capitalisme, construit par les dominants pour défendre leurs intérêts et conforter leur domination. Dans cette perspective, des courants de recherche alternatifs ont été proposés par Baxter et Chua (2003).
  • [47]
    Au sens large.
  • [48]
    Terme utilisé par Power (1999) et Berland et al. (2009).
  • [49]
    Bacot (2012) et Saulnier (2012).
  • [50]
    Jubé (2011).
  • [51]
    Au sens de neutralité, absence d’intention.
  • [52]
    Dans cette optique, Madelin et Peyrelevade (2012) évoquent une rigueur de gauche et une rigueur de droite.
  • [53]
    Les enjeux « politiques » des normes comptables internationales sont généralement examinés dans le sens étymologique du mot « politique ». Ce dernier « qualifie ce qui concerne le gouvernement des hommes, la chose politique » Burlaud et Colasse (2010, p. 173).
  • [54]
    Le 4 juillet 2003, dans un courrier adressé au président de la Commission européenne, Jacques Chirac s’alarmait de ce que « certaines normes comptables en cours d’adoption dans l’Union européenne risquaient de conduire à une financiarisation accrue de notre économie et à des méthodes de direction privilégiant trop le court terme ». Il s’agissait en l’occurrence déjà des normes relatives aux instruments financiers, les IAS 39 et 3 (remplacée par l’IFRS 7).
  • [55]
    15 novembre.
  • [56]
    2 avril.
  • [57]
    Burlaud et Colasse (2010) sont, à notre connaissance, les premiers à utiliser cette expression.
  • [58]
    Colasse (1987, p. 42), « la normalisation comptable, du point de vue de ses institutions et de son fonctionnement, relève davantage d’une recherche de nature sociologique ou sociopolitique que d’une recherche purement comptable ».
  • [59]
    Brasseur (2011, p. 2).
  • [60]
    Voir Richard (2012).
  • [61]
    Schoun et al., (2012).
  • [62]
    A propos de l’éthique et du management.
« J’avoue que je ne suis pas enchanté de l’idéal de vie que nous présentent ceux qui croient que l’état normal de l’homme est de lutter sans fin pour se tirer d’affaire, que cette mêlée où l’on foule aux pieds, où l’on se coudoie, où l’on s’écrase, où l’on se marche sur les talons et qui est le type de la société actuelle, soit la destinée la plus désirable pour l’humanité. »
John Stuart Mill (1848)

Introduction traite de comptabilité politique

1Les scandales comptables et financiers des années 2000 (Enron, WorldCom, Ahold, Parmalat, Xerox, Vivendi Universal, etc.) [2] ont suscité une grande inquiétude dans les milieux économiques, financiers et politiques. Aux pertes financières de milliers d’investisseurs s’ajoutent les pertes morales et sociales subies par plusieurs milliers de salariés.

2Avec la crise financière de 2008 et les plans sociaux qui se sont multipliés, la confrontation des « valeurs comptables » et des « valeurs humaines » est plus que jamais d’actualité. Ainsi, il nous semble qu’une « comptabilité nouvelle, témoin d’une nouvelle conscience » [3] ne pourrait échapper à l’exigence d’un retour de la politique [4] au sens aristotélicien [5] du terme.

3La comptabilité des entreprises contribue à façonner le fonctionnement économique et à lui donner une forme à la fois précise et historiquement changeante. Elle a un impact profondément structurant et construit l’entreprise en la faisant exister comme un « tout » appréhendable.

4En effet, la comptabilité n’est pas seulement un résultat des interactions économiques. Elle est aussi un instrument puissant de cadrage de la réalité économique, fournissant un cadre de pensée et des techniques de calcul qui permettent d’analyser financièrement différents aspects de la vie.

5Longtemps perçue en France comme une technique neutre, la comptabilité est, avant tout, une convention sociale, historiquement datée, évolutive au gré des grands mouvements économiques, plus ou moins agitée par des pressions contradictoires. Elle est destinée à produire des effets économiques et sociaux, dont le plus important est d’apporter la confiance dans les transactions.

6Le fait de l’envisager comme une « science [6] » à part entière et comme une discipline pose le problème des fondements du cadre conceptuel. Aussi bien en France que dans les pays où la comptabilité bénéficie depuis longtemps d’un statut de discipline « noble », le cadre conceptuel a généralement fait référence à la théorie économique plutôt qu’à des concepts philosophiques. Cette démarche est, en cela, fidèle à la logique globale du management dans sa filiation avec la rationalité instrumentale et la primauté des valeurs économiques. Ainsi, le fait de porter un regard sur les enjeux sociaux et humains de la comptabilité, nous amène à dépasser le cadre de l’économie telle qu’on l’entend aujourd’hui, une économie financiarisée, pour l’intégrer dans le domaine de l’économie politique [7].

7Emprunter à l’économie politique [8] pour fonder des éléments du socle conceptuel de la comptabilité, voire de la totalité de ce cadre, suppose que l’on s’intéresse franchement aux sciences humaines et sociales : la philosophie, l’histoire, la politique, la géopolitique et les relations internationales.

8Le champ philosophique distingue en effet classiquement quatre domaines : l’esthétique, la métaphysique, l’éthique et la politique, en d’autres termes : le Beau, le Vrai, le Bien, le Juste (Pesqueux et Noël, 2009). S’il est possible de puiser dans chacun de ces domaines des éléments propres à consolider le fondement conceptuel de la comptabilité, une exploration du domaine normatif sous l’angle de la science politique [9] permettrait d’appréhender certains problèmes posés par la comptabilité.

9Le « champ politique [10] » permet d’analyser la régulation [11] comptable internationale, notamment européenne, dans une optique institutionnelle. Notre analyse se réfère à des recherches menées en sciences politiques sur la question de l’évolution de la place de la puissance publique.

10Dans cette perspective, nous nous sommes interrogés sur le rôle de la politique [12] en comptabilité pour mettre l’intérêt général au cœur du processus de normalisation comptable et sur l’intérêt d’une comptabilité prenant en compte les conséquences sociales, économiques et environnementales des choix issus de cette dernière. Sans qu’elle soit pour autant une alter-comptabilité, son approche dépasse les intérêts des individus et de l’organisation pour intégrer l’intérêt général de la société. En ce sens, nous l’appellerons comptabilité politique [13], considérant que ce système normatif permettant aux différentes parties prenantes d’accéder à une information pertinente et fiable répondrait mieux à l’exigence de justice d’une société démocratique [14]. Il s’agirait donc d’une comptabilité humaniste, davantage concernée par la condition humaine, mettant ainsi la technique, cette intelligence de l’Homme, au service de l’humanité.

11En raison de la primauté des valeurs économiques dans le processus de normalisation actuel, nous nous appuyons sur le champ de l’économie politique qui se réfère à la valeur sociale, en revisitant cette conception et en l’adaptant à la comptabilité et à son droit (I). Nous démontrons que l’interdépendance de la comptabilité et des systèmes économiques fait que la comptabilité et la politique sont également imbriquées [15] (II).

