L’identité territoriale est à la mode. Des régions aux communes en passant par les métropoles, aucune échelle n’est épargnée. Elle déborde même les clivages idéologiques les plus marqués. Faut-il en déduire, comme dans les sciences sociales, que « si l’identité est partout alors elle n’est nulle part » ? Certes la notion apporte peu en matière de compréhension des territoires, mais ses conséquences pratiques pourraient se révéler pernicieuses.
Les collectivités locales et leur aréopage d’experts sont friands d’une identité territoriale qu’ils brandissent tel un remède miracle dans le processus d’urbanisation généralisée et de globalisation des échanges. Les territoires les plus métropolisés en font un levier de compétitivité pour se positionner dans la concurrence internationale. On joue du registre identitaire dans les plans marketing pour tenter de se distinguer et de tirer son épingle du jeu du marché mondial. Les grands gestes architecturaux hors sol, pourtant marqueurs emblématiques de la mondialisation la plus effrénée, sont même et non sans paradoxe érigés en totems magistraux de cette identité. Ailleurs, l’identité paraît en première ligne des approches localistes radicales ainsi que des discours néoconservateurs : toujours distinctive, elle sert alors indifféremment des stratégies de repli, de fermeture, de mise à distance du monde et des étrangers, de recherche d’entre-soi et d’homogénéisation culturelle. Le même mot profite ainsi à des visions et des figures très différentes, marché mondia…
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