En général, l’idiot fascine parce que, l’air de rien, il opère comme un révélateur. Ce caractère pourtant peu enviable gagne ses lettres de noblesse en se doublant de métaphysique et d’angélisme. Paradoxalement, on retient de l’idiotie qu’elle donne à penser. Le prince Mychkine de Dostoïevski sert le plus souvent de figure phare à une théorie de l’idiotie à double détente : aussi simplet soit-il, l’idiot observe sans sourciller et, dans son œil stupide, quelque chose d’intelligent nous parvient à son insu.
À côté de cette noble famille qui définit le plus souvent l’idiotie, se distinguent d’autres traits qui ramènent à la franche débilité et dont le premier degré affiché est tout aussi fascinant. Ces idiots-là, pas glorieux et pas sortables, les cancres de l’idiotie, n’ont pas d’arrière-fond et leurs défaillances ne sont en aucun cas des vertus. On trouve en littérature et au cinéma des représentants de cette famille qui recentre l’idiotie sur la bêtise, sans révélation mystique ni second degré ironique ou potache (car à trop vouloir faire l’idiot on vire au petit futé). Leur langage, leurs gestes et leurs apparitions dessinent les contours d’une idiotie frontale et sans profondeur.
Un homme tout en muscles pavoise dans les arbres, un bandage sur le front. Une femme restée au sol, légèrement vêtue, s’inquiète de sa blessure. Elle lui crie de prendre garde à sa tête (« head »).
L’homme : « Head ? »
La femme : « Yes, head : what is under your hair. »
Dan…