1 – Comptabilité : la science, la technique et le droit

12Les travaux d’Hopwood (1974, 1976, 1983) relient la comptabilité au développement de la démocratie industrielle et des diverses restructurations que connaît la société au début des années 1970. En effet, la mise en parallèle d’une lecture de l’évolution des régimes politiques et des organisations économiques s’avère particulièrement instructive.

13Ainsi, le champ de la comptabilité s’élargit par rapport aux conceptions prévalant dans les années 1960 (Hopper et al., 2001). Ce n’est plus seulement un outil technique, c’est également un phénomène organisationnel, social et donc politique (Berland et Pezet, 2009). Ceci démontre bien que la comptabilité est une science humaine qui reflète une société.

1.1 – Les sciences comptables sont des sciences sociales

14Jean Fourastié en 1943 écrivait : « la comptabilité est généralement tenue pour une connaissance utile, mais elle a aussi une solide réputation d’arbitraire, d’ennui, d’obscurité, de pédantisme ; on ne lui reconnaît aucune place parmi les connaissances qui contribuent à la culture générale de l’homme ».

15Il semble, cependant, aujourd’hui, qu’un intérêt renouvelé pour la comptabilité en tant que pratique sociale ait refait surface. « On commence désormais à la voir sous un autre jour, peut-être plus ambiguë mais à coup sûr plus attrayante, presque fascinante, et en tout cas à découvrir et à redécouvrir » [16].

16Si on trouve dans la recherche en comptabilité les termes : « multipolaire » (Colasse, 2011b), « colonisation » (Bessire, 2010 ; Berland et Pezet, 2009), « souveraineté » (Pesqueux, 2010), « géopolitique » (Richard, 2005), « contrôle démocratique » (Bessire, 2010) et « gouvernance », c’est que la comptabilité, en tant que science sociale, n’est plus simplement une science de gestion, mais également une science politique.

17En effet, « si une science sociale détermine sa prise de vue sur le monde, il n’en reste pas moins que ses frontières avec les disciplines voisines sont malaisées à tracer dans la mesure où l’objet de son étude reste la totalité humaine, complexe et diverse. Chacune des sciences sociales organise sa propre causalité, mais rencontre vite la stérilité si elle cultive un splendide isolement. Cependant, chacun risque d’affaiblir son analyse si elle ne sait pas limiter son objet et se garder des empiétements sur d’autres domaines. » (Barre et Teulon, 1997, p. 5).

18Il convient ainsi de proposer une ou plusieurs définitions de la comptabilité, éclairée par son appartenance aux sciences sociales.

1.1.1 – Définitions de la comptabilité

19La comptabilité peut être considérée comme l’ensemble des opérations permettant, d’une part, d’enregistrer les flux réels et les flux monétaires de l’entreprise, et d’autre part, d’établir les documents qui en découlent. En ce sens, elle peut être définie comme « un système d’information qui traite de l’information exprimée en monnaie » [17]. Elle est ainsi « la technique de l’établissement des comptes. » [18] Le compte est lui-même défini comme « l’état de ce qui est dû ou reçu. ».

20La comptabilité est la science qui a pour but « l’enregistrement en unités monétaires des mouvements de valeurs économiques, en vue de faciliter la conduite des affaires financières, industrielles et commerciales. » [19]. C’est « un système d’organisation de l’information financière permettant de saisir, classer, enregistrer des données de base chiffrées et de présenter des états reflétant une image fidèle du patrimoine, de la situation financière et du résultat de l’entité à la date de clôture. » [20].

21De ce point de vue, comme nous allons le voir par la suite, le droit comptable regroupe « l’ensemble des dispositions légales et réglementaires qui conditionnent la technique comptable » : droit des documents comptables qui doivent être tenus par les entreprises, droit des comptes eux-mêmes et des principes comptables et droit de l’information comptable.

22La comptabilité dont il est question ici est celle que l’on qualifie de « générale » ou, à partir d’un terme qui témoigne de son américanisation (Colasse, 2004) et de sa nouvelle orientation, de « financière » (financial accounting), ce qui exclut déjà la comptabilité analytique, non encore saisie par le droit.

23La comptabilité « financière » est donc un langage, enrichi de son histoire, répondant à des conventions (Amblard, 2004), à des normes [21] et à des principes destinés à fournir une représentation de la situation économique et des résultats de l’entreprise. Elle « n’est pas un objet technique autonome et passif ; elle s’inscrit, elle est « encastrée » dans un contexte historique, économique et social avec lequel elle interagit et sans lequel elle n’existerait pas » (Colasse et al., 2010, p. 21).

24La comptabilité est « un instrument de pouvoir par le monopole de l’information » [22]. Elle est donc apparemment d’ordre technique et pourtant éminemment politique.

1.1.2 – La comptabilité est une science sociale

25Dès le XIXe siècle, Max Weber faisait de la comptabilité le cœur de la rationalité de l’économie capitaliste. Pour ce sociologue et économiste, la comptabilité joue un rôle essentiel dans la rationalisation constitutive du capitalisme [23] en contribuant à former notre perception de la réalité économique. De même, Karl Marx considérait la comptabilité comme le moyen central assurant le développement et la reproduction des relations sociales liées au capitalisme (Chiapello, 2007). Ainsi, la comptabilité devient un objet d’analyse fondamental pour les sciences sociales.

26En effet, il revient aux sciences sociales d’étudier non seulement les conflits sous-jacents et les contradictions qui caractérisent les nombreux problèmes comptables, mais aussi de mettre à jour les potentiels organisationnels et sociaux de la comptabilité.

27Si « le comptable […] est le véritable économiste à qui une coterie de faux littérateurs a volé son nom » [24], on oublie en effet, trop souvent que la comptabilité est également un objet d’étude central des débuts de la sociologie (Miller, 2007). La comptabilité n’est, néanmoins, pas une science exacte, mais une science de mesure, et le facteur humain y joue un rôle primordial.

28La comptabilité façonne l’économie et la société. En ce sens, les sciences comptables sont des sciences sociales. Cette évidence n’a été redécouverte [25] que depuis peu, après une longue période où son influence sociale avait été négligée.

29Il convient en conséquence de mettre en exergue l’évolution du droit comptable et la diversité de ses sources.

1.2 – Un droit comptable en pleine mutation

30Le droit comptable est une discipline relativement nouvelle, en pleine évolution, qui cependant rassemble des éléments anciens, nés des exigences de rendre compte et de garder trace des transactions, et ce, dès les premiers échanges. Puis, en raison du développement industriel et de la nécessité du crédit, il a fallu élaborer et rassembler un corps de techniques comptables. Mais, à mesure qu’une technique progresse, elle appelle, pour ordonner sa fonction sociale, des règles juridiques. C’est ainsi que s’est formé le droit comptable, en tant que discipline à part entière.

31Il convient de clarifier ce qu’est le droit comptable, pour ensuite exposer ses sources de normalisation.

