La présente contribution s’appuie sur un travail de doctorat mené par un enseignant dédié à un public scolaire particulier : les enfants du voyage. Elle vise à interroger l’homogénéité et la dimension culturelle de la catégorie institutionnelle désignant cette population à partir d’une enquête de terrain de sociologie de l’éducation. La recherche est située dans un département ayant mené une politique volontariste de scolarisation pendant plus de dix ans et ayant mis en place des dispositifs spécifiques. Après une reprise de la catégorisation des circulaires du ministère de l’Éducation nationale, nous identifierons quelques éléments significatifs du contexte local en articulation avec le cadrage national. Enfin, les questions de scolarisation, scolarité et apprentissage nous permettront d’organiser en plusieurs groupes la description du rapport à l’école des enfants du voyage.
Le ministère de l’Éducation nationale a publié trois circulaires depuis 1970 au sujet des élèves itinérants. La façon de nommer cette population scolaire a évolué. La première traite des « enfants de familles sans domicile fixe », qualifiés également « enfants de voyageurs », et issus de « groupes de voyageurs » ou de « familles itinérantes ». La deuxième circulaire, en 2002, désigne dans son titre les « enfants du voyage et de familles non sédentaires ». Une distinction nouvelle est faite entre les « Gens du voyage » dont le nomadisme s’inscrirait jusque dans l’expression utilisée pour les désigner et d’autres familles « itinérantes pour raisons professionnelles »…