Nous avons rencontré Boris Charmatz en pleine préparation de La Danseuse malade, chorégraphie avec Jeanne Balibar à partir des écrits de Tatsumi Hijikata, présentée au Festival d’automne.Comment êtes-vous venu à Hijikata ?
Il y a sûrement plusieurs réponses. Quand j’étais tout petit, j’ai vu au Festival d’Avignon deux danseurs japonais nus dans des flaques d’eau noire. Un jour, quand j’avais neuf ans, j’ai aussi vu un corps se traîner sur un trottoir dans une photo de Guy Delahaye. J’ai également un intérêt général pour l’histoire de l’art et les écrits d’artistes.
Le Centre national de la danse a publié par exemple l’autobiographie de Valeska Gert, une artiste du début du siècle, danseuse de cabaret, qui ne fait que des phrases de trois mots. Ce n’est peut-être pas de la grande littérature comme celle d’Hijikata mais ce style complètement haché et rapide restitue une époque et une ambiance. Un jour elle est à Berlin et l’autre elle monte un cabaret en plaques de tôle sur la côte est des États-Unis. On la sent dans le siècle…
En ce qui concerne Hijikata, Isabelle Launay, historienne de la danse avec qui j’ai fait un livre appelé Entretenir, a plus ou moins « volé » des épreuves de traductions à Patrick de Vos et les a posées sur ma table. J’ai trouvé ces textes incroyables, géniaux, et j’ai pensé que j’avais quelque chose à faire avec, avant tout pour les faire connaître.Pourquoi ce titre, La Danseuse malade ?
Il s’agit du titre du gros œuvre littéraire d’Hijikata…