1.2.1 – Le droit comptable : droit des comptes et droit des comptables

32Le droit est « un système de règles et de solutions organisant la société au nom de certaines valeurs sociales. Par exemple, le droit vise à la justice sociale ou bien encore la sécurité. » (Bocquillon et al., 2012, p. 3). C’est un dispositif normatif, un ensemble de règles sociales, qui gouverne les rapports sociaux, garanti et sanctionné par l’intervention de la puissance publique.

33Le droit comptable est la branche du droit privé qui régit les comptables et la comptabilité. A cet égard, « le rattachement au droit privé, entendu comme l’ensemble des lois gouvernant les rapports entre les citoyens est indiscutable » (Lauzainghein et al., 2004). De fait, en réglant les missions comme les responsabilités des professionnels de la comptabilité, en posant les conditions de la valeur probatoire des comptes, comme de leur diffusion au bénéfice des associés, des tiers ou des salariés, le droit comptable participe, sans conteste, du droit privé. Mais ce serait une erreur de croire au caractère exclusif de son rattachement. A l’intérieur du droit comptable, il y a de nombreuses plages de droit public. C’est le cas, par exemple, des dispositions régissant l’Ordre des Experts Comptables ou la Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes, du droit pénal comptable, ainsi que des relations qu’entretiennent le droit fiscal et le droit comptable. Néanmoins, la tonalité générale est privatiste, et la plupart des règles du droit comptable sont issues du droit civil ou du droit commercial, de sorte que certains auteurs en font l’un des rameaux du droit des entreprises.

34Aujourd’hui, il est communément admis (Colasse (2004) ; Burlaud et al. (1998) ; Lauzeinghein et al. (2004)) que le droit comptable comporte deux composantes : le droit comptable des comptes (appelé également droit de la comptabilité) et le droit comptable des comptables.

35Le droit de la comptabilité réglemente l’élaboration, l’établissement et la présentation des comptes des organisations publiques et privées. Il est « l’ensemble des normes plus ou moins coercitives qui régissent la production, la présentation et la diffusion de l’information comptable ». Le mot « norme » (standards) est privilégié à celui de « règle ». En effet, ce dernier évoque plus spécifiquement des contraintes imposées par l’État. Or les nombreuses contraintes qui pèsent sur la comptabilité n’émanent pas de l’État, et émaneront probablement de moins en moins de lui. Les normes comptables englobent donc les règles émises par l’État mais ne se limitent pas à elles seules.

36Le droit des comptables, quant à lui, s’attache à réglementer la profession comptable. Il régit le comportement de ceux qui ont des comptes à rendre (les dirigeants des entreprises en tant que responsables devant les tiers) et de ceux qui font ces comptes (les comptables au sens étroit et les experts-comptables) et enfin, de ceux qui les auditent (les commissaires aux comptes).

37Il y a des interférences évidentes entre ces deux composantes du droit comptable. Il va sans dire, par exemple, que la principale obligation générale faite aux comptables est de respecter le droit de la comptabilité (obligation connue sous l’expression de « principe de régularité »). Mais, malgré ces interférences, nous ne traiterons dans la suite de cet article que du droit de la comptabilité, notamment ses sources.

1.2.2 – Les sources nationales et internationales du droit comptable

38La comptabilité est aujourd’hui pratiquée dans des entreprises multinationales implantées sur des marchés ouverts. Il convient donc de préciser ce que l’on entend par : droit comptable français, européen ou international.

39Comme le souligne Colasse (2004), une analyse par les sources du droit comptable semble particulièrement appropriée pour mieux comprendre la naissance et l’évolution du droit comptable français.

40En effet, d’un droit pyramidal d’essence étatique, bien dans la tradition française, nous sommes passés, sous la pression conjointe des marchés financiers et de la normalisation internationale, à un droit coutumier d’origine anglo-saxonne qui procède pour l’essentiel de sources privées et qui tend à échapper au pouvoir de sanction de l’État.

41Selon Colasse (2010, p. 105), « la multiplicité de ces sources et son aplanissement font du droit comptable une sorte de droit intermédiaire, une combinaison de droit « dur » (Hard law), d’origine étatique, et de droit « mou » (Soft law), d’origine paraétatique ou privée ; ce qui ne facilite pas toujours son application et sa sanction et tend à en faire un droit « doux », peu sanctionné, « flou », qu’il faut interpréter ».

42En effet, la réglementation comptable française s’est construite progressivement, par ajout de différentes strates, ce qui a conduit à un ensemble plutôt confus et disparate. Elle se rattachait dans un premier temps à une logique de type normalisation industrielle. La principale source du droit comptable résidait en effet, depuis 1947, dans le Plan comptable général (PCG), approuvé par simple arrêté ministériel. Depuis la fin des années 1970, la réglementation comptable française s’est toutefois enrichie sous l’influence de la construction européenne. L’adoption en 1978 de la 4ème directive comptable a en effet conduit le législateur français à consacrer, pour la première fois, une loi à des dispositions comptables. Il s’agit de la loi n° 83-353, du 30 avril 1983, dite « loi comptable », qui a notamment réformé les articles 8 et suivants du Code de commerce. A partir de ce texte, le droit comptable a connu un véritable « essor législatif ». Depuis, plusieurs textes de loi ont traité, en totalité ou en partie, de problèmes de nature comptable.

43En outre, face à ce foisonnement de sources, et compte tenu des nécessités d’harmonisation internationale, une vaste réforme du processus de normalisation comptable français a été entreprise depuis 1996. Ces réformes ont entraîné de profondes mutations, analogues à celles constatées dans d’autres domaines du droit économique.

44À première vue, les relations qu’entretiennent la comptabilité et le droit sont à sens unique : le droit comptable régit la comptabilité, laquelle traduit le plus fidèlement et servilement les réalités juridiques. Cette vision tranchée fut longtemps dominante, comme en témoigne l’image célèbre de la comptabilité algèbre du droit.

45Satellite du droit, la comptabilité n’est que l’expression chiffrée du droit civil ou commercial, et le bilan n’a qu’une fonction patrimoniale. Pareil asservissement appelait « la rébellion » et certains praticiens ont parfois préconisé de libérer, au moins partiellement, la comptabilité du joug des réalités juridiques, afin de privilégier la représentation des réalités économiques.

46Ainsi, il ressort de l’examen de la comptabilité et de son droit que nous venons de développer qu’au moins deux visions principales, diamétralement opposées, de la comptabilité doivent être distinguées.

47La comptabilité peut être envisagée, d’une part, comme l’acception des normes comptables, relevant du droit, qui consistent en la production d’un jeu de chiffres sûrs, certifiés, objectifs, formant un socle commun, répondant aux différents besoins de tous les acteurs économiques. D’autre part, on peut envisager la comptabilité comme indifférente au droit, servant de langage commun sur les marchés de capitaux et donc se focalisant volontiers sur les variations de court terme et le calcul de positions instantanées, volatiles par nature, et qui intéresse surtout une catégorie d’investisseurs financiers.

