En 2004, je fis l’expérience de la « non-ville », ou encore du village artificiel où flâner dans la rue ne se fait pas en toute liberté. Alors que j’étais à Disneyland Paris, un collègue historien-géographe et moi-même décidions de nous échapper du parc d’attractions pour visiter et comprendre l’émergence d’une sorte de « ville nouvelle » : le Val d’Europe. Après avoir traversé un quartier entièrement neuf dont les rues finissaient dans les champs de blé et où l’horizon était barré par des grues ou des panneaux de promotion immobilière, nous arrivâmes devant un portail en fer forgé qui s’ouvrait devant nous, à 9 h 30 du matin. Un imposant vigile ouvrait les portes de ce qui nous semblait être une rue dans un village ou du moins dans une petite ville. Dans ce contexte urbain de déambulation sans autre mobile que de découvrir les lieux, nous souhaitions, obsession du géographe, comprendre l’espace dans lequel des humains habitent.
Nous arrivâmes dans une large rue très propre où les derniers balayeurs enlevaient un hypothétique détritus. Les façades étaient uniformes, quelques lanternes du xixe siècle rythmaient la rue rectiligne. Nous n’avions pas encore repéré la caméra blanche cylindrique de la vidéosurveillance qui nous observait attentivement puisque nous étions à cette heure incongrue pour le magasinage les seuls visiteurs. Les stores brise-soleil portant indication des différentes marques de vêtements étaient repliés, et à la perpendiculaire des façades pendaient au même format les enseignes des grandes marques commerciales…
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