Les étirements du cou d’Hélène Fillières en disent long sur son personnage. Ligne médiane du corps de l’actrice, ses épaules constituent le pivot autour duquel les deux pôles de Marilyne – timidité et assurance – s’échangent. D’un champ-contrechamp, la tête haute, altière et noble, se dégage, se substitue avec solennité à la réserve d’une tête rentrée dans les épaules, sur ses gardes. À peine dégagée, elle s’infléchit encore, revient sur soi. Deux postures principales, ostentation et rétention ; voûtée puis envoûtante, elle alterne les gestes pudiques et l’égarement inconsidéré, l’aisance déroutante, enchaîne les coups de tête : l’élan incontrôlable vers Boris (Mathieu Amalric), les avions ratés, le départ irréfléchi pour Cuba... Marilyne sait s’imposer au premier plan sans s’engager nettement dans l’image. L’amorce floue de son épaule, de son visage parfois, témoigne, à la lisière du cadre, d’un corps vacillant, sur le fil. Ses regards fuyants sont le signe d’une tension vers l’Ailleurs. Des trouées laissent passer son regard, celui de l’Autre : la fermeture Éclair de sa robe, l’ouverture de la tente, les portes entrebâillées. Regard hors champ lorsqu’elle parle aux autres, elle pointe la webcam vers Boris, le cherche des yeux. Timides approches indirectes, messages laissés sur répondeur et, lorsque les liens se défont, un texto égaré sur le lit se déroule – Cuba via Ibiza. Marilyne ne regarde droit dans les yeux qu’elle-même, face au miroir, elle tend la main, l’air faussement décidé : « …