48Parmi les enjeux de la coexistence de ces deux visions, auxquelles correspondent deux jeux de normes, figure la question du cadre conceptuel. Celui-ci est supposé définir les objectifs de l’information comptable et préciser à quels utilisateurs la comptabilité est destinée en premier lieu. En cela, le cadre conceptuel n’est pas neutre. Comme le souligne Miller (1990, p. 23), celui-ci n’est pas une théorie comptable intégrée, mais « un ensemble de déclarations politiques exprimées sous la forme d’une théorie comptable ».

49Or, un cadre conceptuel ne sert que lorsque la comptabilité n’est pas insérée dans le droit. Un cadre conceptuel ne serait-il pas qu’une répétition du droit susceptible d’introduire un décalage entre le droit, lequel possède une légitimité forte et indubitable, et la comptabilité ?

50Pour se prémunir contre un tel risque, Haas (2012) estime que nous n’avons pas besoin de cadre conceptuel, et qu’en revanche, des principes fondamentaux seraient utiles car ils permettraient de poser quelques définitions et garde-fous salutaires.

51Dans ces conditions, afin d’aboutir à un compromis entre ces deux visions divergentes, la politique, au sens aristotélicien du terme, a quelque chose à dire à la comptabilité, notamment envisagée sous son aspect normatif, qui permettrait de lui conférer des fonctions de discours, de représentation et d’interaction sociale.

52Cette ambition demeure avant tout liée à une question d’intérêt général à un moment où « sous l’empire de la gouvernance, la normativité perd sa dimension verticale : il ne s’agit plus de se référer à une loi qui transcende les faits, mais d’inférer la norme de la mesure des faits. » (Supiot, 2010, p. 78). Elle est l’enjeu décisif qui peut faire de la comptabilité un outil au service de l’Homme, soucieux des intérêts de l’ensemble des parties prenantes. Supiot (2010, p. 95) va plus loin et fait même appel à l’esprit de Philadelphie. « La déclaration de Philadelphie qui au sortir de la guerre avait entendu mettre l’économie et la finance au service des principes de la dignité humaine et de la justice sociale ».

53S’il faut bien mettre ou remettre le droit comptable et la normalisation au service de l’intérêt général, particulièrement dans ce contexte de crise économique, la comptabilité « doit, [néanmoins], échapper à la représentation simpliste d’un droit comptable dicté par un législateur représentant les intérêts supérieurs de la nation et mis en œuvre par des professionnels dans le plus strict respect des textes. » (Burlaud, 2012, p. 219).

2 – De la politique en comptabilité et de la comptabilité en politique

« Non seulement les chiffres gouvernent le monde mais encore montrent-ils comment il est gouverné. »
Goethe

54Notre postulat de départ est que, dans notre société, l’équilibre entre le droit et l’économie se déplace au profit de cette dernière. Nous observerons ainsi comment la comptabilité, que l’on a pu définir comme l’algèbre du droit, se transforme peu à peu pour devenir une algèbre de l’économie.

55Appréhendée comme une construction intellectuelle, la comptabilité remplit aussi une fonction de légitimation [26]. La comptabilité dont il est question est aussi celle qui reflète un système économique et une politique plus générale. Elle s’insère dans un contexte historique, technique, économique et social.

56Si le contexte organisationnel [27] est souvent l’objet de l’étude de la comptabilité, « il est possible de comprendre les évolutions des systèmes comptables en prenant en compte les influences des structures sociales, des institutions et des idéologies » (Berland et Pezet, 2009, p. 4).

57Selon Berland et Pezet (2009, p. 4) « la comptabilité reflète l’essence du capitalisme ». Les auteurs soulignent que « si les pressions sociales et politiques changent, nous pouvons nous attendre à des changements dans les formes et la philosophie des systèmes comptables. La comptabilité apparaît donc comme un point de tension entre des considérations économiques et des considérations sociales ». Elle « est un élément de mesure et de conflit entre les différentes parties de l’entreprise pour l’appropriation de la richesse produite » [28]. Richard (2010, p. 3) montre que « ces rapports de force ont évolué dans l’espace et dans le temps et ont conduit à différentes conceptions de la comptabilité ». L’auteur distingue trois grandes classes de systèmes comptables : les systèmes « capitalistes » [29], « soviétiques » [30] et « autogestionnaires » [31]. Il ne s’agit pas pour nous ici d’étudier les dimensions sociales et idéologiques qui sont impliquées dans le développement de la comptabilité. Ainsi, sans mésestimer le rôle de l’idéologie, il convient de souligner ses enjeux sociaux et politiques. Les débats actuels sur les normes comptables internationales donnent une idée de l’importance de ces enjeux.

2.1 – La comptabilité est une science politique : politique et géopolitique au cœur de la normalisation comptable

58Depuis une trentaine d’années, des courants de plus en plus forts exigent une harmonisation internationale des conventions et des systèmes comptables, mais en quelques années, on est passé de cette exigence à celle d’une véritable normalisation internationale [32].

59La normalisation comptable consiste à édicter des méthodes, des conventions [33], des règles et des principes communs qui sont censés s’imposer à toutes les entités économiques. Non seulement elle doit offrir une certaine rationalité apportant des gages de sérieux et de rigueur aux évaluations, mais elle doit fournir aussi aux auditeurs légaux (commissaires aux comptes) les bases à partir desquelles ils pourront fonder leur jugement sur la qualité de l’information comptable délivrée aux tiers.

60Autant dire que la normalisation est le pilier de tout le système comptable, en ce sens qu’elle codifie le processus de production comptable, les mécanismes de contrôle et de vérification, ainsi que les références sur lesquelles s’appuieront ensuite les utilisateurs de l’information pour prendre leurs décisions.

61Derrière les processus de normalisation comptable, il y a des agents économiques qui ont leurs propres intérêts, leurs propres subjectivités et leurs objectifs stratégiques, et qui souvent négocient pour arriver à des compromis acceptables par tous. Par conséquent, ces processus n’obéissent pas strictement à des logiques de rationalité.

62Selon Capron (2007, p. 83), « Les caractères des systèmes économiques, les traditions juridiques, la culture du monde des affaires, le niveau de développement, l’organisation et le niveau de compétence de la profession comptable, voire les systèmes de relations sociales du travail, sont les principaux facteurs qui déterminent ou influent sur la spécificité d’un système de normalisation comptable ».

63Dans cette optique, Colasse (2011b) évoque l’idée d’une « normalisation comptable multipolaire » où chaque grande zone géopolitique a ses propres normes comptables comme une alternative à un retour impossible aux normes nationales.

64Pour Colasse (2011b), l’histoire n’est pas finie et l’émergence de normes universelles d’essence anglo-américaine n’est pas chose acquise. L’auteur s’interroge sur la possibilité de voir naître un EASB (European Accounting Standards Board) à la place de l’IASB qui deviendrait le seul organisme ayant l’onction politique de l’Union européenne.

