1Ce numéro est une charnière entre ce qu’il est désormais convenu d’appeler la saison 1 et la saison 2. Le manifeste d’ouverture de la saison 2 viendra en son temps. Nous voulons ici proposer au lecteur un guide de lecture et expliciter le parti pris de ce numéro de transition. D’abord, ce numéro de transition, nous voulions le consacrer… aux transitions. Mais nous n’avons pas souhaité aborder la question des transitions sous l’angle de « que faut-il faire pour être à la hauteur des défis du futur ? ». Les débats sont infinis : décarboner, comment ? Désatomiser, comment ? Moins consommer ? Sûrement. Sans parler de la renaturation, du recyclage, de l’agriculture de proximité, des modes constructifs et de la ville compacte, etc. Toutes orientations qui deviennent des points de passage obligés de l’architecture et de l’urbanisme d’aujourd’hui. Non. Nous choisissons de nous inscrire précisément dans ce temps de la transition et d’en tirer profit.
2Alors, nous avons pensé pouvoir aborder le thème des « transitions » sous l’angle biographique. Celui des récits de vie, des parcours professionnels, intellectuels et personnels. Le pari que nous faisons est que le récit de vie peut être aussi convaincant que le plaidoyer, la démonstration impeccable ou la prophétie. Le fait est que, chacun, nous avons connu, dans nos carrières professionnelles et intellectuelles, des moments de doute, d’incertitude et de bifurcation. Ces moments ont été déterminés par des rencontres, des événements, des expériences professionnelles ou encore des réflexions personnelles. Ils arrivent à chacun, à n’importe quel moment. Ils peuvent déterminer des orientations, des changements de cap brutaux ou bien graduels. Il ne s’agit pas simplement de carrières professionnelles ou universitaires, mais de la vie de chacun et des décisions qu’il ou elle prend, de son plein gré ou sans y penser sur le moment, et qui orientent durablement son itinéraire ultérieur.
3Bref : notre hypothèse est que nous sommes tous, tout le temps, en transition. Ici surgit la grande question : la somme des expériences individuelles peut-elle valoir conscience et action collectives ? Quel est le travail qui permet de construire du collectif à partir de ces expériences individuelles de transition ? Disons simplement que, pour l’instant, tous convaincus que nous sommes de la dégradation que nous faisons subir à nos milieux de vie, nous réservons notre réponse. Nous nous proposons d’explorer ces questions dans la saison 2 de Tous urbains.
4Le Comité de rédaction