Couverture de VSE_190

Article de revue

Notes de lecture

Pages 136 à 141

1 – Daniel BRETONÈS, Professeur à l’ESCEM

LA FRANCE DOIT CHOISIR, Jean-Louis BEFFA, Edition Seuil, 2012, 283 pages

1Jean-Louis Beffa est le président d’honneur de la compagnie Saint-Gobain et coprésident du Centre Cournot pour la recherche en économie. L’auteur traite de la mondialisation et il décrit les deux modèles économiques dominants : le libéral-financier (Etats-Unis, Royaume-Uni) et le commercial-industriel (Allemagne, Brésil, Chine, Corée, Japon). Les problématiques de croissance de chômage et de compétitivité sont donc abordées tout comme la place des marchés financiers et leur influence sur l’ensemble des économies. L’arbitrage entre ces deux modèles s’effectuerait en fonction de trois facteurs : le système d’innovation, le type de relations sociales et le rôle dévolu aux actionnaires. Les deux premiers seraient moins importants que le troisième au sein de l’Union européenne jusqu’à maintenant. Dans la perspective libérale-financière centrée sur l’actionnaire, l’entreprise devient un nœud de contrats, sans dimension sociale ou nationale. Le modèle commercial-industriel fait de l’entreprise une institution et permet de résoudre la contradiction actuelle entre la logique actionnariale et l’intérêt national. Cette contradiction serait en grande partie responsable de la désindustrialisation française. Cette vision qui refuse la toute-puissance de l’actionnaire, restaure le rôle fondamental du Conseil d’administration. Ce dernier est le centre du fonctionnement du modèle commercial-industriel. La question fondamentale en Europe concerne le choix de modèle économique des trois pays que sont le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France. Le Royaume-Uni relève du modèle libéral financier et l’Allemagne est un pays commercial-industriel. La France a rompu avec le modèle commercial-industriel des Trente Glorieuses pour se tourner vers le modèle libéral-financier dans les années 1980 qui ne correspond pas à son identité. Pour l’auteur une des voies de solution à la crise actuelle consiste à ce que la France et l’Allemagne puissent faire émerger un modèle commercial-industriel à l’échelle de l’Europe.

MANAGEMENT DES ORGANISATIONS ET RESPONSABILITE SOCIALE DE L’ENTREPRISE. Etude de cas, Jean-Jacques Pluchart et Odile Uzan, Edition Eska, 2012, 267 pages

2Les problématiques soulevées par l’application des lois, des règlements et des normes sociales, sociétales et environnementales, ont fait l’objet de nombreux codes déontologiques, guides professionnels et recherches scientifiques, mais d’un nombre encore limité d’études de cas pratiques. L’ouvrage collectif - principalement rédigé par des enseignants-chercheurs du laboratoire Prism de la Sorbonne - vient répondre à l’attente des responsables d’organisations engagées dans un processus de responsabilisation de leurs activités. Il analyse - à partir de l’analyse de treize exemples approfondis, concrets et vivants - les stratégies et les projets mis en œuvre par les groupes industriels et financiers internationaux. La méthode de l’étude de cas se révèle la plus appropriée pour illustrer les multiples dimensions (économique, environnementale, sociale ou sociétale) de la RSE, pour analyser ses différents niveaux (gouvernance, organisation, exploitation, culture), pour identifier ses divers leviers (« croissance soutenable », « éco-innovation », « éco-production », « marketing vert », « GRH équitable », « finance durable », « reporting sociétal », « communication responsable »...), pour en détecter les « bonnes » et dénoncer les « mauvaises » pratiques. Par le caractère inductif et itératif de ses démarches, l’étude de cas s’avère donc être la méthode la plus appropriée à l’intelligibilité des relations entre l’entreprise et la société.

MANAGEMENT 2.0. Performance économique et capital humain ! Daniel Ollivier. Afnor éditions, 2012, 204 pages

3Après avoir décrit les mutations de l’entreprise sous l’effet de la mondialisation, des mutations technologiques et culturelles l’auteur, directeur associé de Théra Conseil, souligne l’importance du métissage culturel. L’arrivée dans les entreprises de la génération Y et la cohabitation de cette dernière avec les baby-boomers et la génération X constitue la pierre d’achoppement d’un nouveau contrat social. La redéfinition du rôle de dirigeant et du leadership nous est détaillée tout comme son impact sur l’exercice du pouvoir. Les pratiques du management 2.0 sont enracinées dans une approche transparente de la gouvernance, l’éthique appliquée aux pratiques managériales mises en œuvre, le développement de l’intelligence collective et l’innovation. L’innovation est la clé de voute de la performance et celle-ci est optimale lorsqu’elle devient une responsabilité partagée qui n’est pas réservée à des experts. Le capital humain doit être mobilisé en faisant appel à tous les talents.