65Cependant, il est nécessaire, même dans un contexte « d’après-crise », de comprendre les comptes des entreprises partout dans le monde.

66Par ailleurs, la régulation comptable repose sur le socle bicéphale d’une légitimité tant technique que politique. En mettant l’accent sur une analyse des institutions, des acteurs privés et publics en présence, et de leur interrelation, nous examinerons cette question sous l’angle de l’articulation de l’expertise et du politique, telle qu’elle se manifeste au sein des instances de normalisation nationales et internationales (2.1.1). Ensuite, nous soulignerons l’importance de la recherche comptable dans « l’alimentation » du processus de normalisation (2.1.2). La recherche comptable, en tant que recherche publique, est perçue comme une boîte à outils pouvant favoriser la prise en compte de l’intérêt général et un gisement en mesure de faire de l’information comptable et financière un bien commun [34].

2.1.1 – Pour un contrôle social et politique des normes et une légitimité politique des régulateurs comptables

67Plusieurs travaux de recherche mettant en évidence la dimension politique en comptabilité constatent que le travail du normalisateur n’est pas simplement de résoudre un problème technique, mais de faire le choix entre plusieurs options selon des critères autres que la « représentation fidèle » de l’activité des entreprises.

68En effet, l’instrument comptable, loin d’être neutre, contribue à façonner les pratiques économiques et les rapports sociaux. Les normes comptables peuvent être un outil de domination intellectuelle, voire de domination idéologique. Elles permettent d’imposer indirectement une approche de l’entreprise ou une certaine idée de la distribution des richesses au sein de la société. Elles attirent donc l’attention des groupes d’intérêts sur des organismes normalisateurs. Ainsi, c’est le processus même de normalisation qu’il faut « capter » pour pouvoir véhiculer ses propres idées. Dans cette optique, des travaux antérieurs ont étudié les interactions entre le normalisateur et les parties affectées par ses normes. On distingue les études qui ont adopté une approche pluraliste, visant à localiser le pouvoir ou à décrire le lobbying à l’encontre des normalisateurs, de celles qui vont plus loin et qui font référence explicitement à la sociologie du pouvoir.

69Ainsi, Kwok et Sharp (2005) partent de la définition du pouvoir donné par Lukes (1977) : « le pouvoir est la capacité d’influencer les conséquences », et identifient les acteurs de la normalisation internationale, les opportunités, les contraintes et les ressources dont disposent ces acteurs. A partir de deux études de cas, les auteurs conclurent que les préparateurs des états financiers ont eu plus d’influence sur l’IASB, mais que les autres acteurs ne se sentaient pas « perdants dans l’affaire ».

70Dans le jeu de pouvoir politique et géopolitique de la comptabilité, les normes comptables qui s’appliquent désormais aux entreprises européennes sont élaborées par l’IASB, c’est-à-dire par un organisme international de droit privé. Ce dernier est composé d’experts « présumés indépendants, mais qui partagent, au sens de Foucault, la même épistémè » [35], acquis majoritairement à une vision boursière de l’entreprise et à un capitalisme de marchés financiers (Colasse, 2011c). Cela pose évidemment la question du contrôle politique et social de l’élaboration et de l’adoption des normes comptables (Merckaert, 2012). Bien que l’IASC/IASB se soit construit au cours du temps une légitimité procédurale, fondée sur sa procédure de consultation (son due process), et une légitimité substantielle fondée sur son cadre conceptuel, ces deux sources de légitimité demeurent très fragiles (Burlaud et Colasse, 2011).

71Tout en donnant l’illusion [36] que les diverses parties prenantes peuvent participer à l’élaboration des normes, dans les faits, le due process réserve cette élaboration aux parties [37] qui disposent d’importantes ressources financières et intellectuelles requises pour une participation efficace. En ce sens, cette procédure n’est pas démocratique. Elle est certes transparente, mais elle ne garantit pas une participation équilibrée de toutes les parties prenantes [38] (Le Manh-Bena, 2009).

72Pour Burlaud et Colasse (2010, p. 160), le due process est « la voie formelle et officielle du lobbying qui accompagne l’élaboration des normes comptables », or par ailleurs, « le lobbying emprunte également d’autres voies, moins visibles que celle-ci ».

73Au demeurant, ouvrir le débat sur les normes internationales et leur cadre conceptuel paraît aujourd’hui bien difficile, bien que beaucoup d’observateurs estiment que la rigidité de l’IASB va conduire à des situations de blocage. Colasse (2011a, 2011c) reproche à l’IASB de rechercher des solutions techniques à des problèmes politiques. Il en appelle donc à un retour du politique dans la normalisation comptable internationale (Burlaud et Colasse, 2010).

74Dans la mesure où la direction prise par l’internationalisation de la normalisation comptable rend presque utopique la naissance d’une organisation politique mondiale [39] s’occupant de la comptabilité, à l’instar de l’Organisation mondiale de la santé (ou du commerce), il convient probablement d’inventer de nouvelles formes de contrôle social, s’appuyant sur des contre-pouvoirs issus de la société civile et des processus délibératifs de type nouveau (Burlaud et Colasse, 2011).

75Néanmoins, avec « le degré de technicité atteint aujourd’hui par les normes comptables [et qui] constitue un redoutable handicap pour une appropriation citoyenne des enjeux de la question comptable » (Capron, 2006, p. 124), il est peut être judicieux de se tourner [40] vers les théoriciens, les chercheurs en comptabilité.

2.1.2 – La recherche comptable et les théories « politiques » de la comptabilité

76Selon Bessire (2010, p. 61) « aucune science ne peut se détacher du politique, les sciences de gestion ne font pas exception à cette règle. En intégrant la dimension politique dans notre réflexion, nous encastrons délibérément le chercheur dans la Cité. La recherche n’est pas neutre et prétendre le contraire, c’est déjà adopter en soi une certaine position politique. ». En effet, la légitimité du normalisateur et le rôle de l’État en tant que partie prenante dominante font l’objet d’un vif débat [41] au sein de la communauté académique en sciences comptables.

77Invités à mener des analyses sur les besoins réels des utilisateurs des comptes, les chercheurs en comptabilité financière sont conviés [42], notamment à travers des appels [43] à contribution de l’ANC [44], à être davantage associés aux consultations lancées par l’IASB et ainsi à participer aux débats européens et internationaux.

78Par ailleurs, il existe dans la littérature comptable plusieurs courants de recherche académique intégrant la dimension politique de la comptabilité. Ainsi, la théorie [45] « politico-contractuelle » de Watts et Zimmerman (1978) explique les choix comptables des entreprises par trois principales motivations : (1) l’intérêt des dirigeants qui peut les conduire à masquer des informations aux actionnaires ; (2) l’intérêt de l’entreprise qui peut être contraire à celui des créanciers ; (3) la volonté de diminuer les « coûts politiques », à savoir les coûts liés à des réglementations ciblées (et notamment à la fiscalité) qui peuvent toucher certains secteurs ou certaines entreprises. Notons que les deux premiers types de motivation s’inscrivent dans une vision contractuelle de l’entreprise inspirée de la théorie de l’agence.

