Longtemps, j’ai eu l’idée de devenir écrivain et acteur... Quand j’ai découvert Artaud, ce fut une révélation ! Au moment de l’adolescence, je me suis mis à écrire de façon presque quantitative, stakhanoviste. En même temps, je faisais des sortes de performances, il fallait qu’il y ait des blessures et que ça saigne ! J’avais besoin de trouver une troisième dimension. La poésie c’est un peu claustrophobe, c’est un petit milieu. On a l’impression qu’il n’y a que les poètes qui lisent de la poésie. Si cela se trouve, bientôt, il n’y aura que les cinéastes qui iront voir les films, en tout cas un certain type de films.
Je n’étais pas vraiment musicien, même si trois groupes, très différents, m’ont beaucoup marqué au début des seventies : les Stooges, le Velvet et Roxy Music. En 1975 et 1977, j’ai publié deux petits livres et édité la revue Cée qui a compté sept numéros. C’était une sorte de traversée du champ contemporain, entre poésie, Rock’n’roll et cinéma puisque ça finissait par un texte intitulé « Vidéoscripts et chant tribal pour exhumer les revenants de l’apocalypse électrique ». Le punk est advenu à cette époque. Au départ, la musique était vraiment un prétexte pour faire scission et créer des situations insurrectionnelles.
J’étais très hanté par les années 1920 et les avant-gardes futuristes, dadaïstes ou vorticistes. Toute la génération punk de 1976 était hantée par Dada, par son esthétique et son graphisme. On pouvait imaginer qu’un mouvement de table rase adviendrait et qu’il y aurait des écrivains, des peintres et des cinéastes punks… Le mouvement punk est un peu le dernier mouvement d’avant-garde puisque le propre des avant-gardes est de s’autodissoudre…