PARIS XIII : HISTOIRE D’UNE UNIVERSITE EN BANLIEUE (1970-2010), Sous la direction de J. Girault, J.-C. Lescure et L. Vadelorge, Préface de J.-L. Salzmann, Paris, Berg International Editeurs, 2012, 303 pages

4Université née en 1970 de la transformation de l’Université de Paris en treize unités, l’Université Paris13 s’est penchée, en 2010 et 2011, sur ses quarante années d’existence. A cette occasion ont été réunis des témoignages et des études inédites permettant de saisir comment s’est forgée l’identité de cette université, installée sur les sites de Villetaneuse, Saint-Denis, Bobigny et Argenteuil.

5Pensée à l’origine comme une simple extension de la Faculté des sciences, l’Université de Paris 13 a été dès sa phase de préfiguration confrontée à des attentes contradictoires. Ni université technologique comme Compiègne, ni simple université des sciences et techniques en intégrant plusieurs IUT et une Faculté de médecine. En dépit d’un projet ambitieux de ville universitaire, le campus principal de Villetaneuse ne bénéficie pas des équipements et des infrastructures prévues à la fin des années 1960.

6Ce livre retrace l’histoire passionnante d’un établissement très divers, riche d’une communauté d’étudiants, de chercheurs, d’enseignants et de personnels administratifs motivés. Autant d’approches et de regards qui font la richesse de cette communauté plurielle. On trouvera dans ce livre les éléments clés d’une histoire qui n’avait jamais été écrite.

2 – Jean-Jacques Pluchart, Professeur à l’université PARIS I Panthéon Sorbonne

UTILITARISME ET POSITIVISME, UNE ANALYSE CRITIQUE, Jacques Blanchet, L’Harmattan, 2012, 130 pages

7L’auteur retrace l’histoire de la théorie utilitariste, qui fonde depuis trois siècles les économies classique et néo-classique. Selon les utilitaristes, les comportements individuels des acteurs économiques sont guidés par leurs seuls intérêts. Ils contribuent à équilibrer et à optimiser les échanges lorsque le marché est en situation de concurrence pure et parfaite. Les économistes modernes et post-modernes substituent à cet ordre « mécaniste et naturel » hérité du « Siècle des Lumières », le « nouvel ordre spontané » contemporain, qui couvre « des volontés privées plus ou moins antagonistes, encadrées par des volontés publiques ». L’auteur montre que la recherche économique s’efforce de comprendre - à l’aide de nouvelles théories (des jeux, institutionnaliste, interactionniste, conventionnaliste…)-comment se construisent et se déconstruisent les équilibres économiques, comment se réconcilient la micro et la macro-économie, comment s’articulent la rationalité individuelle et la rationalité collective, comment s’établit la relation entre efficience et rationalité dans un contexte de conflit d’intérêts et de différenciation des acteurs. L’auteur traite cette vaste problématique en conjuguant à la fois esprit de synthèse, culture scientifique et élégance du style.

GOUVERNANCE ET ETHIQUE DES AFFAIRES, Daniel Corfmat, Marc Chambault, Georges Nurdin L’Harmattan, 2012, 64 pages

8Les auteurs présentent les réflexions et les propositions de l’Association des Dirigeants et Administrateurs d’Entreprises (ADAE) en matière de gouvernance et d’éthique des affaires. Après avoir retracé la généalogie des deux concepts, ils analysent les risques encourus par les entreprises dont la gouvernance n’est pas suffisamment éthique et justifient ainsi la nécessité d’instaurer des systèmes efficients d’audit et de contrôle interne. Ils formulent huit recommandations destinées à concilier gouvernance et éthique : se doter d’un code déontologique respectant les principales normes du développement durable, en contrôler l’application, identifier les risques liés à la non-responsabilité sociale et environnementale, donner du sens à l’action collective, mettre en place des administrateurs indépendants et des comités financiers au sein des conseils d’administration… L’ouvrage présente en conclusion quatre témoignages de dirigeants d’entreprises aux comportements plus ou moins éthiques.