79Ces « coûts politiques » expliquent que certaines entreprises de grande taille (la taille est souvent la variable opérationnelle utilisée pour mesurer les coûts politiques dans les études empiriques), ou réalisant d’importants bénéfices, soient tentées de mettre en œuvre des mécanismes pour diminuer leurs résultats publiés. Elles espèrent ainsi réduire leur visibilité et dissuader les « politiques » de prélever une partie de la richesse créée.

80En outre, dans le courant « critique [46] » de la recherche comptable, porté par une revue new-yorkaise d’inspiration néomarxiste (Critical Perspectives on Accounting), le cadre de référence est la théorie des parties prenantes. Cette dernière considère la comptabilité comme un outil devant répondre aux besoins de tous ses utilisateurs (État, propriétaires, marchés financiers, créanciers, salariés, analystes, etc.), et pas uniquement des actionnaires. Les normes comptables sont alors analysées comme le résultat d’un consensus entre ces différents utilisateurs.

81Cependant, cette théorie dite « des parties prenantes », beaucoup plus complexe, n’a pas l’opérationnalité normative qu’ont, au moins en apparence, la théorie de l’agence ou la théorie des marchés efficients (Burlaud et Colasse, 2010).

82À défaut d’un outillage théorique, selon Colasse (2011c), les théories « politiques » de la comptabilité expliquent les raisons qui amènent les comptables à faire de la politique.

2.2 – Le comptable [47], acteur politique (malgré lui)

83La réforme de la gouvernance publique (la « culture de résultat ») ou encore la RSE (l’audit des rapports sur le développement durable, la fixation d’objectifs de réduction des gaz à effet de serre) sont autant d’exemples qui illustrent une « colonisation [48] » de pans entiers de l’économie et de la société par la comptabilité. Berry (2005, p. 3) considère que « le politique est l’impensé du management, et le management l’impensé du politique ». Riveline (2006) souligne que la fonction du politique est de rendre possible, c’est-à-dire socialement acceptable, ce qui est nécessaire. Le nécessaire, c’est l’affaire du management, l’acceptable c’est celle du politique. Chacun a besoin de l’autre.

84L’idéal des sciences de gestion et des experts en management a longtemps été de se rapprocher du modèle des sciences physiques, en énonçant des lois universelles et des critères objectifs permettant de gouverner de façon rationnelle les entreprises. Certes, celles-ci ont toujours eu partie liée avec le politique, et s’en arrangeaient plus ou moins, mais ces ingérences étaient considérées comme des pollutions que les progrès du libéralisme économique allaient éradiquer. Dans la sphère politique, on regarde volontiers le management comme un art de moindre importance. « L’intendance suivra ! » disait le général de Gaulle. Rival et Vidal (2012) rappellent, en outre, que dans les campagnes électorales, les candidats qui s’affichent comme bons gestionnaires ne rencontrent guère d’écoute.

85Cependant, il nous semble important de souligner que, de plus en plus, les frontières se brouillent entre le monde du management et celui du politique. Ainsi, la comptabilité (notamment publique) est devenue la forme dominante du discours politique [49]. C’est une science intimement liée au champ du pouvoir qui se présente volontiers comme le plus neutre et impartial des savoirs. Peut-elle vraiment être présentée dans les habits du savoir neutre, objectif, non partisan et apolitique ? C’est la fiction de la neutralité qui doit ici être interrogée comme fondement moral de la puissance sociale et politique de la comptabilité, comme constitutif de son inconscient politique.

2.2.1 – La comptabilité n’est pas politiquement neutre

« Mais l’objectivité n’est pas la neutralité. L’effort de compréhension n’a de sens que s’il risque d’éclairer une prise de parti. Je prendrai donc parti pour finir. »
A. Camus, 1958

86Le développement de la comptabilité ces dernières années en France s’est accompagné de sa complète dépolitisation, et s’est peut-être même fondé sur cet apolitisme revendiqué.

87Cependant, la comptabilité laisse, comme tout langage, des choix d’interprétation et d’évaluation à ceux qui sont chargés de l’élaborer. Elle exige aussi des estimations, des anticipations à l’exemple des amortissements, des immobilisations, de la dépréciation des stocks ou de la constitution de provisions. De ce point de vue, la comptabilité va dépendre des intentions stratégiques de ceux qui sont chargés de l’élaborer, c’est-à-dire les dirigeants assistés de leurs spécialistes internes et de leurs conseils externes.

88Dans ce cadre, face aux limites des mécanismes de la gouvernance des entreprises et des codes de déontologie, la nécessité d’un comportement éthique responsable des dirigeants et des contrôleurs externes est plus que jamais d’actualité (Lamrani, 2012). Cette éthique est indissociable d’une certaine conscience politique et citoyenne. Ainsi, indépendamment de sa sensibilité politique, un dirigeant (au sens large : administrateurs, etc.) ferait des choix comptables soucieux ou non de l’environnement économique, social et environnemental.

89En effet, au-delà des chiffres, au-delà des normes, il y a les hommes et leurs intentions : intention d’optimisation fiscale pour le dirigeant d’une PME ou intention de séduire les investisseurs pour le dirigeant d’une grande société.

90Par ailleurs, comme nous l’avons développé précédemment, la comptabilité est « une technique, une responsabilité et un ensemble matériel de documents comptables » [50]. Elle peut être considérée comme un outil au service du politique, un système d’information au service de la prise de décision. Pour autant, cet outil n’est pas neutre [51]. Au niveau d’un État comme au niveau d’une entreprise, le système de mesure et d’information peut influencer la décision.

91La comptabilité définit ce qui est profitable et ce qui est coûteux. Elle est alors un élément constitutif de son environnement social. La comptabilité contribue à définir les finalités organisationnelles et sociales. En ce sens, elle est partisane. En effet, elle met en avant un certain nombre d’intérêts au détriment d’autres, et véhicule, malgré elle, un contenu politique. Ainsi, on peut parler [52] d’une « comptabilité de gauche » et d’une « comptabilité de droite », sans pour autant cautionner la pertinence d’une instrumentalisation de la comptabilité à des fins politiciennes. La comptabilité, et plus précisément la comptabilité internationale, doit rester un enjeu politique [53].

92Si la comptabilité est politiquement engagée, elle doit néanmoins bénéficier d’un cadre institutionnel lui permettant, non pas d’être neutre, mais d’être au service de tous, d’être enfin et surtout politique (au service de l’intérêt général).

2.2.2 – La comptabilité politique ou la nécessité de faire avancer la comptabilité

93Les questions comptables ont, en effet, trait à la création et à la répartition de la richesse au sein des sociétés contemporaines. Elles ont trait aussi à la façon dont ces sociétés, et au sein de celles-ci, les entreprises, fonctionnent et sont gouvernées. Elles concernent directement le citoyen en tant que consommateur, producteur, salarié ou investisseur. Il s’agit moins, en dépit des apparences, de questions techniques que de questions politiques. Les réponses qu’on leur donne ne sont pas neutres, elles sont souvent des solutions fragiles à des conflits d’intérêts. En ce sens, il y a un lien entre la comptabilité, entendue au sens large comme l’art de rendre des comptes, et la démocratie.

