Des personnages vont et viennent dans des espaces naturels : prés, champs, forêts, montagnes, déserts, océans... Seuls, à deux, en groupes, ils passent et repassent, arpentent les paysages, font à la fois partie intégrante des lieux tout en s’affichant comme des corps étrangers mus par un irrépressible mouvement. Ils cherchent quelque chose ou quelqu’un, se cherchent eux-mêmes, mutuellement ou respectivement. De l’observation de ces déplacements, de ces personnages, de ces lieux, on peut tirer une interrogation : pour prendre un exemple, dans Dharma Guns (2011), est-ce une seule et même force qui agit sur Stan (Guy McKnight) et Délie (Elvire), qui fait vaciller les herbes sous la pluie et dans le vent, qui propulse l’océan par rafales de vagues contre les rochers ? Est-ce une même énergie qui anime les cimes des arbres et les destins humains ?
On constate un double mouvement de repli : sur les plans de nature, sur les origines du cinéma. L’usage abondant des ouvertures et fermetures de plan à l’iris, qui renvoie à un trait familier du cinéma muet, construit un regard qui semble chaque fois découvrir le monde comme pour la première (ou la dernière) fois, empreint d’un émerveillement intact, mais aussi d’une profonde mélancolie. Découverte du monde tous sens en éveil, en alerte. Et presque aussitôt, la sensation que ce même monde échappe, que l’on ne peut que le regarder disparaître : révéler pour mieux effacer.
Comme le dit lui-même le cinéaste à propos de son court métrag…