SI L’ARGENT M’ETAIT CONTE, Jean-Philippe Bidault, Ed. du Palio, 2012, 205 pages

9Le dernier livre de Jean-Philippe Bidault (ancien élève de l’école Normale Supérieure et diplômé de l’Institut de Haute Finance) est original à plus d’un titre, puisqu’il ne se présente ni comme un traité d’économie monétaire, ni comme un ouvrage historique, ni comme un roman, mais plutôt comme un reportage à travers les âges, du Ve siècle av. J.-C. jusqu’à… l’an 2024. L’auteur dresse en effet « une galerie de tableaux et de fresques » qui illustrent les comportements des hommes face à l’argent. Le lecteur est ainsi conduit à rencontrer Périclès, le sieur de Malestroit, les frères Bodin, Newton, Vidocq, Montesquieu, le pape Pie IX, les fondateurs de la Réserve fédérale américaine, Keynes, Poincaré et Churchill, les prix Nobel Hayek et Myrdal… Derrière ces portraits hétéroclites, brossés avec vivacité et humour, transparaissent les traits « d’aventuriers de la monnaie », qui, bien que placés dans des contextes différents, déploient toute leur ingéniosité pour percer ses secrets et pour en capter la puissance.

RISQUES EXTREMES ET ALLOCATIONS D’ACTIFS, Olivier Le Courtois et Christian Walter, Economica, 2012, 358 pages

10Les auteurs retracent l’évolution, depuis Leibniz et Newton, des modèles mathématiques permettant de mesurer les risques et d’optimiser la gestion de portefeuille d’actifs financiers. L’originalité de leur démarche réside notamment dans leur recherche d’un meilleur cadrage du temps social des marchés boursiers et d’une meilleure compréhension des phénomènes extrêmes, rapides et imprévisibles, qualifiés de « sauts » par les mathématiciens et de « crises » par les économistes. Ils contribuent à renforcer les critiques - récurrentes depuis la crise financière de 2008 – à l’encontre du principe de continuité des fluctuations de cours. Ce principe est toujours appliqué en finance, bien qu’il ait été dépassé en sciences physiques et en génétique et malgré les critiques de Mandelbrot (concepteur des « fractales »). Ce principe est appliqué dans le modèle canonique de Gauss associé au mouvement brownien, et dans la célèbre formule de Black, Scholes et Merton, qui permet de valoriser les options dans toutes les salles de marché. Les auteurs rapprochent les lois des valeurs extrêmes et les maxima des processus de Levy. Ils testent l’application au marché financier des processus de Levy (dans leur version moderne), en recalculant notamment la Valeur-en-Risque par des transformées de Fourier. Leurs propositions contribuent à une meilleure application des normes prudentielles des conventions de Bâle 3, de Solvabilité 2 et de l’UCITS 4, désormais applicables par les établissements financiers. L’originalité de ces propositions consiste à gérer les risques extrêmes en extrapolant les grandes discontinuités à partir des plus petites. Les résultats des recherches restituées dans l’ouvrage ont fait l’objet d’une présentation dans les plus grandes conférences mondiales de finance.

REPENSER L’ECONOMIE, François Geerolf, Gabriel Zucman La Découverte, 2012, 198 pages

11L’ouvrage collectif présente les derniers travaux de recherche et les réflexions des lauréats des prix des vingt meilleurs jeunes économistes de France. Yann Algan fait appel à la confiance pour relancer la croissance. Bruno Amable analyse les facteurs politiques et systémiques de la crise actuelle, tandis que David Thesmar en effectue l’autopsie. Pierre Cahuc propose de nouveaux instruments de lutte contre le chômage et Esther Duflo de lutte contre la pauvreté. Xavier Gabaix s’efforce de comprendre les événements extrêmes. Pierre-Olivier Gourinchas jette les bases d’un nouveau système monétaire international. Pierre-Cyrille Hautcœur retrace l’histoire des crises économiques. Elyes Jouini s’interroge sur la déconnexion de l’économie réelle et de l’économie financière. Philippe Martin distingue les différentes formes de mondialisation et Thierry Mayer, les différentes politiques régionales. Thomas Philippon montre comment maîtriser la finance tandis que Thomas Piketty et Emmanuel Saez indiquent comment penser désormais la fiscalité. Enfin, Etienne Wasmer se demande comment évaluer les politiques publiques de la recherche. Autant de questionnements partagés par le consommateur-citoyen du XXIe siècle.


Date de mise en ligne : 28/06/2012.

https://doi.org/10.3917/vse.190.0136

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