94On pourrait penser que jusqu’à la crise de 2007-2008, les politiques ne s’intéressaient pas de près aux travaux de normalisation comptable internationale. Pourtant, déjà en juillet [54] 2003, le président de la République française avait écrit à Romano Prodi, président de la Commission européenne, pour lui demander de ne pas approuver les normes internationales sur les instruments financiers, et de revoir la place de la Commission dans le processus de normalisation. Cette intervention avait semblé à l’époque particulièrement inhabituelle.

95En novembre [55] 2008 et en avril [56] 2009, les déclarations finales des membres du G20 réunis à Londres rendaient l’application globale des normes comptables internationales (IFRS) responsable en partie de la crise financière actuelle. La normalisation comptable a montré qu’elle pouvait, dans le contexte de la mondialisation économique et de la globalisation financière, être une arme redoutable.

96Dans cette perspective, tant en France qu’au niveau européen et au niveau mondial, des propositions émanant d’institutions politiques ont été faites pour réformer le processus de normalisation comptable internationale. Selon Burlaud et Colasse (2010), si ce réveil des organisations gouvernementales et intergouvernementales se confirme, il est possible que naisse une « comptabilité politique [57] », une comptabilité au service de l’action politique, encore que cette expression soit un pléonasme, car « pour qui la connaît un peu, la comptabilité est de part en part politique » (Burlaud et Colasse, 2010, p. 172).

Conclusion : les sciences comptables, sciences de gestion, sont des sciences politiques

97Avec plus de quatre mille ans d’histoire, la comptabilité est sans doute l’une des disciplines les plus anciennes. Si elle reste toujours bien vivante, c’est parce qu’elle s’est adaptée à son environnement et continue d’y jouer un rôle social indispensable. La comptabilité, si elle veut servir l’intérêt général, doit fournir des repères sûrs pour les décisions économiques. Elle n’est donc pas une pure technique, loin s’en faut. Elle véhicule une certaine vision de l’entreprise, ce qui la place au cœur des rapports économiques et sociaux entre l’entreprise et les diverses parties prenantes (Chiapello 2005). C’est en cela qu’elle est politique et c’est pour cette raison que sa normalisation exige une légitimité adéquate qui ne peut être strictement procédurale ou substantielle.

98Par ailleurs, comme nous l’avons développé, le débat concernant les fondements théoriques et idéologiques de la normalisation comptable internationale est riche d’enjeux multiples et invite l’enseignant-chercheur à se situer par rapport à eux. En effet, selon la façon dont on tranche ce débat, on donne des orientations différentes à l’enseignement et à la recherche comptables (Colasse, 2011c).

99Cette réflexion théorique, plaidoyer pour une comptabilité soucieuse de l’intérêt général, implique que l’on mobilise non seulement l’économie, mais aussi le droit, l’histoire, la sociologie et les sciences politiques. Ceci ne peut se faire que dans le cadre d’un projet interdisciplinaire permettant de mobiliser diverses disciplines, en empruntant divers cadres théoriques [58], pour questionner la légitimité du savoir comptable et le sortir d’un « assujettissement disciplinaire » [59] annonciateur de sa mort.

100L’accent, de plus en plus, mis non seulement sur le capital financier, mais aussi sur le capital naturel et humain [60] augure une salutaire transformation de la société et de l’économie par la voie de la comptabilité [61]. Ceci constitue une clé pour ouvrir de nouvelles perspectives. Dans cette voie, nous avons « à garder le cap de la rigueur scientifique et du développement des connaissances hors de tout discours normatif, hors de toutes les certitudes partagées par les collectifs concernés nous pressant de légitimer ce qu’ils voudraient poser comme un discours de vérité » (Brasseur [62], 2011, p. 1).

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Mots-clés éditeurs : normalisation comptable, sciences politiques, comptabilité

