La scène et l’industrie du disque jamaïcaines, des années 1950 jusqu’à nos jours, ont une manière bien particulière d’aborder les notions de composition, d’œuvre originale et de propriété. Prolongeant une tradition où la performance live implique l’utilisation de disques (et influence en retour leur production), la relative autonomie, dans ce système, des riddims et des parties vocales [voicings] remet en cause les idées habituelles sur ce qui constitue l’identité d’une chanson. Cette autonomie pose aussi la question de la façon dont le droit international en matière de copyright peut s’appliquer là où des décennies de pratique musicale vont de pair avec l’idée que le matériau musical fait partie du domaine public. Avec la propagation de la « méthode du riddim » dans les aires d’immigration jamaïcaine, l’esthétique propre au reggae a pu toucher hors de Jamaïque d’autres publics et d’autres artistes – comme le montrent des genres voisins comme le hip-hop, le reggaeton, le drum‘n’bass ou encore le bhangra. L’article conjugue ainsi récit historique, données ethnographiques et analyse musicologique en vue de montrer comment le système jamaïcain constitue une manière à la fois unique et de plus en en plus influente d’aborder la création musicale à l’ère numérique.
- reprise / pastiche / parodie
- performance / mise en scène
- esthétique
- échantillonnage / sampling / Djing
- analyse musicale
- adaptation / appropriation / emprunt
- phonographie / transphonographie
- création collective / interaction
- droits d’auteur / de propriété / copyright
- numérique
- création / créativité
- sound system
- pratiques
The Riddim Method: Aesthetics, Practice, and Ownership in Jamaican Dancehall
The Jamaican system of recording and performance, from the 1950s to the present, constitutes a distinctive approach to notions of composition, originality and ownership. Emerging from a tradition of live performance practice mediated by (and informing) sound recordings, the relative autonomy of riddims and voicings in the Jamaican system challenges conventional ideas about the integrity of a song and the degree to which international copyright law applies to local conceptions, as enshrined in decades of practice, of musical materials as public domain. With the spread of the ‘riddim method’ to the sites of Jamaican mass migration, as evidenced by similar approaches in hip hop, reggaeton, drum‘n’bass and bhangra, reggae’s aesthetic system has found adherents among artists and audiences outside of Jamaica. This paper maps out, through historical description, ethnographic data, and musical analysis, the Jamaican system as a unique and increasingly influential approach to music-making in the digital age.
- cover version / pastiche / parody
- sampling / Djing
- performance / staging
- aesthetics
- analysis (musical)
- adaptation / appropriation / borrowing
- phonography / transphonography
- collective creation / interaction
- copyright / author / property rights
- digitality
- creation / creativity
- sound system
- practices
Mots-clés éditeurs : analyse musicale, création / créativité, sound system, numérique, pratiques, création collective / interaction, reprise / pastiche / parodie, droits d’auteur / de propriété / copyright, performance / mise en scène, phonographie / transphonographie, esthétique, échantillonnage / sampling / Djing, adaptation / appropriation / emprunt
Mise en ligne 20/04/2017
https://doi.org/10.4000/volume.5288