Sur le trajet vers Olympic Park, la voiture électrique se faufile dans les rues étroites et tortueuses. Elle traverse les collages qui font la beauté de Londres - toujours en ton brique, beige et marron. Les églises rescapées du boom économique côtoient les tours de verre qui sortent à grande vitesse ; plus de 100 grues chatouillent le ciel de la City. La voiture accélère en silence accentuant la perte de repère déjà provoquée par la structure organique de la ville et la constante répétition des typologies de logements « semi-détached ». Bienvenue dans le xxie siècle – tout va vite, sans aucun bruit.
La voiture aborde Stratford et Olympic Park puis, après Hackney Wick, cotoie Newham – une des communes les plus pauvres d’Angleterre il y a quelques années : revenu médian bas, peu de connexions aux transports, lourde pollution des sols. Un des derniers bastions industriel du Grand Londres, la mutation amorcée dans les années 1990 avec le Stratfod City Project est longtemps resté vaine car peu attractive pour les investisseurs. Il y régnait une ambiance de fin de ville à la fois étrange et agréable ; de jolis bâtiments industriels, des hangars en aluminium brossé patinés par le temps, de vastes terrains vagues, lieux d’exploration des relégués de la ville globale qui rayonne pourtant à quelques mètres de là. Un tissu de Pme et de Pmi, d’artistes peu farouches et d’une bohème londonienne venus profiter de grands logements et d’ateliers pour des loyers modiques.
La candidature de Londres aux JO de 2008 accélère le destin du quartier…