Date de mise en ligne : 02/06/2014

https://doi.org/10.3917/vse.195.0077

Notes

  • [1]
    Une première version de cet article a été présentée au colloque annuel 2012 de l’Association pour la Recherche Interdisciplinaire sur le Management des Organisations (ARIMHE) et a été acceptée au congrès annuel 2013 de l’Association Francophone de Comptabilité (AFC). L’auteur remercie les réviseurs anonymes, de ces deux manifestations et ceux de la revue VSE pour leurs remarques et conseils.
  • [2]
    Si la réponse judiciaire reste, pour chacune des affaires, essentiellement nationale, leurs causes apparaissent éventuellement imputables à la matière comptable et à son traitement, de plus en plus normalisé au plan mondial.
  • [3]
    Schoun et al., (2012).
  • [4]
    « C’est-à-dire l’art du commandement social, l’activité valorisée et valorisante dont l’unique dessein est le Bien commun ». (Dieu, 2008, p. 5).
  • [5]
    La politique représente pour Aristote la recherche des fins les plus hautes de l’homme qui, en tant qu’animal politique, ne peut accéder à son humanité véritable que dans le cadre de la cité, dont la fin n’est pas seulement de pouvoir vivre ensemble - savoir satisfaire ses besoins et s’entendre - mais surtout de bien vivre, d’avoir une vie heureuse, c’est-à-dire vertueuse.
  • [6]
    « L’idée même de science a suscité de vastes et complexes polémiques. Un accord assez général se dégage cependant pour reconnaitre à la science quatre caractères : elle est un discours portant sur le réel, contrôlable intersubjectivement, inachevé et donc révisable » (Denquin, 1992, p. 13).
  • [7]
    L’économie politique est selon l’expression d’Alfred Marshall, « une étude de l’humanité dans les affaires ordinaires de la vie » (Barre et Teulon. 1997, p. 5).
  • [8]
    « Les auteurs contemporains définissent l’économie politique comme étant : la science sociale qui étudie les comportements humains devant des moyens rares sollicités par des fins multiples » (Jacquemin et al., 2001, p. 3).
  • [9]
    Au sens de « champ social d’intérêts collectifs contradictoires ou d’aspirations collectives antagonistes que régule un pouvoir détenteur de coercition légitime » (Braud, 2011, p. 7).
  • [10]
    Concept défini, en référence aux travaux de Bourdieu, par Frankel et Hojberg (2007, p. 8), comme des « systèmes de relations structurés par des rapports de force entre des acteurs politiques et des institutions ».
  • [11]
    Par régulation comptable, nous entendons, à l’instar de Colasse (2005, p. 28), « le processus de production, de mise en œuvre et de contrôle de l’application des normes comptables ; ce processus peut se développer dans des espaces géopolitiques plus ou moins étendus et plus ou moins organisés, à l’échelle d’un pays, d’un ensemble de pays ou du monde entier ».
  • [12]
    « La politique comme l’art de gouverner les hommes vivant en société ». (Braud, 2011, p. 6).
  • [13]
    « Comptabilité politique » non pas au sens de « comptabilité publique ». Pour nous : est politique ce qui relève de l’intérêt général et de la fonction politique. Cette fonction peut être assumée non seulement par les États, mais aussi par toute organisation dont la composition et le fonctionnement garantissent a priori qu’elle œuvre pour l’intérêt général et non pour un intérêt particulier.
  • [14]
    L’ONG Global Transparency Initiative affirme, en ce sens, que le droit de « chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées » - en tant que droit humain fondamental énoncé par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme des Nations Unies (DUDH) - s’applique à la question des informations financières détenues par les entités publiques et privées.
  • [15]
    Voir les travaux des auteurs de l’ouvrage « Comptabilité, Société, Politique, Mélanges en l’honneur de Bernard Colasse », et de l’ouvrage « Comptabilité, Contrôle et Société, Mélanges en l’honneur du Professeur Alain Burlaud ».
  • [16]
    Colasse (2012, p. 3).
  • [17]
    Bonnebouche et Grenier (2004).
  • [18]
    Larousse pratique, dictionnaire du français au quotidien, Éditions Larousse, 2003.
  • [19]
    Fourastié (1948).
  • [20]
    L’article 120-1 du Plan Comptable Général 1999.
  • [21]
    Selon Chantiri-Chaudemanche et al. (2012, p. 143), c’est « un texte émis par un organisme de normalisation ayant une certaine autorité et proposant un traitement comptable sur un thème précis ». Par ailleurs, la notion de norme comptable est d’acception plus large que la notion de règle.
  • [22]
    Lassègue (1996, p. 16).
  • [23]
    Voir Richard (2005).
  • [24]
    Proudhon (1846, 159).
  • [25]
    Les chercheurs à l’origine de ce renouveau d’intérêt sont parfois étrangers au champ de la comptabilité (Argyris, Hofstede, Callon, Fligstein ou encore Granovetter).
  • [26]
    Légitimer l’action des dirigeants de l’entreprise et le bien-fondé du système du marché, en fournissant des critères d’évaluation de leur réussite et en les protégeant de la contestation. La possibilité de modifier les indicateurs qui ne rempliraient plus leur fonction est toujours offerte (référence à la gestion du résultat).
  • [27]
    La comptabilité est influencée par le social autant qu’elle l’influence en retour (Hopwood, 1983). Par conséquent, le contexte organisationnel n’est donc pas le seul contexte pertinent pour comprendre et analyser la comptabilité.
  • [28]
    Richard (2010, p. 3).
  • [29]
    Qui calculent le résultat des propriétaires privés.
  • [30]
    Qui montrent le résultat de la bureaucratie étatique.
  • [31]
    Qui montrent le résultat du collectif de l’entreprise sous la forme d’une valeur ajoutée.
  • [32]
    Les investisseurs internationaux voulant comparer avec un maximum de fiabilité les chiffres comptables publiés par les entreprises, quel que soit leur pays d’origine ou d’exercice de leurs activités.
  • [33]
    À propos de cette notion, voir Gomez et Jones (2000).
  • [34]
    Colasse (2005) a utilisé le terme de « bien collectif » défini comme « un bien que tout un chacun peut se procurer et qui peut être « consommé » simultanément par plusieurs utilisateurs ; en raison de ces caractéristiques, la production et l’échange d’un tel bien échappent aux lois du marché et doivent être par conséquent régulés ». Colasse (2005), fait aussi référence à la définition de Lévêque (2004, p. 27), pour qui « un bien est collectif quand il possède la double propriété de non-excluabilité et de nonrivalité. ».
    Burlaud (2012, p. 227) considère qu’il y a bien « rivalité entre les catégories d’utilisateurs qui ont des besoins différents, mais officiellement il n’y a pas d’exclusion possible puisque l’information est publique ».
  • [35]
    Capron et Chiapello (2005).
  • [36]
    Luthardt et Zimmermann (2009).
  • [37]
    Colasse et Pochet (2008) mettent en avant le poids certain donné aux experts et notamment aux grands cabinets d’audit.
  • [38]
    Raffournier (2011, p. 169) considère que « cette procédure permet, au moins théoriquement, de placer les groupes de pression à égalité et d’assurer une certaine transparence aux débats ».
  • [39]
    Villepelet (2009).
  • [40]
    Voir l’article de Hoarau (2010).
  • [41]
    Voir Pigé (2012).
  • [42]
    Haas (2012).
  • [43]
    Site institutionnel de l’Autorité des Normes Comptables : http://www.anc.gouv.fr/
  • [44]
    Pour un compte rendu des projets de l’ANC, voir Obert (2012).
  • [45]
    L’expression « théorie comptable » comporte plusieurs sens. On peut en effet distinguer plusieurs catégories de théories comptables (voir Colasse, 2009 ; Nikitin et Ragaigne, 2012).
  • [46]
    Le courant « critique » considère que les marchés financiers représentent le pouvoir dominant. La comptabilité est alors un instrument au service du capitalisme, construit par les dominants pour défendre leurs intérêts et conforter leur domination. Dans cette perspective, des courants de recherche alternatifs ont été proposés par Baxter et Chua (2003).
  • [47]
    Au sens large.
  • [48]
    Terme utilisé par Power (1999) et Berland et al. (2009).
  • [49]
    Bacot (2012) et Saulnier (2012).
  • [50]
    Jubé (2011).
  • [51]
    Au sens de neutralité, absence d’intention.
  • [52]
    Dans cette optique, Madelin et Peyrelevade (2012) évoquent une rigueur de gauche et une rigueur de droite.
  • [53]
    Les enjeux « politiques » des normes comptables internationales sont généralement examinés dans le sens étymologique du mot « politique ». Ce dernier « qualifie ce qui concerne le gouvernement des hommes, la chose politique » Burlaud et Colasse (2010, p. 173).
  • [54]
    Le 4 juillet 2003, dans un courrier adressé au président de la Commission européenne, Jacques Chirac s’alarmait de ce que « certaines normes comptables en cours d’adoption dans l’Union européenne risquaient de conduire à une financiarisation accrue de notre économie et à des méthodes de direction privilégiant trop le court terme ». Il s’agissait en l’occurrence déjà des normes relatives aux instruments financiers, les IAS 39 et 3 (remplacée par l’IFRS 7).
  • [55]
    15 novembre.
  • [56]
    2 avril.
  • [57]
    Burlaud et Colasse (2010) sont, à notre connaissance, les premiers à utiliser cette expression.
  • [58]
    Colasse (1987, p. 42), « la normalisation comptable, du point de vue de ses institutions et de son fonctionnement, relève davantage d’une recherche de nature sociologique ou sociopolitique que d’une recherche purement comptable ».
  • [59]
    Brasseur (2011, p. 2).
  • [60]
    Voir Richard (2012).
  • [61]
    Schoun et al., (2012).
  • [62]
    A propos de l’éthique et du management.

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